mercredi 29 juin 2016

577 La fin du mauvais rêve d'« Europe »

Le 23 juin dernier un vote populaire en Grande-Bretagne a acté le départ de ce pays du panier de crabes européen. Quelle signification, quelle cause, quelle explication a cet événement qui initie l'amélioration que sera le démantèlement du système administratif autodestructeur « européen » ?

Ce qui a conforté la construction du musée des horreurs « européen » c'est la peur de la guerre... Très loin d'être le soi-disant « antidote » à la guerre comme on le présentait, la machine dévastatrice basée à Bruxelles est une conséquence de la guerre. Tout vaut mieux que la guerre ! Tel est d'abord et avant tout ce qui a causé l'acceptation de ce machin mauvais. Avec un plus expliquant la ferveur allemande pour cette « Europe » : « vous n'avez pas honte d'être Allemand, avec ce que vous avez fait ? » Et l'accusé allemand de répondre : « je ne suis plus Allemand, mais Européen ! »

Seulement le temps à passé. Soixante-et-onze ans depuis la fin de la guerre en 1945... Et les acteurs, témoins, victimes survivantes ont vieilli... Et la plupart sont morts. La guerre à présent ne fait plus peur comme elle fit peur aux générations qui l'ont connues et subies. Qui se sentaient proches de ce qui se passait en Russie, en Chine, aux États-Unis, car là-bas aussi se décidait leur sort.

La Russie, la Chine, les États-Unis sont à nouveau très loin. Les Allemands ne font plus du tout peur aux Français.

Certains politiques cherchent à réchauffer les plats, ressortir et réactiver les peurs anciennes. Rien n'y fait. Ça ne marche plus. Le public, les lecteurs des journaux, les électeurs disent en masses : « on est ici, on vit ici, et pas ailleurs. Ce qui se passe ailleurs est ailleurs. On veut être bien ici, on veut se sentir à l'aise et confortable dans nos meubles, notre maison, notre quartier, notre région, notre pays... »

Alors les charlatans de la politique de toutes les « couleurs » politiques poussent une grande clameur hurlante : « comment ça ? Et l'Europe ? » Et ils s'entendent répondre : « on s'en fout de l'Europe. D'abord nos meubles, notre maison, notre quartier, notre ville, notre région, notre pays. Là où on est. Où on vit. Vos histoires d'Europe c'est de la politique. Ça vous intéresse ? Nous pas. »

« Mais vous voulez néanmoins rester européen ? » questionnent les politiques affolés. « On va améliorer l'Europe, la faire meilleure, plus juste, plus sociale, pas seulement financière... vous verrez. Vous la voulez, de cette Europe améliorée ? Vous la voulez toujours l'Europe ? »

Et la réponse tombe : « Non ». Comme en Grande-Bretagne : NON. Car les personnes interrogées n'ont plus peur de la guerre, qu'elles n'ont pas connues. N'ont plus peur des Allemands. Ne pensent plus que la Russie, la Chine, les États-Unis sont si proches que ça, mais sont plutôt très loin.

« Mais, font les politiques, dans notre monde globalisé, mondialisé, face à la Chine, l'Inde, les États-Unis, il faut être unis pour être forts, faire face, être efficace... »

La réponse générale du public, des lecteurs des journaux, des électeurs arrive : « on vit chez nous, on veut être bien chez nous, arrêtez de nous ennuyer avec vos discours politiques. ». Alors les politiques s'énervent et invectivent la foule qui ne les suit plus parce qu'elle n'a plus peur de la guerre en Europe : « vous êtes des vieux ! Des nationalistes ! Des souverainistes ! Des populistes ! » Et la foule ne réagit pas, et continue à dire : « on est chez nous, on vit chez nous, on veut être bien chez nous, vos trucs compliqués, bizarres, calamiteux, administratifs et ennuyeux... ça ne fonctionne plus. On va tout laisser et continuer comme avant ce machin que vous appelez Europe. »

Basile, philosophe naïf, Paris le 29 juin 2016

lundi 27 juin 2016

576 La réforme des grands mères et des jolies filles

Tout à l'heure je parlais avec un homme en grandes difficultés matérielles. Il m'a dit notamment : « la misère morale, c'est important » et : « il faut rester solidaires ». Pour ce qui me concerne je ne dispose pas de finances me permettant d'aider des personnes dans le besoin. Et je n'ai pas envie de faire de la politique. Dans la mesure où c'est une activité généralement conflictuelle. Et qu'on se fait très fréquemment rouler et manipuler quand on en fait par idéal. Reste que je crois qu'on peut se rendre utile en agissant dans le domaine des idées. Quand je vois le décalage existant entre la violence régnante dans les mœurs et la bonne volonté potentielle de beaucoup, je me dis que ce qui s'avère nécessaire, c'est de parvenir à une réforme générale et en douceur des mœurs.

Quels sont ceux qui souffrent en premier des mœurs tels qu'ils sont aujourd'hui et depuis la nuit des temps ? Les femmes et singulièrement aujourd'hui dans notre société française et parisienne les grands mères et les jolies filles. Passé le sevrage tactile vers l'âge de quatre ans, la demande relationnelle de toucher et de contacts tend à resurgir avec force à l'époque où les humains deviennent aptes à la reproduction. C'est alors que les filles qui sont jolies sont particulièrement malmenées. Elles sont traitées comme de la « viande à baiser ». Ce qui va durer durant des années. Jusqu'au jour où arrivées à la vieillesse elles seront littéralement mises au rebut. Après le printemps et l'été et aussi l'automne où elles seront maltraitées, viendra l'hiver de la vieillesse où plus personne ne les touchera exceptés leurs petits enfants, si elles en ont, et leur compagnon à quatre pattes : chien ou chat. Maltraitées puis abandonnées, tel est le sort des jolies filles...

Une réforme des mœurs intéresse donc en premier les grands mères et les jolies filles. Détacher la tendresse des soi disant impératifs sexuels permettra de commencer à réformer. Certes, les hommes souffrent également de la situation générale. Mais, persuadés qu'ils sont « dominateurs » ils croient pour la plupart être privilégiés par la situation et hésitent à vouloir la changer. C'est aux femmes d'abord de faire le premier pas dans ce sens. Ouvrir un débat, agir et changer.

J'ai déjà traité de diverses manières la possibilité existante de refuser le petit théâtre stupide régissant les relations homme-femme. Sans interdire à ceux et celles qui s'en accommodent de s'en accommoder, commencer à développer d'autres relations. Cela concerne singulièrement le toucher.

Il ne s'agit pas de faire une révolution brutale, mais d'occuper en douceur des zones relationnelles négligées et abandonnées depuis très longtemps. Laissons la confusion régnante régir les zones épidermiques baptisées « sexuelles » ou « érogènes », occupons-nous du reste.

Le haut du dos, les bras, la tête et les jambes au dessous des genoux sont libres de toutes connotations sexuelles. Occupons-nous de les caresser dans le cadre de protocoles excluant toutes dérives. Éclairage suffisant, pas de nudité, pas de tête-à-tête et donc présence d'au moins un tiers de confiance. Ce que j'ai déjà nommé par ailleurs : « caresses chaperonnées ».

Le développement de telles activités sensuelles et dépourvues d'ambiguïtés et à établir en connaissance de causes. En sachant ce qu'on veut, où on veut aller et où on va. Laissons les « réformateurs du sexe » à leurs divagations et obsessions ! Si ça les amuse, qu'ils fassent entre adultes consentants ce qu'ils ont envie et qu'ils nous laissent en paix ! Libre à eux de baptiser « amour libre » ce qui n'est qu'une très classique orgie et croire inventer des mœurs nouvelles... alors que les Romains de la décadence ont déjà il y a très longtemps tout inventé et pratiqué.

Il ne s'agit pas de tromper l'ennui et le vide spirituel en bafouant des interdits. Il s'agit de promouvoir de nouvelles relations riches et respectant chacun.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 juin 2016

575 Semblant de référendum à propos de Notre-Dame-des-Landes

En apparence, suite à l'opposition locale à la création de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et en réponse à cette opposition un référendum a été convoqué. A y regarder de plus près, il s'agit de tout autre chose. Tout d'abord c'est juste un vote consultatif rigoureusement dépourvu de toute valeur exécutoire et juridique...

Ensuite, voyons les adversaires en présence : les irréductibles zadistes attachés à la défense du territoire dévolu à l'aéroport projeté et occupant celui-ci, y vivant, cultivant et protestant. Face à eux l'entreprise Vinci, des politiques avec le premier ministre en personne qui a déclaré se charger du dossier.

Quelles déclarations préliminaires à la consultation ont fait les parties en présence ?

Sur le site Internet des zadistes un texte adopté par eux et leurs soutiens dès le 2 avril 2016 indique que quel que soit le résultat de la consultation ils ne changeront pas leurs positions : http://zad.nadir.org/spip.php?article3747

Cinq jours avant la consultation, Manuel Valls déclare que quel que soit le résultat obtenu, les zadistes occupants le terrain devront s'en aller.

En résumé, de part et d'autre le message délivré est clair : « peu importe le résultat, si c'est oui ou si c'est non, on campe sur nos positions ! »

Dans ces conditions, à quoi sert la consultation ? C'est juste une opération de communication des partisans de la réalisation de l'aéroport qui, ô gloire ! Ô déesse de la Démocratie ! Ont fait voter dans un vote sans valeur juridique... les habitants du département de Loire-Inférieure... appelé depuis le 9 mars 1957 Loire-Atlantique...

Le seul vote effectif restant l'envoi de la force publique avec les risques possibles entrainés, étant donné le précédant sanglant du barrage de Sivens.

Pour ma part, je suis pour l'abandon du projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Mais pourquoi tant d'acharnement pour vouloir couler encore un tas de béton sur des zones verdoyantes et humides ? J'ai une anecdote pour l'expliquer.

