mercredi 21 janvier 2015

335 Comment donner la possibilité à l'amour de venir à nous

Il existe au moins trois types de sentiments très particuliers et différents qui attachent les humains entre eux. L'un serait de se sentir congénères. On pourrait appeler ça « la congénarité », le sentiment d'appartenir à une même espèce, juste cela ou presque. Elle nous fait définir l'autre de diverses manières : c'est une connaissance, un voisin, un collègue de bureau, une rencontre de vacances...

Ensuite existerait l'amitié. Et enfin, l'amour. Comment le définir ? Cherchez à définir le goût du sucre, la couleur rouge, la mer, si vous ne l'avez jamais vu. C'est impossible. Il le faut le gouter, le voir. L'amour, c'est pareil, il faut le vivre pour comprendre ce que c'est.

Le besoin d'amour insatisfait amène toutes sortes de comportements qui égarent, éloignent ou tiennent en tous cas à distance de l'amour.

Parmi ces comportements erronés, certains, fréquents, peuvent être cités ici :

Croire que l'amour c'est de l'amitié plus du « sexe ». C'est à dire de l'amitié plus de la pratique sexuelle, ou considérée telle, comme, par exemple, le bisou sur la bouche. Certains très jeunes gens et très jeunes filles considèrent ainsi qu'ils « pratiquent le sexe » juste en s'embrassant sur la bouche.

Une autre démarche erronée consiste à croire que l'amour c'est de la jalousie plus du sexe. C'est à dire de la pratique sexuelle, ou considérée telle, plus de la jalousie.

Une troisième démarche erronée c'est croire que l'amour consiste en une relation où on prend de grandes décisions à la va vite, comme emménager ensemble ou déclarer à la cantonade que dorénavant « on est ensemble ». En avalisant éventuellement cette proclamation par une cérémonie en mairie, par exemple. Cérémonie qu'on appelle « mariage » et qui n'est pas forcément l'amour.

On peut, bien sûr, combiner ensemble plusieurs démarches erronées.

Pour que l'amour surgisse, il faut deux choses qui ne se décident pas. Et une qui se décide plus ou moins :

Les deux choses qui ne se décident pas sont : un terrain favorable. Et un minimum de confiance réciproque. Celle-ci naît avec le temps, si le terrain est favorable. Sans elle, il n'y a pas d'amour.

La troisième chose indispensable et qui se décide plus ou moins, c'est : respecter l'amour.

Respecter l'amour signifie éviter les obstacles qui sont essentiellement :

Le sexe artificiellement ramené. On baise sans désir véritable et authentique parce qu'on croit devoir le faire.

La jalousie, qui est une forme de haine destructrice, d'expression du manque, voire de l'absence de confiance. Celui ou celle qui est très jaloux ne sait pas. Et n'arrivera pas à aimer.

Les grandes décisions prises à la va vite, comme annoncer très vite à la cantonade qu'on est « ensemble », etc. Ou encore, par exemple, emménager ensemble alors qu'un des deux n'en a pas trop envie et se laisse entrainer, pousser par l'autre.

Manquant d'amour, que font les humains qui les égare et empêche l'amour de venir à eux ?

Diverses conduites existent :

Se droguer, c'est à dire être amoureux d'une substance : alcool, tabac, haschich, héroïne, etc. ou d'une pratique stupéfiante : jouer aux courses, passer sa vie à faire des jeux sur un ordinateur ou être pendu en permanence à son téléphone pour échanger des banalités, etc.

Devenir amoureux d'autre chose que d'êtres humains. Par exemple être amoureux de son travail, en faire sa vie au point qu'arrivé à la retraite on meurt rapidement ou on se suicide. On peut aussi tomber amoureux de l'argent, du « pouvoir », de la « célébrité » qu'on recherche à tous prix. Soit en fréquentant ou cherchant à fréquenter des personnages « célèbres ». Soit en cherchant à tout prix à le devenir nous-mêmes.

On peut aussi cultiver l'idée absurde d'un « monde idéal ». Ce rêve est l'expression de l'amour qui nous manque et de ce manque que nous n'identifions pas comme tel. Sinon, n'importe quel individu un tant soi peu sensé, en considérant les faits historiques et le comportement des autres, en déduit très facilement qu'avec des humains qui ne sont pas idéaux on ne saurait imaginer la naissance d'une société idéale. S'agissant de cette croyance, il existe des exemples anciens. Par exemple, certains Espagnols rêvaient jadis d'un pays imaginaire qu'ils appelaient « El Dorado ». Ou ils rêvaient de parvenir jusqu'aux « sept cités de Cibola ». Plus récemment, dans les années 1920, la Russie était un pays ruiné par la guerre civile, affamé, en ruines et vivant sous une terrible dictature. Pourtant, des dizaines de millions d'hommes et femmes intelligents, sensibles, lucides, de par le monde, en arrivaient à croire que la Russie c'était le Paradis sur Terre. Ils manquaient d'amour. Et le manque d'amour rend souvent incapable de percevoir la réalité si elle nous fait mal.

Parfois, ce monde rêvé se résume à une fabuleuse « vie à deux » où « le Grand Amour » arrangerait tout comme par miracle. Ou alors ce serait « le Grand Sexe », une pratique sexuelle également fabuleuse qui assurerait magiquement un bonheur total. Ou encore, la croyance en la valeur suprême et transcendantale de « la Beauté ». Un être d'une beauté considérée comme fabuleuse assurerait par sa seule présence une félicité absolue. C'est un peu comme si je croyais qu'il me suffit d'approcher et séduire une femme admirable pour que tout aille bien pour moi. D'où ma démarche serait, par exemple, d'approcher et chercher à séduire une fille très jolie, voire une célébrité du spectacle ou de la chanson, telle Laetitia Casta ou Nolwenn Leroi. Cette démarche stupide, pitoyable et risible fait que les célébrités se font très souvent harceler. Et reçoivent des déclarations d'amour enflammées et des demandes en mariage de parfaits inconnus. Ce harcèlement conduit les célébrités à s'entourer de barrières qui empêchent tout le monde de les approcher.

Pour compenser le manque de l'amour se développent également des comportements déviants. Par exemple, se délecter de connaître en détails la vie « sexuelle » des autres, célébrités ou collègues de bureau. On peut aussi chercher à violer les personnes qu'on a remarqué comme « désirables » et qui sont loin de souhaiter une activité sexuelle avec nous. Ou, dans sa démarche de recherche de « l'amour » ou du moins de ce qu'on croit être l'amour, on va chercher systématiquement des partenaires très très jeunes ou très très âgés par rapport à soi. On pourra aussi fréquenter des soirées libertines, faire de l'exhibitionnisme, se gaver de pornographie, etc.

L'amour conduit-il forcément au « sexe » ? Absolument pas, il peut en avoir besoin, s'en passer, en être exempt, voire être totalement incompatible. Ça dépend des cas. On peut être authentiquement amoureux d'un, une, ou plusieurs partenaires sexuels. Et détruire son amour avec le sexe partagé. Ça arrive fréquemment.

L'amour authentique et véritable peut exister entre des personnes qui, non seulement ne pratiquent pas le sexe entre elles, mais de plus n'en ont pas envie. Et même entre lesquelles ce type de rapports est mal vu, voire carrément interdit par la loi. Certaines fortes amitiés sont en fait de l'amour qui ne dit pas son nom. Et certains prétendus amours ne sont que de l'amitié « bricolée » qu'on s'efforce vainement à transformer en amour.

Le sexe et l'amour sont deux choses différentes qui ne vont pas toujours nécessairement ensemble. S'agissant du « sexe », il faut éviter de se fabriquer des faux désirs. Comme, par exemple, se dire en pensant à une femme qui nous plaît pour son allure, sa beauté, son caractère : « elle est formidable, donc je dois chercher à faire l'amour avec elle ». Cette démarche est parfaitement stupide et destructrice, y compris de la naissance d'un éventuel amour entre cette femme et vous. Amour qui n'inclura pas nécessairement une activité sexuelle partagée.