C'était en 1986. Je découvrais le toucher à travers un stage d'un weekend de massages. Le soir du samedi, alors que tous les stagiaires campaient sur place, l'un d'entre nous pour des raisons personnelles s'en allait dormir chez lui. Vint le moment où il nous quittait. Il s'est alors passé un de ces micro-événements de grande signification qui m'a frappé. Il apparut évident à tous qu'il serait parfaitement incongru de se quitter en se serrant la main. Il était d'évidence qu'on ne pouvait se séparer, alors qu'on ne se connaissait qu'à peine, qu'en se faisant au minimum la bise. La journée de massages échangés avait modifié notre comportement relationnel, le rendant nettement plus doux, tactile et chaleureux. Quelle est la vie de ceux qui gèrent le projet de l'aéroport dans le sens de l'affrontement ? Ne sont-ils pas largement déficitaires en câlins ? L'absence de ceux-ci ne serait-il pas l'explication de l'agressivité qu'ils développent contre leurs adversaires ? Quand on voit de plus qu'en cas d'affrontements ce sont majoritairement des hommes et non des femmes qui veulent en découdre, n'est-ce pas là l'expression que ces affrontements ont pour source des problèmes d'instinct contrarié ? Il s'agirait plus ici du droit à la caresse que du droit ou pas de faire un aéroport.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 juin 2016

574 Le plaisir peut faire bander

Je suis tombé hier sur un site de crétins organisés. Ils sont obsédés par la masturbation et la pornographie. Pour eux, refuser ces deux choses est un combat qui les transfigurerait littéralement. Et ils écrivent comment ils rejettent avec horreur « l'érection du matin ». C'est-à-dire le fait de se réveiller la queue raide ! Ces pauvres imbéciles paraissent ignorer que la Nature fait bander durant le sommeil... Ce qui fait qu'il arrive qu'on se réveille le zizi en fanfare ! Ce qui n'a en fait rien de « sexuel » au sens de lié au coït. Loin de connaître ces informations élémentaires, voilà nos héros qui prônent en réaction à ce fait physiologique classique et anodin les douches froides, la musculation, les pompes... Un vrai programme digne des obsessions de l'Inquisition. Et ces crétins ne se réclament d'aucune tradition religieuse. Ils croient bien faire ou font semblant de croire bien faire au nom d'un nouveau credo pseudo scientifique. A les observer on dirait qu'on a à faire à une secte.

Ces idiots ignorent encore autre chose : le plaisir peut faire bander. Ce qui ne signifie nullement que le coït ou un succédané masturbatoire soit à l'ordre du jour. Et pour finir, pourquoi ces abrutis rejettent-ils masturbation et pornographie ? Pour promouvoir le harcèlement sexuel des femmes ! Grâce à leurs renonciations, ils peuvent à les lire enfin oser aborder les nanas et espérer réussir à « conclure » !

A lire un tel tissu d'âneries énoncé avec solennité et références pseudo scientifiques à l'appui, on se dit que oui vraiment, seule sur Terre la bêtise humaine peut nous donner une idée de l'infini. Certes, la masturbation chez les adultes est une absurdité consumériste accompagnant et renforçant frustrations et fantasmes. La pornographie est une saloperie commerciale émanant d'une société méprisant les humains. On peut avec profit y renoncer. Mais de là à prétendre faire de ce renoncement la justification de l'inconduite de la plupart des mâles humains à l'égard des femelles humaines, il y a un pas à franchir. Et à franchir dans une direction mauvaise et rétrograde.

Le comportement humain est généré par la contradiction entre l'instinct originel et le vécu dans la société humaine perturbée et dénaturée par l'histoire et la culture de l'Humanité. Chacun cherche à se tirer au mieux de cette contradiction. Mais on peut se tromper et avoir du mal.

Je pense à un exemple. Voilà une dame retraitée plutôt sympathique et pacifique. Pourtant elle va subitement témoigner d'une grande méchanceté à l'égard d'un homme de son entourage, et ça sans raison et de manière venimeuse. Quelle raison se trouve à l'origine de cette façon de faire ? Cette dame est veuve, elle vit seule. Dans notre société française et parisienne ça signifie aucun câlins. Elle en voudra à l'homme qu'elle cherche à tourmenter ainsi simplement parce que son instinct la travaillera. Car cet homme ne lui fera aucun câlin dans le cadre des relations qu'elle a avec lui.

En apparence on dira : « il y a conflit ». « Cette dame est méchante ». En réalité on a à faire à un problème entre l'instinct bafoué, insatisfait, et le vécu social qui crée cette insatisfaction. Derrière quantité de conflits se profilent en fait des problèmes liés à l'instinct malmené. En politique on rencontre des humains énergiques et totalement coincés dans leur rôle et frustrés dans leurs plaisirs. Ils sont en manque de câlins et dans l'impossibilité complète de parvenir à ceux-ci. Alors, ils se vengent en prenant des mesures qui tourmentent une grande masse de gens. Ainsi, par exemple, on pourra voir un homme d'état faire réprimer sauvagement une manifestation populaire. La raison invoquée sera d'emblée la défense de tel ou tel groupe ou individu. En fait ce sera le manque de caresses dont souffre ce dirigeant. Mais ce manque est si général que ce sera difficile la plupart du temps de parvenir à l'identifier. Les observateurs critiques manquant eux-mêmes de caresses et ce manque les rendant également agressifs.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 juin 2016

573 A propos d'une communauté américaine

En cherchant sur Internet j'ai découvert une communauté américaine dont j'ignorais l'existence. Officiellement, elle se présente comme adversaire de la masturbation et de la pornographie. La réalité est plus complexe que ça.

La masturbation est un geste anodin et inoffensif. Le problème n'est pas la masturbation par elle-même, mais les fantasmes et frustrations que les adultes, essentiellement de sexe masculin, véhiculent avec et soulignent avec. Et cette communauté condamne la masturbation manuelle pour prôner la masturbation intra-vaginale ! Se branler avec la main ce serait mal selon elle. Se branler dans un vagin serait juste et parfait. A fortiori on peut imaginer que la masturbation intra-anale ou intra-buccale trouvera également un accueil positif chez la communauté en question.

Le vraie problème est de renoncer effectivement aux fantasmes et frustrations accompagnés par diverses masturbations et à la théâtralisation des fantasmes et frustrations réalisée par la pornographie.

Le rapport sexuel, s'il est effectivement et réciproquement désiré et réalisable dans de bonnes conditions est en principe bienvenu. S'il consiste en une masturbation vaginale, anale ou – et – buccal, il est à rejeter. L'être humain ne saurait être résumé à de la viande à baiser. Quand bien-même elle serait consentante.

La question posée n'est pas : « pour ou contre la sexualité ? » mais : « en quoi consiste-t-elle et à quel moment est-elle authentique et bienvenue ou non. »

La sexualité n'est ni un produit commercial ni un produit de consommation ni un justificatif social. Quand elle n'a pas lieu d'être elle est à éviter absolument car elle nuit alors gravement aux relations humaines et à l'équilibre individuel. Ce refus doit se faire en douceur, comme on refuse un plat dont on ne veut pas. C'est une simple question de bon sens et d'amour de la vie.

J'ai longtemps cherché à faire « comme tout le monde » dans le domaine sexuel et suivre le troupeau. J'ai finalement compris que cette position que je suivais sans l'avoir analysé était stupide et erronée. Il vaut mieux se sentir seul dans la vérité que suivre d'autres dans l'erreur.

Les livres, revues, émissions de télévision et sites Internet qui prônent des erreurs à la mode dans le domaine sexuel sont innombrables. Leurs propos ne présentent aucun intérêt, sauf si on s'intéresse à la riche histoire de la bêtise et du conformisme humain qui l'accompagne très souvent.

Le vrai désir sexuel est plutôt peu fréquent. Ce qui est en revanche un besoin permanent c'est celui de l'amour et de la tendresse. Ces éléments sont le plus souvent contrariés par une sexualité hypertrophiée qui prétend les dominer. Quand on renonce à cette sexualité hypertrophiée on ne renonce pas à « la sexualité », mais à l'erreur à propos de la sexualité.

Quantité de personnes s'imaginent qu'elles doivent négocier des rapports sexuels institutionnels dans le cadre d'une relation dite « de couple ». Prétendre institutionnaliser la sexualité est une erreur. Cette ambition conduit tôt ou tard le « couple » concerné à la ruine et la séparation.

L'amour est plus grand que la sexualité. Celle-ci doit être ramenée à sa juste place. On doit rendre à l'amour et la tendresse les larges espaces que la sexualité hypertrophiée a depuis bien trop longtemps confisqués et rendu inaccessibles.

Basile, philosophe naïf, Paris le 27 juin 2016

dimanche 26 juin 2016

572 La peur des pigeons ou des chiens, des araignées, des humains

J'ai rencontré une jeune fille que terrorisent les pigeons. Cette peur la submerge quand elle observe un de ces inoffensifs volatiles. Elle est comme paralysée et n'arrive pas à avancer, les yeux fixés sur l'animal. Elle voudrait bien se débarrasser de cette peur. Renseignements pris, elle n'est pas la seule a souffrir de ce trouble. Mais d'où peut-il bien provenir ? Quand un homme a peur, par exemple, des chiens, on dit : « il a certainement été mordu dans son enfance par un chien ! » Pourtant, parmi ceux qui souffrent d'une telle peur on trouve des personnes qui ont beau se creuser la tête, fouiller au maximum leur mémoire, questionner leur entourage. Il ne semble absolument pas qu'ils ont été mordus par un chien au cours de leur enfance. Alors, quelle est la cause de cette appréhension ?

Il y a des personnes qui ont peur des araignées. Certes, une grosse araignée qui peut faire mal... Mais on voit des personnes adultes pétrifiées d'horreur à la vue d'araignées minuscules et totalement inoffensives pour elles.