Ramener le sexe comme un cheveu sur la soupe. Cette manière de faire hélas très répandue a des conséquences dévastatrices en région parisienne et certainement dans bien d'autres endroits. Les femmes, surtout jeunes et jolies et se déplaçant seules dans des lieux publics n'osent pas simplement regarder les hommes ou leur sourire, ou leur parler. Elles se méfient à juste titre. Car, quantité d'hommes croient que toutes approches réelles ou supposées sont une ouverture vers un rapport sexuel impératif. Et s'ils se sentent ensuite contrariés ils peuvent devenir parfois violents, et même violeurs. Parmi les hommes qui hypersexualisent les femmes et sont incapable d'avoir des rapports sains et respectueux avec elles, on trouve des personnes sensibles, intelligentes, mais totalement abusées par leur mauvaise éducation et les mauvais exemples qu'ils suivent.

Certaines femmes, contaminées par cette éducation hypersexualisante ont des comportements qui rappellent ceux des hommes hypersexualisés. Elles n'en sont pas plus heureuses pour autant. Les hommes hypersexualisés les rejettent, car leur comportement sexuel se veut dominateur. Et ils se retrouvent comme un coq qui drague un coq. Il y a incompatibilité. On ne saurait mettre ensemble deux coqs dans une même basse-cour et qu'ils s'entendent ensuite.

Mais même des gens sensibles et doux se font abuser par leur mauvaise éducation et les mauvais exemples qui les conditionnent et qu'ils suivent bêtement. Mon père m'a raconté que, quand il était jeune, dans les années 1920, il avait une amie avec laquelle il s'entendait en tout merveilleusement bien. Elle n'était ni sa maitresse, ni sa fiancée, ni sa femme, ni quoi que ce soit de ce genre. Elle était juste une prodigieuse amie. Et, appréciant cela, il s'est dit : « si nous nous entendons aussi bien, pourquoi ne pas nous marier ? »

Il a fait sa demande. A choqué l'amie. Elle a cessé de le voir. Devenu vieux, mon père en conservait encore des regrets.

Il avait cru que l'amour signifiait le mariage, donc le sexe.

Moi-même, j'ai failli briser une amitié en ayant une démarche similaire il y a bien des années. Une amie me paraissait bien en tout... alors, pareillement que mon père bien des années auparavant, j'ai fait le même stupide raisonnement intellectuel. « Si on s'entend si bien, pourquoi ne pas faire notre vie ensemble ? »

J'ai pondu une lettre de six pages que j'ai envoyé à cette amie. Cette lettre a bien failli détruire notre amitié. Elle l'a en tous cas refroidi pour de longues années.

Laissez venir l'amour à vous. Ne cherchez pas à le faire venir à vous.

Il est comme un oiseau qui s'approche timidement de vous. Si vous lui criez d'approcher, il s'envolera.

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 janvier 2015

lundi 19 janvier 2015

334 Fragments d'élitismes

L'élitisme négateur de l'Humanité, comme bien d'autres, j'y ai été confronté. Il prend des aspects particuliers selon les groupes, les milieux. Mais il a toujours la même signification : « au fond, l'Humanité, le Genre humain n'existe pas. Il y a les vrais gens valables : nous et les autres membres de notre groupe, les autres représentants de notre milieu. Et ceux qui se prétendent des êtres humains en dehors de ce cercle étroit, ne sont en fait rien. »

Une triste et regrettable conséquence de cette situation est un catastrophique appauvrissement de l'Humanité. En effet, si vous avez une excellente idée pratique mais n'appartenez pas à la branche, au groupe concerné, il sera impossible d'en faire profiter. Si vous êtes par exemple un agriculteur et avez une idée absolument génial pour améliorer la construction des digues contre les inondations, personne ne daignera vous écouter. Et surtout pas les constructeurs de digues, et encore moins les techniciens et ingénieurs concepteurs de digues. Il n'y aura rien à faire. Et si, inversement, un ingénieur constructeur de digues fait une trouvaille absolument génial pour améliorer la culture des champs, il n'y a autant dire aucune possibilité que son invention soit mise en application. Les agriculteurs ne voudront pas l'écouter. Et tout le reste partout est ainsi fait. En tous cas chez nous, en France et à Paris, mais sans doute pas qu'en France et à Paris. L'intelligence humaine, la créativité humaine est bridée. Et, au sein de chaque groupe, il y a également une hiérarchie. Dans le milieu hospitalier soignant, par exemple, il y a en bas, les agents de services hospitaliers, puis au dessus : les aides soignants, les infirmières, les infirmières chefs, les internes, les médecins, les chefs de cliniques, les professeurs... si un membre de cette hiérarchie s'avise à empiéter sur les prérogatives de la couche supérieure, malheur à lui ! Un médecin de base qui découvre un traitement efficace mais que seuls ses « supérieurs » sont « en droit » de trouver, ne sera pas écouté. La masse de découvertes utiles dans tous les domaines qui part à la poubelle chaque année est phénoménale.

J'ai été confronté à l'élitisme des « artistes ». Fréquentant l'École des Beaux-Arts, je me souviens du mépris affiché par un élève vis-à-vis des « peintres du dimanche », qui « peignent des bouquets de fleurs ». Ce sont pourtant de vrais artistes. Mais, ceux qui fréquentent une grande école d'art, et se proclament « artistes », vont souvent témoigner d'un mépris agressif pour les artistes du dimanche. J'ai aussi vu ce mépris affiché par des enseignants de la même école.

Quand j'ai eu 33 ans, j'ai élaboré une théorie sur l'univers, fruit de vingt-six années de réflexion. Considérant cette théorie comme très valable, très intéressante et nouvelle, j'ai voulu la communiquer à des scientifiques. La soumettre à leur avis. Je ne savais pas que mon ambition était déplacée dans notre société. Quand on ne fait pas partie de la caste des scientifiques, on n'est pas en droit de prétendre émettre une théorie dont la prérogative d'émission est réservée aux « savants ».

J'ai envoyé des courriers, la plupart restèrent sans réponses, exceptées deux aimables accusés de réception. L'un venant d'Angleterre, l'autre, de la Société française d'astronomie, qui regroupe des amateurs d'astronomie. Enfin, j'arrivais à obtenir un rendez-vous. C'était avec un vulgarisateur du Palais de la Découverte. Là où il travaillait, au contact du public, il ne pouvait pas m'esquiver.

Je me rendis au rendez-vous qu'il m'avait fixé au Palais de la Découverte. Le vulgarisateur m'avait promis m'inviter ensuite à la séance du planétarium, qu'il commentait. Précieuse invitation ! Ma bourse plutôt plate me privant du plaisir de me rendre dans ce lieu très apprécié par moi. J'apportai mes trois pages de réflexions. L'homme les parcouru et me tint le discours suivant : « Vous savez, quand des scientifiques élaborent une théorie, ils réfléchissent çà la virgule près... » Sous-entendu que mon texte, très longuement travaillé, ce qui je pense, se voyait, aurait été bâclé et rédigé à la va-vite, ce qui n'était nullement le cas.

Et, s'agissant de mon argument essentiel, la réponse fut : « ça n'est pas comme ça que les scientifiques se posent la question ! » Sous-entendu : « il existe une façon de se poser la question et elle appartient aux scientifiques, pas à vous. Fermez-là ! » Voilà. A mon interrogation on me répondait en brandissant l'autorité de « ceux qui savent ». Au lieu de discuter, répondre à mon propos, on me répondait : « ta gueule ! »

Mon estime pour « les scientifiques » s'est alors effondré. Et, me quittant, le vulgarisateur, oubliant sa promesse de m'inviter au planétarium, m'a planté là. Bravo !

Exceptée une correction de mon texte qu'il m'avait indiqué, pour le reste, mon cher vulgarisateur ne m'avait pas répondu. Et m'avait en même temps donné l'explication du silence de ses chers collègues. Ils ne me répondaient pas, tout simplement parce qu'ils me crachaient dessus. Je n'étais pas un des leurs. J'ai compris aussi à cet instant-là que la théorie du « Big Bang » c'est de la merde. Et j'en suis resté depuis à cette conviction.

Je m'étais coltiné ici les physiciens, astronomes, astrophysiciens. Je devais par la suite me confronter à une autre catégorie d'élitistes méprisants : les élitistes méprisants membres du « corps médical ».

Voilà comment j'ai eu affaire à ces méprisants-là. Un jour, dans les années 1980, j'avise en occasion dans une librairie un livre au nom énigmatique : « Les microbes sont-ils nos ennemis ? » L'auteur : un certain docteur Marc Emily, que je ne connais pas. L'édition remonte à 1966. Je l'achète.