Pigeons, chiens, araignées... Le bouquet est qu'on voit des humains avoir peur... des humains ! Sans pour autant en avoir apparemment spécialement souffert. Quand on effleure involontairement un inconnu ou une inconnue dans le métro parisien, on s'empresse de s'excuser. Le contact fait peur.

Là se trouve la clé des frayeurs absurdes énumérées au début de ce texte. L'être humain nait avec son instinct intact. Il va être contrarié par le conditionnement reçu avec l'éducation. Mais, au fond de lui-même l'instinct sera toujours présent et « à la manœuvre ». Or, que demandera cet instinct : « des câlins, des caresses, des contacts épidermiques... » et l'éducation répondra : « pas question ! C'est sexuel, réservé au coït et ses abords ! »

Alors, l'être humain sera épouvantablement frustré mais n'en aura pas une claire conscience. Cette frustration créera un trouble qui se manifestera dans des conditions rappelant le manque terrible et non reconnu. Que fait un petit enfant qui aperçoit un chien ? Il se précipite pour le caresser. Son pelage est doux. Quel contact offre un pigeon ? Un contact très doux également. Une petite araignée qui court sur votre bras... vous chatouille comme une caresse. Un contact furtif avec un inconnu ou une inconnue frôlé involontairement dans le métro parisien rappelle aussi toutes les caresses, tous les câlins refusés, interdits, prohibés par notre culture et notre éducation.

Ce continent de câlins ignoré est comme une pression générale. Et comme elle vous étreint, vous malmène, ne vous offre pas de porte de sortie, elle peut se traduire par des peurs de ce qui rappelle ce qui vous manque.

Le doux pelage du chien, la douceur du pigeon, la douceur des pattes de la minuscule araignée courant sur votre bras, l'effleurage d'un inconnu ou une inconnue... vous plongent dans l'horreur du vide, du manque de câlins. Sans comprendre la raison on pourra se retrouver terrorisé par un chien, un pigeon, une araignée, un inconnu ou une inconnue involontairement approché de très près.

Le déséquilibre causé par l'absence quasi totale de caresses et câlins chez les humains conduit à des troubles innombrables et multiples. Que dire par exemple du trouble consistant à vouloir se faire remarquer ? Il se décline de multiples façons, des plus anodines au plus graves.

Et le trouble consistant à chercher dans les drogues, l'alcool, les tranquillisants, la satisfaction impossible d'un besoin vital de câlins ? Il y aurait infiniment de choses à dire à propos du manque de câlins. Mais, bien plus encore, il est absolument nécessaire de trouver des solutions pour sortir de cet impasse la Civilisation humaine.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 juin 2016

571 Un monstre était végétarien

Un monstre était végétarien. Donc, tous les végétariens sont des monstres. Ou tout au moins influencés, manipulés par ce monstre... Bien sûr, c'est une blague. Si quelqu'un dit ou pense ou fait quelque chose comme vous, ça ne signifie nullement que vous partagez forcément tous ses autres choix de vie. Pourtant, c'est ainsi qu'une large partie des médias traitent la sortie de l'Union Européenne adoptée par les électeurs britanniques lors du référendum du 23 juin 2016.

L'extrême droite est pour cette sortie. Donc, tous ceux et celles qui en ont marre de se faire malmener par l'Union Européenne sont d'extrême droite ou manipulés par elle. Et, pour conforter ce discours, une place d'honneur est donnée dans les médias aux déclarations de leaders de partis d'extrême droite se réjouissant du résultat du référendum. Comme il y a environ 60 % des électeurs français qui voteraient la sortie de l'Union Européenne si on les consultait, ce qu'on évitera bien sûr de faire, en suivant cette logique 60 % des électeurs seraient alors... d'extrême droite ?

Le 14 juin 2016, soit 9 jours avant le référendum en Grande-Bretagne, la Suisse a officiellement retiré sa candidature à l'Union Européenne, qu'elle avait déposé il y a 23 ans, en 1992. Qui en a parlé dans les médias ? Silence assourdissant qui montre bien qu'ils n'ont pas pour rôle d'informer mais de conduire ou manipuler l'opinion.

Il y a 56 000 fonctionnaires européens qui sont pour une large part des hauts fonctionnaires et qui sont tous... pour le maintien de l'Union Européenne. Comme c'est étrange ! Il y a aussi les 751 députés européens qui touchent environ 12 000 euros par mois et qui sont pour le maintien de l'Union Européenne. Ce choix est bien sûr tout à fait indépendant de quelque intérêt matériel qui soit. Ce sont de purs idéalistes.

Il paraît que suite au référendum britannique il faudrait approfondir l'Union. Bien sûr ! Nous avons aujourd'hui une voiture européenne sans freins et munis de pneus lisses. Pour l'améliorer, il faut augmenter la puissance du moteur !

Tirez-vous les premiers, Messieurs les Anglais... Bravo ! A qui à présent le tour de prendre la suite ?

C'est paraît-il « un saut dans l'inconnu » que quitter l'Union Européenne... C'est certain, avoir un avenir c'est effectivement un saut dans l'inconnu. Le futur sans avenir dans l'Union Européenne est lui largement connu.

Mais qu'est-ce que je raconte ? L'Union, c'est le futur radieux et l'adoption de l'euro est définitive. D'ici quinze cent milliards d'années la Terre et le Soleil auront explosés, mais il en subsistera deux choses dans l'espace intersidéral : Dieu et l'euro. L'homme ce chétif être a réussi en 2002 a créer une chose éternelle... l'euro. Mais, là je m'interroge : d'ici quinze cent milliards d'années où se trouvera la Banque Centrale Européenne si la Terre et le Soleil n'existeront plus ?

Pour s'assurer qu'elle perdure à cette date, je propose de faire adopter un nouveau traité européen.

Approfondissons, approfondissons et veillons au salut de l'Empire ! Pardon ! Je voulais dire : de l'Union !

L'Union c'est la force ! Unionnons-nous ! Unissons la chèvre et le chou, le chat et la souris, l'eau et le feu, la bêtise et l'intelligence, le cru et le cuit, bref : n''importe quoi, mais que ce soit ensemble ! Pourquoi ensemble ? Parce qu'ensemble c'est mieux ! Pourquoi? On n'en sait rien.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 juin 2016

samedi 25 juin 2016

570 Sources de l'irrationalité chez les humains

Chez les humains, à la base de tout leur comportement se trouve l'instinct originel, intact à la naissance. Le nouveau né humain est un parfait petit singe sauvage qui va ensuite être dénaturé par toutes sortes d'influences et de contraintes d'origine historiques et à caractère culturel. Cependant, bien que gravement contrarié, cet instinct perturbé sera toujours là. Et sa contrariété se traduira par des troubles de comportements brillants par leur irrationalité.

Le manque prodigieux de câlins et contacts physiques en général entre adultes, leur confiscation au bénéfice exclusif d'une sexualité utilitariste pour la reproduction, machiste et consumériste va générer un sentiment de crainte diffuse qui cherchera une justification. C'est ainsi que des peurs terrorisantes vont se développer chez nombre d'individus. Sans motifs visibles ou avec des motifs insuffisants, on verra des humains paniquer face à des problèmes les plus divers, à caractère réel ou non. Des humains pourront être terrorisés par exemple par : les autres en général. J'ai vu dans les années 1970 des dames parisiennes âgées et valides qui ne sortaient plus jamais de chez elles et vivaient littéralement barricadées derrière leur porte. La peur pourra être, très classiquement, celle du sexe opposé. Ou ça pourra être la peur de la sexualité, ou de l'absence de sexualité. La peur des gens différents ou d'être différent des autres. Nombreux sont les humains qui connaissent une terreur extraordinaire de la nudité, même partielle. Un jeune homme voisin qui était sorti brièvement sur son palier torse nu et que j'avais ainsi aperçu incidemment en paraissait bouleversé. Alors que la nudité du torse masculin n'est pas officiellement catégorisé en France comme indécente, à la différence du torse des femmes. Des humains auront horreur des câlins et du contact physique en général. Ils pourront aussi avoir une peur absurde d'une personne précise : parent, voisin, dirigeant politique, etc. J'ai vu une fois un homme qui avait une telle peur des chiens, qu'il n'osait pas avancer dans la rue jusqu'à la hauteur d'un chien en laisse et d'allure très inoffensive. La peur de tout ce qui présente un caractère officiel atteint des sommets d'absurdité. Recevant dans sa boîte aux lettres l'avis d'un mandat à chercher à la poste, son destinataire n'ira pas, par peur d'une démarche « officielle ». Des artisans frappés d'impôts abusifs ne voudront pas réclamer, car « contre les impôts on ne peut rien ». Des humains qui n'auront rigoureusement aucun motif d'avoir peur de la police et la gendarmerie en auront une peur panique. On verra quantité de comportements dictés par la peur immense d'être seul, ou de ne pas être seul, ou d'être pauvre, ou d'attirer l'attention, etc.

Toutes ces peurs pourront trouver des justificatifs éventuels, exceptées pour une chose : leur intensité. La peur de la différence, par exemple, a fait qu'au début des années 1960 on a fait tout un drame dans ma famille parce qu'un de mes frères se laissait pousser les cheveux mi-longs ! A l'époque, la mode arrivait de faire ainsi. On savait que cette mode avait déjà existé jadis. Mais on en faisait un drame quand-même. Puis la banalisation des cheveux longs chez nombre de garçons à calmé complètement l'atmosphère familiale concernant cette question. Le seul drame avait été : la différence.