En lisant cet ouvrage j'ai eu le sentiment qu'il se composait de deux parties. Une longue introduction formée de comptes-rendus de soins médicaux utilisant un médicament particulier. Et ensuite, une longue digression ayant pour prétention de donner une preuve médicale et scientifique de l'existence de Dieu à travers la controverse entre les travaux de deux scientifiques français : Bechamp et Pasteur.

Je laisse de côté la deuxième partie du livre et m'intéresse plus à la première. Il y est question d'une substance biologique particulière extraite en 1903 du bacille de Koch par le professeur de médecine français André Jousset. Il l'a étudié durant trente années. Emily rapporte que le produit en question, que Jousset a baptisé « l'allergine », est d'un intérêt médical très grand et qu'il a cessé d'être fabriqué en 1958. Il accuse les laboratoires pharmaceutiques d'avoir été à l'origine de cette décision selon lui révoltante et totalement injustifiée. Il me semble aussi que Jousset a été un catholique extrêmement pratiquant, fait qui lui aurait valu l'hostilité de ses confrères, étendue à ses travaux de recherches.

Je ne suis ni médecin, ni pharmacien, mais cette histoire d'allergine m'a intrigué et a attiré mon attention. Par la suite, durant des années, j'ai cherché à intéresser des médecins ou pharmaciens à cette fameuse et intrigante allergine dont l'action universelle rapportée par Emily tendait à faire penser à un renforcement des défenses immunitaires du malade par un mode d'action mystérieux.

Je n'ai jamais prétendu « savoir » ce que c'était que l'allergine, mais juste voulu attirer l'attention de médecins ou chercheurs éventuels en pharmacie pour qu'ils se penchent sur ce produit oublié.

Que ce soit des inconnus, des voisins ou des proches, j'ai été systématiquement accueilli par un immense et aimable éclat de rire. Quoi ! Ce Basile, diplômé des Beaux-Arts qui prétend s'occuper de médecine ! En fait d'éclat de rire, c'était un « éclat de rire » discret. J'ai bien senti que, sans me le dire ouvertement, tous mes interlocuteurs n'avaient strictement rien à foutre de mes propos.

Je leur disais : « vous pourriez vous intéresser à cette substance ? Peut-être même pour la tester contre une maladie apparue bien après le retrait de l'allergine du codex.... » Autant pisser dans un violon.

En désespoir de causes, après bien des années, je me suis dis : « Bon, je ne suis ni médecin, ni pharmacien.... mais comme les médecins ou pharmaciens ou étudiants en pharmacie auxquels je me suis adressé n'en ont rien à foutre, je vais aller faire mes recherches quand-même et moi-même ! »

Je me suis rendu à la bibliothèque de la faculté de pharmacie de Paris V. J'ai reçu l'accueil le plus aimable possible. C'était en 1997. J'ai cherché des écrits sur l'allergine. J'en ai trouvé et photocopié. Par la suite, j'ai envoyé ce dossier à diverses personnes. Ça n'a servi à strictement rien.

Cette allergine présente-t-elle de l'intérêt ? Nous ne le saurons que le jour où une personne habilitée à en parler en fera un sujet d'études. Pour l'instant, en tant qu'artiste peintre et poète, j'ai compris qu'il ne me reste plus qu'à fermer ma gueule. En attendant qu'un autre peut-être découvre un usage curatif intéressant pour l'allergine.

Comme me le disait il y a des années mon médecin traitant de l'époque : « en France, quand quelqu'un dit quelque chose, on ne s'intéresse pas d'abord à ce qu'il dit, mais à savoir qui il est. S'il n'est pas considéré comme une voix légitime pour s'intéresser au sujet dont il parle, on n'attache aucune importance à son propos. Quel que soit l'intérêt de celui-ci. C'est différent aux États-Unis et au Canada. »

J'ai ainsi été confronté avec l'allergine à l'élitisme médical. Une autre variété d'élitisme est celui du milieu de la presse. Et précisément des journalistes, dont certains « se la pète », comme on dit vulgairement.