Certains spécialistes dressent des catalogues de peurs en les baptisant de noms à racines latines. Mais le problème n'est pas la peur, mais son intensité. Avoir peur de quelque chose, pourquoi pas ? Mais en être littéralement terrorisé, là il y a un problème. Et ce problème est qu'en fait cette peur sert d'habillage intellectuel à une crainte sous-jacente qu'on ne reconnaît pas. Et quand on en parle, on suscite scepticisme et incrédulité. Une dame quinquagénaire qui refusait les bisous de son amant sur la bouche s'exclamait avec mépris : « je n'ai plus quinze ans ! » La peur absurde de telle ou telle chose se retrouve justifiée par un simple : « le contraire me dérange ! » ou bien : « mais je n'en ai pas envie ! » sans pour autant se poser la vraie question : « mais pourquoi ce refus est-il si intense ? Ne dissimulerait-il pas autre chose ? » On peut ne pas apprécier quelque chose ou quelqu'un. Mais en faire un drame montre le plus souvent qu'il y a quelque chose en dessous qu'on refuse de voir.

Basile, philosophe naïf, Paris le 25 juin 2016

jeudi 23 juin 2016

569 Consumérisme, conformisme, banalisation et automation du coït

L'acte sexuel n'est pas un acte anodin. Dans notre culture française et parisienne, il le devient. Un de mes amis, bon vivant et aimant les plaisirs de la vie, me disait avec dégoût il y a une douzaine d'années : « c'est la génération capote, on se voit et on baise. T'as des capotes ? »

Notre culture actuelle a fait du consumérisme et de la rapidité des vertus cardinales. Si une jeune fille est belle, si un jeune homme est beau, il faut vite coucher avec, c'est-à-dire baiser avec. Sinon on est un nase, un coincé, un looser, un qui a des problèmes, un homo refoulé, etc. On doit baiser. C'est chic et dans l'air du temps. Et si on ne baise pas on est un raté, un nul, un moins que rien.

Ces âneries règnent dans les colonnes des magazines, les ouvrages sur la « sexualité » et autres nids d'affirmations stupides. « Combien de temps doit durer un coït idéal ? » « quelle est la périodicité avec laquelle on doit baiser ? » « Les Français sont-ils de bons amants ? » « tant de pour cent de la population s'estime heureuse au lit », etc. Voilà qui fait des titres croustillants et vendeurs d'articles, présentations d'émissions de télévision ou de livres à la mode. C'est bien simple : si on descend au dessous de la ceinture le chiffre d'écoute ou de vente augmente. Alors, pourquoi s'en passer ?

Le pire est que ces bêtises forment une large part aujourd'hui de l'éducation sexuelle et sentimentale de la jeunesse et pas seulement de la jeunesse.

Le défaut essentiel de cette pseudo éducation est d'avoir remplacé le « j'ai envie » par le « je dois ». C'est l'automation du coït. Pour y échapper, il suffit de savoir que chercher le coït sans véritable désir effectif et réciproque est une faute, une insulte au bon sens et une catastrophe relationnelle. Ce « je dois » ruine la relation.

Autre méfait de notre culture : la recherche de « la performance ». Certains jeunes hommes confondent le sexe avec une compétition de gymnastique plus ou moins acrobatique. Et sont tout fiers de clamer qu'ils réussissent quatre ou six fois la chose dans une nuit qu'on n'ose plus appeler « d'amour ».

Le sexe sans désir véritable effectif et réciproque est une calamité. Si on le pratique de la sorte, on est certain de se retrouver amoureusement seul dans la vie.

Le sexe factice, sans authenticité, est l'objet de tout un commerce qui s'organise autour. Le plus connu est la prostitution. La pornographie qui théâtralise et met en scène une sexualité imaginaire et fabuleuse qui apporterait une satisfaction détachée du relationnel est un marché gigantesque. On a tendance à souligner l'image dégradée de la femme que propage ce commerce. Mais cette dégradation existe ici ô combien concernant l'homme. Il n'est pas rare que dans la pornographie on ne voit même pas le visage de l'homme. On ne voit guère que son attirail sexuel, fréquemment truqué. Renoncer à la pornographie, aux frustrations et fantasmes divers qui l'accompagnent, change et améliore le regard qu'on porte sur les hommes et pas seulement sur les femmes.

Les énormités proférées abondent quand il s'agit du domaine du coït. Un homme pourtant apparemment intelligent me disait un jour : « si tu vois une femme, il faut chercher à la draguer, même si tu n'en as pas envie. Sinon, elle va se vexer ! » Deux hommes apparemment civilisés papotaient un jour devant moi. L'un des deux dit à l'autre, qui approuva : « si une femme se fait violer, c'est qu'elle le veut bien. » Je lisais dans un livre sur la dépression post partum : « l'instinct maternel n'existe pas. » Plus c'est gros, plus ça passe, comme on dit. Il faut ne pas se laisser abuser. Savoir résister aux idées reçues et toujours chercher à se faire son opinion par soi-même.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 juin 2016

568 La tendresse qui vit en nous

J'étais il y a peu dans un train et observais deux voyageurs. L'un était une jeune fille, l'autre, qui l'accompagnait, un homme nettement plus âgé. La jeune fille avait eu son attention attirée par moi et à plusieurs reprises a jeté un coup d'œil dans ma direction. Ces deux personnes étaient à une certaine distance. Quand je devais descendre du train, elles se sont rapprochées, car elles descendaient également. J'ai supposé que l'homme était un parent de la jeune fille. Le bref instant où nous avons été proches, j'ai parlé à l'homme, qui paraissait sympathique et lui ai donné un tract du prochain Carnaval de Paris. Il m'a très aimablement remercié. La jeune fille n'a rien dit. Et nous nous sommes séparés. Rien de négatif en soi. Deux inconnus, un tract du Carnaval de Paris remis pour information, il n'y avait visiblement rien à ajouter de plus dans l'anonymat de la très grande cité de Paris. Pourtant j'étais triste et me suis demandé pourquoi. J'ai compris la raison ; au fond, le tract du Carnaval n'était qu'un prétexte de rapprochement. Et le sentiment qui me dérangeait à présent était que sans me l'être formulé ainsi, j'avais eu envie de câlins avec la jeune fille. Rêve totalement imaginaire dans le contexte présent. Ayant réalisé ce cheminement de ma pensée, je me suis senti bien à nouveau. Ce bref épisode insignifiant ou mal interprétable par beaucoup m'a fait réfléchir. Au fond de nous la tendresse vit toujours. Notre monde a beau être divisé, atomisé, étrangéifié, rendant les relations dures, les « inconnus » inaccessibles, le désir, le besoin de contacts existent toujours. Quelquefois on les voit s'exprimer chez des personnes ayant un peu bu. Généralement cette tendresse est verrouillée, cadenassée au fond de nous. Mais elle existe toujours. Les humains n'ont pas la capacité de décréter qu'ils sont autre chose que ce qu'ils sont. Je me suis posé la question : quels symptômes provoquent ce rejet sociétal de la tendresse ? J'en énoncerais ici quatre :

Les humains connaissent un sentiment permanent de crainte diffuse. Cette crainte demande à trouver sa justification intellectuelle. Ce qui fait que les humain,s sont prompts à adhérer à une peur qu'ils voient énoncée. Bizarrement ils vont par exemple souscrire à un discours paniquard distillé par les médias. Ils chercheront et trouveront d'horribles ennemis qui souvent ne les concernent pas du tout directement. « La fin du monde » est très à la mode dans les médias. La crainte diffuse régnante explique la séduction que rencontre très fréquemment la masse délirante de propos annonçant des catastrophes. L'être humain largement privé de câlins se sent mal et construit ainsi sa peur. Les humains connaissent également un sentiment de soif aveugle. Elle cherche la source de sa satisfaction. D'où des comportements des plus bizarres, absurdes. Un humain va collectionner avec fanatisme des timbres-poste, par exemple. Car la complétude de sa collection lui apparaîtra comme un but énorme en soi. Un autre humain accumulera de l'argent, du pouvoir, des géraniums en pots, n'importe quoi. Mais n'importe quoi qui lui semblera un moment combler sa soif inextinguible. Qui est en fait une soif de câlins dont il n'a pas une claire conscience. Les humains ont aussi le sentiment qu'il manque une très grande chose. N'arrivant pas à l'identifier, ils l'assimileront à un idéal quelconque, qu'ils nommeront : « liberté », « amour », « harmonie », « Europe », etc.

Enfin, les humains auront une sexualité complètement dérangée. Beaucoup pratiqueront la drague, qui consiste à réduire les partenaires possible et soi-même à de la viande à baiser. Niant ainsi la richesse, l'originalité et la complexité des individus. La baise consistera à consommer cette viande imaginaire qui nie la réalité des humains. Si les humains, surtout masculins, pratiquent intensivement la masturbation, qui est une activité anodine, celle-ci s'accompagne chez les adultes de frustrations et fantasmes perturbant et troublant leur contact avec la réalité. La visualisation de la pornographie qui met en scène ces fantasmes, matérialise ces frustrations, aggrave ce trouble. Renoncer à cette sexualité perturbée n'est pas évident, d'autant plus que ce renoncement est souvent prôné par des malades obsédés par le rejet global de toute sexualité. L'important reste encore et toujours pour chacun de chercher à reconnaître et vivre son authenticité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 juin 2016

dimanche 19 juin 2016

567 Le chantage à la « solitude » et l'ultimatum du « bonheur » obligatoire

« Je me sens seul », « je ne suis pas fait pour vivre seul », « je ne supporte pas la solitude »... qui de nous n'a pas entendu à l'occasion ce cri du cœur poussé dans son entourage... Ou ne l'a poussé lui-même ?

Et la réponse est toujours la même : « il faut vivre en couple », « vivre à deux », « se marier », « se pacser », « trouver la bonne personne »...

Mais : « les gens sont trop égoïstes », « en demandent trop », « sont trop individualistes », « refusent de faire des concessions », etc.

C'est quoi, ce chantage ? Pourquoi faut-il absolument, pour ne plus me sentir seul que j'accepte un étranger ou une étrangère dans mon lit ?

Vivre, ne signifie pas forcément « vivre avec quelqu'un », le choix étant soi-disant entre le désespoir et la marginalisation ou « le bonheur à deux », quand ça marche. Et si ça marche. Où cherche-t-on à nous emmener comme ça avec tous ces discours normatifs ? A suivre une norme, la norme dominante : vivre c'est vivre à deux, avec une personne, de préférence de sexe opposé, ou pas.

C'est quoi, ce charabia ? Je ne serais pas capable de dormir seul, me faire mon café seul, aller me promener seul, rencontrer des amis seul et ne plus être seul ?

C'est un conditionnement. Il m'en rappelle un autre, que j'ai bien connu. Jusqu'en 1965 on crevait la dalle en famille à la maison. Puis, mon père a pris une bonne place très bien payée et on s'est mis à manger de la viande à tous les repas. Bien plus tard, il m'a fallu faire un effort intellectuel important et tout particulier pour admettre qu'un repas pouvait être réussi sans nécessairement comporter de la viande.

Pour ce qui est de cette fameuse « vie à deux », c'est pareil : il s'agit d'un conditionnement. Un chantage : « si tu veux être dans la norme, il faut que le matin tu te réveille à côté de quelqu'un ». Et pourquoi donc ?

Parce que c'est, sonnez trompettes !! Le bonheur ! Quel bonheur ?

Hier, j'entendais quatre dames parler de la vie à deux. Et l'une d'elles évoquer cette formule comme permettant « une vie sexuelle ». De quoi parle-t-on au juste ? Ah oui ! Pour être heureux, il faut, si on est un homme, pouvoir mettre régulièrement son zizi dans une dame. C'est quoi ce jargon ?

Pourquoi aurais-je envie de mettre mon zizi dans une dame, un monsieur ou une chèvre ? Mon zizi vit très bien sans. « Oui, mais, me diront certains, sans sexe t'as le sang qui bout ! »

Non, c'est comme les repas avec viande cités plus haut. C'est un conditionnement, très fort et très puissant. C'est « le chantage au bonheur ». Moi, quand je vois une jolie femme, un joli monsieur ou une jolie chèvre, je me dis : « quelle belle créature ! » Et ma pensée s'arrête là. Pourquoi vouloir ajouter dedans mon zizi ? « C'est la Nature » diront certains. Ah bon ! C'est la Nature ? Et vous lever chaque matin réveillé par la sonnerie du réveil-matin c'est la Nature aussi ? Cuire ses aliments c'est la Nature aussi ? Prendre une aspirine quand vous avez la migraine, c'est aussi la Nature ? Et vous laver à l'eau chaude et au savon, vous habiller ensuite, c'est la Nature aussi ? En vérité, vous êtes bien dénaturé ! Alors, arrêtez d'invoquer la Nature pour justifier votre conditionnement !!

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 juin 2016

samedi 18 juin 2016

566 Comment se structure la conscience collective

À Paris, il y a quelques années, dans une sorte de fête d'extrême gauche je croisais une jeune Allemande âgée d'environ vingt-cinq ans. Nous avons fait un brin de causette. À un moment-donné je lui ai dit une chose qui a provoqué chez elle une réaction étrange. Je lui ai dit : « je n'ai rien contre le peuple allemand ». Et elle, née bien après 1945, visiblement pas du tout nazie vu le lieu où je la rencontrais, n'en revenait pas ! Comment pouvait-elle se sentir à ce point concernée, si ce n'est même culpabilisée, pour des fais survenus plus de quarante ans avant sa naissance ? C'est que la conscience collective, ici celle des Allemands, fonctionne comme la conscience individuelle. C'est là qu'il faut expliquer plus précisément ce que j'entends par mon propos. Un exemple va l'éclairer.

Il y a plus de trente ans j'étais invité par un couple à passer un weekend à la campagne. Il y avait avec eux leur fille, âgée de deux ans. Celle-ci parlait beaucoup, posait beaucoup de questions, ses parents lui répondaient. A un moment-donné elle leur a demandé des précisions sur la mort... Les parents, farouchement matérialistes et athées anti-religieux lui répondirent qu'après la mort il n'y avait rien. J'entendais ces propos et me fis la réflexion suivante : « cette fillette a de multiples échanges verbaux à l'âge de deux ans. Plus tard, elle n'aura pas souvenir de tout ça. Elle se rappellera de sa vie à partir de trois, quatre, cinq ou six ans, et encore de façon très fragmentaire. En revanche, si ça se trouve, quand plus tard elle pensera à la mort, il se peut qu'elle soit absolument terrorisée à la perspective du néant inévitable pour elle que ses parents auront imprimés ainsi dans sa tête. Et elle n'aura alors pas du tout conscience de l'origine de cette conviction qui va la terroriser. »

Avoir quantité d'échanges avec l'entourage dès l'âge de deux ans et ensuite n'en avoir pas le souvenir, mais la marque, c'est le sort de chacun de nous. A l'échelle de la conscience collective c'est pareil.

Le peuple allemand a connut une période de 1933 à 1945 dont la jeune fille dont je parlais plus haut n'a pas de souvenirs directs, mais elle en a la marque. C'est pourquoi elle culpabilise pour des actes qu'elle n'a pas commis, et s'étonne de rencontrer une « victime », un Français qui ne lui en veut pas.

La marque de cette époque qu'elle porte aujourd'hui lui a été transmise par les générations précédentes. Celles qui ont connu et participé à la vie du peuple allemand de 1933 à 1945. Mais ce phénomène n'est pas propre aux Allemands. Pourquoi les Grecs en 2015 se sont fait aplatir par la Troïka ? Parce que déjà auparavant ils ont subit une défaite durant la guerre civile qui a suivi l'occupation allemande. En France, ce phénomène de la mémoire collective existe aussi.

La conscience collective dans notre pays a été marqué par un événement extrêmement sanglant : l'écrasement de la Commune de Paris fin mai 1871 qui occasionna un très grand massacre. Durant plus de cent ans le peuple français a conservé la marque de la défaite des Communards. Cette marque faisait que, par exemple, jusqu'aux années 1950-60 et aussi au delà, la ville votait à droite. Tous les 20 arrondissements votaient majoritairement à droite. En 1977, quand la fonction de maire de Paris est réapparue, le nouveau maire élu fut un maire de droite. En 2001, il y a quinze ans, ça a commencé à changer. Un maire modéré, mais officiellement socialiste, a été porté à la tête de la municipalité parisienne. Je me suis dis alors : « tiens ! Le traumatisme de la Commune de Paris commence à être surmonté. Paris, ville traditionnellement révolutionnaire et devenue conservatrice se remet à gauche. » Et à présent, 145 années après la défaite de la Commune de Paris, le traumatisme paraît complètement surmonté. Les mouvements de protestations actuels contre la loi Travail apparaissent imprévisibles et incontrôlables. La ville a renoué avec son passé révolutionnaire, que ça nous plaise ou nous rassure ou non. Et le pays entier comme hier suit Paris.

Basile, philosophe naïf, Paris le 18 juin 2016

lundi 13 juin 2016

565 Quelques remarques à propos du toucher

Chaque toucher est différent. Et a un caractère personnalisé et individuel. J'ai pu le constater dans un très sympathique bal tenu dans les années 1980. A cette occasion j'ai invité à danser toutes les jeunes femmes présentes, l'une après l'autre. C'était du rock et je tenais les mains de ma cavalière à chaque fois. J'ai pu ainsi constater qu'aucun contact n'était identique à l'autre.

Il existerait des touchers apparentés. A deux reprises j'ai ressenti un plaisir extraordinaire et inexplicable au simple contact d'une femme. Ce contact se bornant à de très ordinaires câlins n'était pas du tout ressenti par moi comme des câlins habituels.

Le toucher est comme un langage. Quantité de choses passent à travers lui. Une scène à laquelle j'ai assisté m'a frappé à ce propos. Une amie quittait son fiancé un soir. Ils se faisaient des bisous et des câlins. Je me suis écarté pour ne pas déranger. Une fois le jeune homme parti, la jeune fille amie est revenue vers moi. Elle était dans un état hyper-nerveux, plus comme une personne prise en faute que quelqu'un qui vient de quitter son fiancé qu'elle reverra demain. Elle n'était pas du tout comme une personne heureuse, ravie ou sereine. Si elle était « sur son petit nuage », ce nuage était noir et orageux. J'ai rapproché l'état nerveux de cette amie de ce que je sais de ces jeunes gens. Le jeune homme est apparemment gentil et bien intentionné, et serait en fait très manipulateur et intéressé. Cela, la jeune fille ne le sait pas. C'est à elle de parvenir à en prendre conscience en dépit de son entourage qui l'a déjà mariée d'avance. Mais ce mauvais contact relationnel, nié en paroles, mon amie le sent au contact direct. D'où sa réaction.

Une autre amie m'a raconté que, quand jeune fille elle prenait des leçons de piano avec un vieux professeur, celui-ci lui prenait à l'occasion la main pour lui indiquer la position juste. A chaque fois, m'a-t-elle dit, elle ressentait à ce contact « comme une petite décharge électrique ». Car elle sentait que ce contact était parfaitement neutre et pas du tout dragueur.

Le toucher est singulièrement rejeté par notre culture française et parisienne et pas seulement. Il serait prétendument presque toujours « sexuel » quand il s'agit de contacts entre adultes. Ceux qui remettent en question cette interprétation réductrice et abusive se heurte à une question embarrassante : « si le toucher n'est pas sexuel, où s'arrête-t-il ? » Autrement dit : « si on peut se faire des caresses librement vont-elles aller partout ? » En fait, si on libère le toucher, il n'est absolument pas nécessaire « d'aller partout », ce qui pose finalement des problèmes. Il existe un phénomène de compensation. Si on caresse correctement, c'est-à-dire avec sensibilité, une part réduite de la surface de peau d'un individu, l'apport en câlins se diffuse de façon générale.