C'était en 1994. Je commençais à peine à rendre public mon initiative pour la renaissance du Carnaval de Paris. Je souhaitais faire connaître non moi, mais le projet. Par la presse notamment, et c'est pourquoi je me suis rendu au siège d'un grand journal quotidien. Là, je sympathise avec le planton au rez-de-chaussée. Nous avons presque travaillé avec le même supérieur. Lui comme garde républicain, moi comme civil employé au nettoyage d'une caserne de la garde républicaine. Le planton apprenant ma démarche cherche à m'aider. Il appelle de son poste un journaliste et me passe le combiné. Là, c'est la déception. Alors que je suis venu parler du Carnaval de Paris, de sa renaissance, mon interlocuteur me prend de très haut. Je sens que pour lui je suis quelqu'un qui l'implore de bien vouloir parler de moi et lui il refuse. Dialogue de sourds, où le journaliste joue à la vedette sollicitée par un admirateur importun. C'est fini. Il n'y a rien à obtenir pour le Carnaval de Paris. Je termine la conversation. Ça n'est pas aujourd'hui que ce journal va parler de la renaissance du Carnaval de Paris.

M'occupant toujours et à la même époque du développement du projet de renaissance du Carnaval de Paris dont j'avais pris l'initiative, j'ai été confronté à un autre élitisme : celui des politiques.

Toujours en 1994, j'écris un courrier assez volumineux à l'adjointe au maire de Paris chargée de la Culture. Comme je n'ai pas le sou, plutôt qu'acheter des timbres, je prends la grande enveloppe et la porte à l'Hôtel de ville. J'arrive jusqu'à l'entrée du secrétariat de la dame en question. J'aperçois là un couloir derrière une paroi vitrée où s'ouvre une porte vitrée également. Mais, il y a visiblement plusieurs bureaux. Auquel remettre ma missive ? Pas de problème ! Il y a deux dames qui conversent sur le pas de porte de la porte vitrée. Je leur demande où porter le courrier. Elles me l'indiquent. Mais j'ai aussi perçu dans leur regard, leur ton, le plus parfait mépris envers moi. Pourquoi ? Parce que, avec mon enveloppe à la main, je leur faisais penser à un simple coursier. Autant dire rien. C'est ainsi partout, le mépris est redondant. Comment voulez-vous envisager une société juste, harmonieuse, égalitaire, quand partout on rencontre de tels comportements ? C'est impossible tant que ça durera. Et ça paraît plutôt parti pour durer encore très longtemps.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 janvier 2015

333 Philosophie, violence et petites histoires

La culture est une drôle de chose. Si nous sommes nus le matin et nous habillons, en règle générale, une fois que nous avons fini de nous habiller, nous avons le sentiment d'être enfin pleinement nous-mêmes. Alors que c'est exactement l'inverse. Tant que nous sommes nus, nous sommes nous-mêmes. Une fois habillé, ça n'est plus pareil. Mais, pourquoi cette impression d'être enfin nous-mêmes une fois habillés ? Parce que nous sommes enfin « présentables ». Il n'est guère possible de se présenter nu devant les autres : ses voisins, sa boulangère, ses collègues de bureau. Pour faire partie de notre société, il faut être habillé... mais est-ce bien notre société ? Il n'y a pas que les habits physiques, il y a également les vêtements idéologiques. Par exemple, il est très mal vu à Paris de déclarer : « j'aime ne rien foutre », ou encore : « aujourd'hui, je me suis branlé ». Tout un tas de gens aiment ne rien foutre ou se branle... mais, chut ! Personne ne doit le dire. « Ça ne se fait pas ». Être accepté, ça consiste à ne pas être nous-mêmes, mais prendre le rôle qu'on est sensé assumer. Ou qu'on pense devoir assumer. Un jour, j'ai parlé avec un très haut fonctionnaire français. Il était membre du Conseil d'État et, à l'heure du repas de midi, en semaine, il était en jogging en train de faire de la gymnastique dans un stade. Je lui ai demandé : « mais, si tu voudrais, tu pourrais aller au bureau en jogging ? » Il m'a répondu : « oui, mais on me prendrait pour un fou ».

La philosophie ne doit pas nous donner des réponses aux questions, elle doit nous aider à réfléchir et trouver nous-mêmes nos réponses. Sinon, ce serait trop facile. Il suffirait d'écrire « soyez bon » sur un morceau de papier. Le multiplier à six milliards d'exemplaires, le distribuer, et le tour serait joué.