Prenons un exemple : si on caresse très sensuellement juste la nuque d'un individu, il n'y a aucune nécessité de s'étendre plus loin pour qu'il se sente bien. Les enfants, qui n'ont pas été influencé par les discours des adultes le savent et ressentent très bien. Une amie me racontait que, quand elle était petite fille et malade, son père venait la voir. Et juste lui mettait la main sur la tête pour la réconforter. Et cela suffisait parfaitement. Quand on est adulte, il faut parvenir à se détacher du conditionnement reçu et redevenir des enfants. Ce qui n'est pas facile et donné à tout le monde. Les revendications confuses et déstabilisantes de la sexualité trafiquée régnante chez les adultes sont à remettre à leur juste place. Ce sont des délires littéraires qui peuvent aller à la poubelle. Ceux qui vantent à tout va le sexe me font penser à des diététiciens qui prôneraient des repas faits exclusivement de desserts, voire de sucre en poudre à consommer à la cuillère. C'est irréaliste, déséquilibré et écœurant. Le toucher, la caresse, le câlin, restent pour beaucoup un monde oublié, inexploré, qui est à redécouvrir pour le plus grand bien de chacun. Le sexe est comme le tiramisu. J'aime beaucoup le tiramisu. Mais si je devais ne manger que du tiramisu ça n'irait pas du tout.

Basile, philosophe naïf, Paris le 13 juin 2016

dimanche 12 juin 2016

564 Pour un service public national de l'alimentation et de l'eau

Quand j'étais petit, à Paris, dans les années 1950, existaient de très nombreux petits commerces notamment alimentaires. Il y avait, par exemple, un crèmerie rue des Plantes, presque à l'intersection avec la rue d'Alésia, en se dirigeant vers la sortie de Paris. Dans le quatorzième arrondissement de Paris le marché de la rue Daguerre était réputé « le moins cher de Paris ». La rue de l'Ouest regorgeait de détaillants en fruits et légumes très vivants. Bien plus tard, dans les années 1980, il y avait encore rue Raymond Losserand des « cours des halles » aux prix attractifs.

Dans les années 1950 et 1960 le cri du cœur du client revendicatif était : « si la vie est chère, c'est la faute aux épiciers ! » J'ai entendu plus d'une fois ce propos prononcé dans ma famille.

Aujourd'hui, les petits épiciers d'antan ont pratiquement tous disparu et la vie n'a jamais été si chère. C'est simple : les cerises en saison affichent à présent couramment le prix de 10 euros le kilo ! Et même on ose parfois indiquer avec ce prix que c'est : « en réclame » !

Quelle est la raison de ces prix excessifs si les petits épiciers n'y sont pour rien, puisqu'ils n'existent pratiquement plus ?

Quand l'euro est arrivé, en janvier 2002, les prix des fruits et légumes étaient les prix d'hiver, chers. D'habitude, vers le printemps, ceux-ci baissaient et atteignaient des montants infiniment plus légers.

Le printemps 2002 arriva... et les prix ne baissèrent pas.

Au contraire, ils ont continué à monter jusqu'à atteindre les montants actuels ! Quelle est la source de ce mystère ?

La source, c'est la centralisation de l'organisation de la distribution. Les prix sont programmés en fonction des dividendes à verser aux actionnaires. Pour obtenir le maximum de rentabilité, les prix sont modulés en fonction de la richesse locale. Ainsi, un jour, à la radio, un responsable de l'établissement des prix de vente d'une chaîne de supermarchés expliquait : « nous vendons plus cher le même produit à Strasbourg ou Paris qu'à Albi. Car à Albi les acheteurs ont moins d'argent. »

Le but, c'est l'argent. Quel est le résultat ? Un article paru dans l'Humanité le 29 avril 2016 indiquait que sur 100 euros payés pour acheter des produits alimentaires, 8,2 % revenait au producteur. Ce qui signifie que, par exemple, sur un kilo de cerises à 10 euros, l'arboriculteur ramasse 82 centimes ! Le reste part aux organisateurs du transport et de la distribution. Les transporteurs s'il s'agit des employés chargés du transport ou les vendeurs, s'il s'agit des employés des magasins, sont très peu payés... alors, où va l'argent ? Le transport et la distribution reviennent-ils si chers ? 91,8 % du prix de vente ? Il y a quelque chose qui cloche.

Se pose ici le problème suivant : l'organisation du transport et de la distribution rend insuffisante la rémunération des producteurs, trop chers les prix de vente et rémunère mal les employés de la chaîne. Ceci à propos de quelque chose d'essentiel : la nourriture. C'est une situation classique pour légitimer la création d'un service public au service de tous, rémunérant suffisamment les producteurs, payant correctement les employés et vendant à des prix abordables les produits aux clients. Un tel mode de distribution a déjà été proposé rien que pour Paris par Édouard Vaillant en 1884 ! Il a reparlé d'une telle initiative durant la Grande Guerre de 1914-1918. Aujourd'hui plus que jamais existe la nécessité de créer un service public national de l'alimentation et de l'eau. Qui prendra et quand cette initiative d'intérêt général pour la vie et la santé de la population ?

Basile, philosophe naïf, Paris le 12 juin 2016

samedi 11 juin 2016

563 Protocole de l'esprit de la coccolazione ou caresses chaperonnées

Ce texte est proposé à la réflexion du lecteur et ne prétend pas être définitif :

Préambule :

La pratique proposée a pour but de libérer les rapports humains de la tyrannie d'une sexualité sommaire, commerciale, impérative, abusive, qui prétend confisquer les caresses entre adultes aux seules fins d'être l'antichambre, l'accompagnement ou la porte de sortie de l'acte sexuel.

1° Les séances seront bénévoles et gratuites. Toute démarche à caractère lucratif conférerait ici à l'esprit de la coccolazione ou caresses chaperonnées un caractère prostitutionnel.

2° La séance se fera sous une bonne lumière et en aucun cas dans la pénombre ou sous une lumière tamisée.

3° La séance se fera toujours avec la présence et sous le contrôle d'au moins un tiers, personne de confiance de la personne caressée. Ce tiers pourra lui tenir la main.

C'est pourquoi l'esprit de la coccolazione est aussi baptisé « caresses chaperonnées ».

4° Les personnes présentes seront habillées.

Il existe des pratiques de « massages » qui prétendent à la nudité des personnes impliquées. D'où cette précision contraire.

5° Les seules surfaces caressées seront le haut du dos, la tête, les bras et les jambes au dessous des genoux.

6° Les personnes concernées seront averties qu'en cas de réactions au niveau génital (par exemple érection) suite aux caresses, ces réactions seront considérées comme sans importance, ni conséquences, ni implications.

7° A tous moments, sans justifications ni explications la séance pourra être interrompue par une ou plusieurs des personnes présentes.

Relations extérieures :

Les relations en dehors des séances entre les personnes impliquées étant extérieures à l'esprit de la coccolazione ou caresses chaperonnées n'ont pas lieu d'être commentées. On peut très bien imaginer, par exemple, un mari et sa femme se pliant à l'occasion à ce protocole et vivant par ailleurs « en couple », ou encore la rencontre entre deux parfaits inconnus se limitant exclusivement à l'esprit de la coccolazione ou caresses chaperonnées. Quantité de cas de figures sont possible. L'essentiel est de conserver intact l'esprit de la pratique concernée.

Terminologie :

En cas de succès de ce protocole son sens sera certainement dévoyé dans des discours à vocation commerciale et pornographique. De même qu'on peut voir aujourd'hui sur Internet le mot « naturisme » abusivement employé pour désigner des rapports à caractère prostitutionnel.

Basile, philosophe naïf, Paris le 11 juin 2016

vendredi 10 juin 2016

562 Force et limites de l'autosuggestion

Une vieille sagesse arabe dit : « la beauté est dans l'œil qui regarde ». Et effectivement, voir et la manière de voir sont indissociables. Et la manière de voir influence notre perception. Ainsi, vous pouvez tous faire cette expérience que j'ai eu un jour le grand plaisir de faire :

Rendez vous dans une zone où un grand nombre d'hommes, de femmes ou d'enfants promènent leur chien, par exemple un samedi après-midi à Paris au bois de Boulogne. Observez la foule d'amateurs de clébards en train de marcher... et dites vous intérieurement : « en fait, ce ne sont pas ces personnes qui promènent en laisse les chiens, mais les chiens qui promènent en laisse les maîtres... » Aussitôt la scène devient hautement comique, car c'est vrai. C'est à être plié en quatre de rire ! Tous ces humains qui se croient « supérieurs » et obéissent à leur toutou à la patte et à l'œil !

Un professeur de culture physique que j'ai connu nous enseigna un jour une technique pour se muscler. Il nous dit : « imaginez que vous tenez à bout de bras par exemple des poids de 15 kilos. Faites ensuite des mouvements en tenant compte de cette idée et vous vous musclerez ». Il a aussi ajouté plus tard : « imaginez le résultat de sa pensée si quelqu'un imagine que tout le monde le déteste ! »

Et cela est vrai. Fort est le pouvoir de l'autosuggestion ! Or, elle se glisse aussi dans le domaine du coït entre humains. Quantité d'humains s'imaginent « faire l'amour » alors qu'en fait ils se masturbent avec l'autre. Ils ont simplement remplacé leur main par un homme ou une femme. Cette supercherie a des limites.

Une dame sexagénaire, qui était jeune fille au milieu des années 1940, me racontait que pour elle et toutes ses copines mariées c'était pareil. Elles ne ressentaient rien quand leur mari « faisait sa petite affaire ». Elles attendaient avec impatience qu'il ai fini pour aller se laver.

Cette illusion de « faire l'amour » quand on ne fait que « sa petite affaire », combien d'hommes l'ont encore de nos jours ? Beaucoup, sauf qu'à la différence d'hier, quantité de femmes n'acceptent plus de passer leur vie à attendre que leur cher et tendre ai fini sa petite affaire. Un beau jour, à la grande surprise de leur compagnon, elles se séparent de lui.

On ne peut vraiment « faire l'amour » que s'il existe un désir véritable et réciproque et pas simplement l'acceptation de faire « comme tout le monde ». On est jeunes et beaux, alors allons-y ! Non ! Cette démarche détruit les bonnes relations. Quand on y renonce. Quand on n'accepte plus que l'authenticité, quelle sérénité ! Quelle tranquillité ! Aujourd'hui je peux voir toutes les plus belles filles du monde, je sais que s'il n'existe pas un désir réel, authentique et réciproque, qui est bien rare, il n'y a rien à prétendre ajouter.

La sexualisation abusive des rapports humains, la coïtomanie, trouve très vraisemblablement son origine dans le sevrage tactile subit durant l'enfance. La pression colossale du manque de câlins dans notre société conduit à des comportements incohérents chez les adultes. Ils ont un manque. Et, incapable de l'identifier, ils croient qu'il est « sexuel » et vont embêter leur entourage avec cette interprétation erronée. Témoin de cet égarement, je me souviens avoir durant un peu plus d'une dizaine d'années embêté une amie avec cette irritante revendication de vouloir « faire l'amour » avec elle. D'autant plus absurde que je me rendais compte que ça ne serait pas intéressant si cela arriverait. Alors, pourquoi avoir ainsi poursuivi avec obstination cette demande stupide ? J'étais comme un homme qui a besoin de voyelles pour exprimer ma vie et ne disposais que de consonnes. Il est grand temps de libérer la pensée, le geste et la parole avec « l'esprit de la coccolazione » !

Basile, philosophe naïf, Paris le 10 juin 2016

jeudi 9 juin 2016

561 L'homme, la femme, l'univers niés et l'Histoire inversée

Si on veut témoigner de l'histoire humaine, il faut faire référence à trois éléments de base, qui sont : l'univers, la femme, l'homme. Or, généralement les histoires de l'Humanité nient les trois.

L'univers, qu'on peut également appeler Dieu ou le Tao, est nié par quantité d'humains. On les voit, comble du ridicule, crier ainsi à leur papa : « tu n'existe pas !!! » Il y a de quoi bien rire. Mais alors, celui qui crie ainsi, d'où vient-il, s'il existe ? Il viendrait de nulle part. D'une espèce de boue informe définie comme « la matière » et se définissant négativement comme : « le pas Dieu ». Le grand caca originel ou « la soupe primitive », bon, passons à la suite des contorsions idéologiques ou autres des humains. Et plus particulièrement des humains de sexe masculin, qui se croient souvent plus intelligents que tout.

La femme, la maman de l'Humanité, est niée au quotidien. Par le viol, dont la terreur omniprésente traverse toutes les classes et tous les milieux de la société. Combien d'hommes violent, tentent de violer ou rêvent seulement de violer ? Et font preuve de la plus grande mansuétude à l'égard des hommes dénoncés comme violeurs ? Souvenons-nous de ce grave journaliste parisien étiqueté « de gauche » déclarant, suite à l'affaire du Sofitel de New York où un célèbre homme politique français était accusé de viol en 2011 : « ce n'est qu'un troussage de domestique ». Une autre célébrité politique française, minimisant l'affaire déclarait à la même époque : « il n'y a pas mort d'homme. »

Le viol est d'autant plus aisé à commettre, qu'en cas de résistance de la femme, il peut s'accompagner de violences, voire de meurtre, y compris sous nos latitudes.

N'oublions pas que durant des millénaires le mariage ne fut très souvent qu'un viol institutionnel. Le grand-père donnait sa petite-fille en mariage, ou le père donnait sa fille en mariage, à un prétendant. Et celui-ci, de par son mariage obtenait un droit de cuissage. Le droit français proclamait même durant plus de 160 ans : « la femme (doit) obéissance au mari » (article 213 du code civil de 1804).

Je me souviens de ma perplexité le jour où, encore très jeune, dans les années 1960, je lisais dans un journal qu'un mari avait été condamné pour avoir violé son épouse. L'accusation m'apparaissait absurde tant on m'avait élevé dans le chaudron puant de la morale traditionnelle.

La femme, niée par le viol, les violences et le meurtre, l'est aussi, massivement, par la non reconnaissance de son travail domestique et d'entretien et éducation des enfants. Élevez des souris blanches ou des porcs, c'est un métier, on doit vous payer. Élevez vos enfants, c'est du bénévolat, de « l'amour ». Si vous n'avez pas d'argent, vous pouvez crever et vos enfants avec ! Si une femme travaille en plus à l'extérieur de sa famille, on la niera encore, en la payant moins qu'un homme pour le même travail fourni. En France, souvent trente pour cent moins, ce qui fait un tiers.

Enfin, en écrivant son histoire, l'homme se niera également lui-même. Comment ? En inversant l'Histoire et faisant des conséquences les causes des événements. L'homme est avec l'univers et la femme à la base de tout ce qui lui arrive. Il ne sera même plus question de l'homme, mais des déguisements qu'il prend : culturels, idéologiques, matériels... Il ne sera souvent plus question que des rois, des princes, des chefs d'états... qui sont en fait au plus des hommes, expressions parmi d'autres de l'Humanité, et n'acquérant de pouvoir que celui que les autres hommes leur donnent. Et bien non ! Dans les livres, les journaux, on prétendra le plus souvent le contraire. Ce seront soi-disant d'abord « les Grands Hommes » qui font l'Histoire. Les petits comptant pour quantité négligeable et étant sensés se borner « à suivre ». Mais qu'est-ce que Napoléon 1er sans le peuple et la Grande Armée ? Rien ! Alors, pourquoi s'obstiner à ne voir que Napoléon 1er ?

Basile, philosophe naïf, Paris le 9 juin 2016

mercredi 8 juin 2016

560 L'esprit de la coccolazione et la « sexualité »

Par curiosité, j'ai cherché à voir sur Internet ceux qui parlent des caresses comme une pratique thérapeutique. Qu'ai-je trouvé ? Diverses choses, un site de prostitution déguisé en site pseudo-thérapeutique. Des sites qui eux préconisent des caresses... mais pas pour vous libérer de vos tensions, mais surtout libérer votre portefeuille d'un contenu « trop important ». Enfin, j'ai relevé une profonde absurdité et un profond non sens dans l'énoncé de caresses devant vous permettre de vous détendre et « lâcher prise » pratiquées sur des clients nus.

Cette prétention à la nudité s'oppose au but proclamé comme poursuivi. Elle ne pourrait être juste que dans une société différente de la nôtre où la nudité serait innocente, courante et habituelle. Dans notre société française et parisienne la nudité est associée à la sexualité. Or, loin d'être source de détente et « lâcher prise », la sexualité est au contraire une source fréquente de tensions. Sans compter qu'elle se rattache à la crainte omniprésente du viol et au fait qu'une part importante de la population a déjà subit au moins une agression sexuelle au cours de sa vie. C'est le cas d'au minimum un tiers des femmes et jeunes filles. Dans ces conditions, parvenir à la détente et au « lâcher prise » implique justement de se détacher de toutes références possible à la sexualité.

La caresse thérapeutique se donne sous une bonne lumière, en aucun cas dans la pénombre ou une lumière tamisée. Elle ne s'effectue jamais en tête-à-tête, mais en présence, sous le contrôle, d'un tiers. La nudité est exclue, qu'elle soit celle de la personne caressée ou celle de la personne qui caresse. On évite de toucher des zones ambiguës, considérées comme « sexuelles » dans notre société. Ce qui fait que ne sont caressés que la tête, les bras, le haut du dos et les jambes en dessous des genoux. On préviendra les personnes concernées que d'éventuelles réactions au niveau génital survenant suite aux caresses sont considérées comme sans importance, ni conséquences ou implications. A tous moments et sans justifications à donner la séance pourra être interrompue par le caressé ou le caresseur, ou les deux d'un commun accord. Le traitement sera sans but lucratif.

Si, par ailleurs, les personnes concernées souhaiteront s'envoyer en l'air, ça ne concerne plus la thérapie. C'est une affaire personnelle et indépendante de celle-ci.

L'esprit de la coccolazione doit permettre de retrouver une simplicité, une liberté, une sincérité, une sensibilité, que nous avons tous étant petits et avons le plus souvent très largement oublié.

Paradoxalement, notre société vante la caresse et l'interdit de facto au plus grand nombre la plupart du temps. En la subordonnant chez les adultes à la « sexualité » la société française et parisienne la rend le plus souvent complètement inaccessible. Il suffit de ne pas souhaiter « passer à la casserole » pour que le contact devienne impossible. On observe dans les transports publics parisiens aux heures de pointes des jeunes filles, des femmes qui, par hasard... mettent une partie d'elle au contact d'un homme. Et, au gré des secousses du voyage, se caressent ainsi. Elles prennent ce que j'appelle « des échantillons gratuits ». Car les autres sont payants. Vous voyez une jeune fille dire à un jeune homme : « je voudrais juste que tu me caresse le dos et les bras et rien d'autre ? »

J'ai rencontré par deux fois des jeunes femmes qui avaient déjà eu des amants, et aucun d'eux n'avait pensé à leur caresser le dos. Une jolie femme que j'ai connu d'un peu près m'a expliqué qu'aucun de ses amants au cours de sa vie amoureuse ne s'était avisé de lui caresser les seins. Qu'elle avait très sensible. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la vie dite « amoureuse » est très souvent d'une très grande misère tactile. Il n'y est la plupart du temps question que « d'affaires sérieuses » (lisez : du coït). Les personnes qui aiment beaucoup la tendresse finissent souvent par préférer la solitude à des services faux et désagréables. L'esprit de la coccolazione c'est tout autre chose.

Basile, philosophe naïf, Paris le 8 juin 2016

mardi 7 juin 2016

559 L'origine sexuelle de la violence

Si on observe la violence entre humains, l'écrasante majorité de toutes les violences, qu'elles soient sociales, économiques, financières, criminelles, militaires, policières, religieuses, sexuelles, conjugales, routières, contre des enfants, des animaux... sont le fait d'hommes et pas de femmes. Quels qu'en soit les motifs, fussent-ils les meilleurs et les plus justifiés, ce qui peut arriver (violences contre des oppresseurs, par exemple).