L'autre jour, j'étais en compagnie de trois dames. Elles commencent à parler de leurs croyances. Une sorte d'animisme, où se rencontre des esprits, des anges, etc. Elles parlent aussi du « polyamour ». Un truc soi-disant nouveau, où on a de manière avouée plusieurs partenaires sexuels dans sa vie au même moment. J'ai abrégé ma rencontre. Pourquoi ? Parce que je ne partage pas du tout ces croyances. Et n'accorde pas mon attention à cette version revisitée du « ménage à trois » : le mari, la femme, l'amant ou la maitresse. Mais, ces dames ont le droit d'y croire. Je n'ai pas à les contrarier.

Certains disent ne pas être violents et sont d'une violence inouï. Mais, comme il s'agit « seulement » de violence morale, ils s'imaginent qu'elle est inoffensive. Pourtant, d'après une statistique réalisée j'ignore comment, il serait établi que les suicides causent plus de victimes que les guerres.

Inversement, il y a des personnes très violentes en paroles, qui sont d'une douceur extraordinaire dans leurs actes.

Les humains ont inventé un concept bizarre et piégeant qu'ils ont baptisé : « la sexualité ». Avant, on disait : « la chair ». « La sexualité » ça fait plus propre, moderne, sérieux, objectif, « scientifique », neutre... mais, c'est exactement pareil. Soi-disant, à un moment donné, il y a obligation de foutre. Cette énormité est admise par la plupart des gens. Ils sont moralement abimés.

L'autre jour, je revoyais une très jolie fille pas vue depuis des années. Soudain, à un moment, elle me lâche : « j'ai rencontré quelqu'un ». Puis, parle d'autre chose. Le message, en fait, est ultra-violent : il signifie, « ne me touche pas. J'ai un foutreur attitré. Seul lui a le droit de me foutre. Et je suis très heureuse d'être foutu par mon foutreur ». Mais, à cette femme, je n'ai rien demandé. Qu'elle dissimule son impuissance affective et son incapacité à faire des câlins désintéressés derrière ce discours-là, c'est son problème, pas le mien. Moi, c'est l'amour qui m'intéresse, les câlins, et faire l'amour, peut-être, à l'occasion, ou même pas du tout.

Basile, philosophe naïf, Paris le 19 janvier 2015

dimanche 18 janvier 2015

332 L'origine de la violence

On peut avoir les convictions les plus étranges et diverses. Ce qui choque, c'est le recours à la violence morale, verbale, physique... Quelle en est l'origine ?

Elle se trouve dans l'hypersexualisation des humains. Pour des motifs historiques mystérieux, la culture humaine a développé une atmosphère de rut permanent où la compétition sexuelle et la réduction de l'autre à une proie est un trouble général. Ce trouble est universellement répandu, au point qu'on réalise très mal son existence et son caractère parasitaire et étranger à l'Humanité.

Quand il y a hypersexualisation, le résultat est calamiteux. Les femmes sont insultées et méprisées à tout instant, y compris par des personnes apparemment gentilles par ailleurs. Des enfants sont agressés sexuellement, car ils représentent des proies et victimes plus vulnérables et accessibles que des proies adultes. Et la violence se développe partout, fruit de la frustration causée par le manque d'amour, tendresse, câlins. Les humains adultes, très souvent, ne savent pas aimer. Ils appellent « amour » des rapports sommaires, nappés dans la violence et la jalousie négatrice de l'autre.

Plus une société méprise l'amour, le nie, écrase les proies sexuelles que deviennent celles et ceux qui devraient être l'objet d'attention, douceur, tendresse, plus la violence se répand partout.

Le jour où l'Humanité comprendra l'erreur de sa vision globale de la sexualité et y mettra un sérieux bémol, elle commencera à respirer. Le jour où la moitié de l'Humanité sera capable de passer nue la nuit avec l'autre moitié, également nue, se faire tous les câlins possible, sans « faire l'amour » et sans se sentir en aucune façon frustrée ensuite, l'Humanité entière aura fait un très grand pas.

La sexualité authentique est une chose rare. La plupart du temps, elle est surfaite, déformée, caricaturée, exagérée. Manger ou se goinfrer ça n'est pas la même chose. Se nourrir ou faire de la boulimie, ça n'est pas non plus la même chose.

Quand j'en viens à proférer des critiques sur le comportement sexuel humain, je vois souvent mes interlocuteurs noyer le poisson en invoquant l'originalité de chacun... Il y aurait des personnes plus portée sur la chose que d'autres.