L'écrasante majorité des conquérants, des dictateurs, des tortionnaires, des bourreaux, des oppresseurs de toutes sortes sont des hommes. Pour tuer, que ce soit pour la liberté ou la tyrannie, on trouve toujours essentiellement des hommes.

Les hommes, à la différence des femmes, paraissent très fréquemment et largement obsédés par la sexualité. Un très grand nombre d'entre eux, même apparemment sincères, sensibles, respectueux et « bien élevés » harcèlent sexuellement les femmes et les jeunes filles. Le chiffre d'affaires colossal de la pornographie atteste que la masturbation occupe chez les hommes une place énorme.

Ce n'est pas l'acte physique de la masturbation chez les hommes adultes qui pose problème. Ce sont les frustrations et les fantasmes qui l'accompagnent. Et la pornographie théâtralise et met en scène tout le délire masculin machiste et malade à propos des femmes et des jeunes filles.

Le caractère sexualisé de la plus grande partie des violences qui sont le fait d'hommes et pas de femmes et la sexualité compulsive, incohérente, égoïste, obsessionnelle, machiste et désordonnée des hommes forment un tout. On ne saurait remédier à la violence sans remédier également aux très courants comportements sexuels masculins inadaptés.

Il serait souhaitable que les hommes prennent l'habitude de voir et entendre les femmes et les jeunes filles, et pas voir l'image qu'ils plaquent sur elles et entendent de façon sélective ce qui les arrange et s'accorde avec leur inconduite habituelle. C'est possible. Certains hommes agissent mieux et autrement. Ils sont fort malheureusement jusqu'à présent très peu nombreux.

Pour les hommes, renoncer à la violence implique de renoncer à la partie malade de leur sexualité. Cette démarche est rendue difficile par les discours des personnes ou organismes obsédés sexuels « à l'envers », qui refusent frénétiquement la sexualité. Être fier de baiser beaucoup ou de ne pas baiser du tout est également stupide. Il faut chercher à être soi. Et si on y parvient, c'est la plus naturelle des choses. Il n'y a pas lieu de la jeter à la figure de ceux qui n'y parviennent pas.

Si vous regardez des livres d'histoire et commencez à relever la place des hommes dans les conflits, vous commencerez à lire et percevoir différemment le récit des événements.

Les hommes, qui sont sevrés tactilement vers l'âge de quatre ans, supportent très mal ce traumatisme et cherchent plus tard très largement à le compenser avec l'éjaculation. Les femmes fonctionnent différemment. Avec les millénaires, les dizaines de milliers, les centaines de milliers d'années d'histoire, le trouble initial a pris des dimensions colossales. Ceux qui font le plus de mal à l'Humanité sont d'abord et avant tout détraqués sexuellement. Il est connu que les dirigeants politiques qui font le malheur du monde sont très fréquemment des obsédés de la queue.

Les femmes ne se conduisent pas forcément bien. Mais, quand elles se conduisent mal, elles le font très souvent en réaction à l'inconduite masculine. Il appartient d'abord aux hommes et non aux femmes de changer, s'ils veulent changer la société. L'origine des guerres et dans leur culotte.

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 juin 2016

558 Le jeu, le savoir et la crédulité

L'humain des premiers temps n'avait aucun besoin de ce qu'on baptisa beaucoup plus tard et de manière orientée : « le progrès ».

Sa taille, ses mâchoires fortes, sa vie en groupes solidaires, le mettait à l'abri des prédateurs. Plutôt que risquer la lutte contre une troupe de singes vigoureux et mordeurs, les grands carnivores prédateurs préféraient des proies plus inoffensives. Un lièvre ou une girafe ne saurait faire du mal à un lion ou un tigre !

Si l'humain a imaginé une industrie, c'est par jeu. Probablement ce sont les femmes qui initièrent « le progrès », qui leur fut bien plus tard confisqué par les hommes, situation qui dure encore.

Le « progrès » a engendré le savoir, le savoir erroné, l'erreur, et l'absence de savoir, l'ignorance.

Pour transmettre le savoir il fallait du temps dans une vie. Pour réussir cette transmission l'humain inventa quelque chose. Alors qu'autonome vers l'âge de quatre ans, car parvenant à se nourrir seul, le petit humain était jadis en quelque sorte « adulte », ça changea. On le fit dorénavant entrer dans une enfance prolongée.

A l'entrée de celle-ci se trouve le sevrage tactile. Plus de câlins ! Tu dois apprendre !

Ce trouble majeur de l'enfance prolongé marque toujours son empreinte sur les humains. Privé de maman ou papa, la plupart des humains lui cherche un substitut, une sorte de papa ou maman bis.

Dans le domaine de l'amour, expression de cette quête impossible, sévit le mythe dévastateur de l'amour unique et merveilleux qui résout tout.

Dans le travail, le « chef » : patron, contremaitre ou chef d'équipe, voire simple ancien, tend à devenir une sorte de dieu terrifiant. Un simple homme devant lequel tremble ses subordonnés.

En politique, la caricature est plus marquée encore. Une tendance politique est divinisée. Une forme de gouvernement est idolâtrée. Et on voit des chefs quelconques élevés au rang de dieux et de héros. Ils sont des individus ordinaires, au mieux pas pires que bien d'autres. Mais autour d'eux, quantité de personnes apparemment très raisonnables par ailleurs, s'abaissent à se croire plus petits. Ils ne croient pas en quelqu'un parce qu'ils ont des bonnes raisons de croire. Ils croient parce qu'ils éprouvent le besoin de croire.

Le contraste est très souvent étonnant entre l'intelligence et les capacités d'un individu, et son comportement naïf et stupide à propos d'une idole politique ou une autre.

On dirait que le sens critique se trouve soudain débranché. Quand je contredis un ami sur un sujet politique, sur une de ses possibles idoles, il se fâche régulièrement. Et s'exclame : « alors, on ne peut rien faire ?! » Sous-entendu qu'on doit pouvoir faire quelque chose, même s'il n'existe pas de solutions.

Le même ami choisit de par le monde son conflit préféré et fait mine, de loin, de s'y impliquer. Comme ça, il a l'impression de faire quelque chose et remplir une belle fonction. La naïveté des humains en politique apparaît souvent sans limites. Si le Père Noël n'existe pas, il s'empresse de l'inventer et le réinventer tous les jours. L'enfance prolongée joue des tours à plus d'une personne !

Basile, philosophe naïf, Paris le 7 juin 2016

samedi 4 juin 2016

557 Ne rien laisser paraître, mentir, pourquoi faire ?

Un personnage connu, un de plus, a été pris « la main dans le slip », harcelant et agressant de jolies femmes de son entourage. Peu importe son nom, il y en a d'autres. Les témoignages montrent un macho classique s'en prenant au gibier féminin alentour dès qu'il se retrouve en tête-à-tête avec. Bisous volés et seins agrippés, propositions diverses... tout ce que rencontrent malencontreusement et quotidiennement d'innombrables femmes de tous les milieux. Ce qui est intéressant à relever, ce sont les réactions face à ce scandale récent.

Dans un train, tout dernièrement, j'observais deux couples d'enseignants retraités en voyage. Comme ils étaient voisins et parlaient forts, j'entendais leurs commentaires de l'actualité. Ils en vinrent à commenter l'histoire de cet homme aux mains trop baladeuses.

Les femmes ne disaient rien à ce propos. Et un des hommes s'étonnait de vive voix : « comment est-ce possible qu'un homme puisse avoir une telle conduite, puisse agir pareillement ? »

On a là tout le résumé des comportements classiques féminins et masculins dans notre société française et parisienne, et d'autres sociétés encore.

Les femmes savent bien que cet harcèlement, ces agressions existent. Elles se taisent. Les hommes savent aussi cela... et font semblant de le découvrir. Font mine de voir là un phénomène marginal, inattendu, exceptionnel.

Pourquoi de tels comportements ? Parce que nombre de femmes sont résignées et courbent la tête. Et nombre d'hommes... couvrent et excusent, voire envient, même partagent les comportements critiqués.

Aux femmes on a appris à se taire. Aux hommes à être complices. J'entendais un jour deux hommes cultivés, propres sur eux, apparemment « corrects et bien élevés » parler du viol.

L'un des deux disait : « si une femme se fait violer, c'est qu'elle le veut bien. » Son interlocuteur l'approuvait. Ils ne se gênaient pas d'énoncer cette opinion, car ma présence ne les dérangeait pas. Nous étions « entre hommes ». Ça se passait à Paris il y a quelques dizaines d'années.

On parle souvent dans les médias de la quantité énorme de femmes qui ont été agressées sexuellement. Le chiffre est toujours au minimum égal à trente pour cent. C'est-à-dire que sur dix femmes, environ trois au moins, et certainement bien plus, ont été agressées. En parlent-elles aux hommes ? Pratiquement jamais, comme si être une victime serait déshonorant. Mais si autant de femmes se sont fait et se font agresser sexuellement, ça signifie aussi que dans notre entourage il y a des agresseurs passés, présents et futurs. De cela on ne parle jamais.

Leur présence, la mansuétude dont ils bénéficient, explique l'attitude de beaucoup d'hommes qui ne sont pas tous des agresseurs, mais ne condamnent pas trop ces derniers. Il y a là un problème important.

Il témoigne de ce que beaucoup de gens ne comprennent pas grand chose à la vie, aux relations homme femme et leurs implications. Chercher à les comprendre, à s'améliorer, se remettre en question, n'apparaît pas pour beaucoup être une préoccupation. Suivre le troupeau. Faire comme si on découvrait un phénomène rare le jour où un agresseur sexuel est dénoncé. C'est plus facile et rassurant pour certaines personnes, y compris apparemment « correctes et bien élevées ».

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 juin 2016