Essayez donc, si vous êtes une jolie femme, de traverser Paris en plein jour, ou pire, en pleine nuit, sans vous faire emmerder ! Essayez d'aller lire, seule, un livre, sur un banc, dans un grand jardin parisien, sans vous faire systématiquement importuner par quelques crétins ! Et vous appelez ça « de l'appétit » ?

Vous avez vu à quoi ressemble les prestations dites « sexuelles » de la plupart des hommes, nuls au lit et obsédés par « leur petite affaire » ? Bon, passons ! Il y a un problème. Et ce problème en recouvre un autre : celui de la violence en général dans la société. Que cette violence porte le nom qu'on voudra : compétition économique, concurrence politique, etc.

On fait des théories sur « le sexe » pour expliquer un tas de choses. Mais quand va-t-on passer au crible les perturbations générales de cette activité et ses conséquences dans les rapports humains en général ? Si, à Paris à présent, dans les transports en commun, vous effleurez par hasard quelqu'un, vous vous excusez aussitôt. Pourquoi ? Parce que sinon ce serait « des avances sexuelles ». En revanche, vous pouvez, sans problème, caresser un chien, un chat ou un lapin nain d'appartement que vous ne connaissez pas. Pauvre société malade où les animaux sont mieux lotis que les humains question câlins ! Étonnez-vous après de la violence présente en permanence chez les humains !

Basile, philosophe naïf, Paris le 18 janvier 2015

vendredi 16 janvier 2015

331 Une notion prétendument présente et pratiquement toujours absente

Il s'agit de la notion « d'être humain ». En théorie elle est omniprésente. Dans les faits, le plus fréquemment, absolument pas. Nous voyons des groupes qui se reconnaissent une qualité supérieure aux autres. Ainsi, par exemple, il est très fréquent que des hommes se considèrent « naturellement » supérieurs aux femmes. Alors qu'ils sont juste différents d'elles. Bien rares sont les hommes aujourd'hui, y compris en France et à Paris, qui considèrent les femmes effectivement comme des êtres humains au même titre qu'eux.

Les qualités des hommes et des femmes sont différentes. Ainsi, les hommes sont souvent et pas toujours, plus forts physiquement que les femmes. En revanche, les femmes sont souvent plus résistantes que les hommes. Le style d'humour, d'écriture, de réalisation de films d'une femme diffère du style masculin dans des activités créatives similaires. L'homme est souvent plus violent que la femme. La quantité d'accidents graves de voitures faits par des hommes est beaucoup plus importante que celle causée par les femmes. Même chose, même large différence de pourcentages, s'agissant des crimes de sang et du nombre des emprisonnés.

Les riches et les pauvres, les cultivés et les incultes, les alphabétisés et les analphabètes... Autant de clivages où vient se glisser en douce le mépris de son prochain.

J'ai longtemps travaillé comme balayeur. Le jour où je devais quitter cet emploi, un brave homme qui me saluait aimablement chaque fois qu'il me voyait, m'a honnêtement avoué que, me voyant balayer, il était persuadé que j'étais un débile bénéficiant d'un emploi réservé.

Quand on vous observe, on vous classe. Et on classe plus facilement « en bas » que « en haut ».

« Aimer son prochain », principe primordial et fondateur. Souvent invoqué, mais combien de personnes l'appliquent effectivement et sans discussion ? Leur manière de penser est : « j'aime mon prochain, mais... » Il est en théorie mon prochain, mais en fait, il n'est pas, n'est plus, n'a jamais été à mes yeux mon prochain. C'est ainsi qu'énormement de gens fonctionnent.

La société française, comme les autres sociétés, est de facto morcelée en castes qui s'opposent. Les jeunes méprisent les vieux. Les anciens, autrement dit : « les vieux », méprisent les jeunes. Les diplômés méprisent les « incultes », c'est-à-dire, les non diplômés... etc.

Nulle part ou presque est envisagée la stricte et simple égalité, qui n'exclue pas la variété, les différences. Il faut soi-disant absolument être supérieur ou inférieur, jamais égal et différent. Telle est la règle presque toujours suivie.

Qu'on ne s'étonne pas ensuite si rien ne fonctionne vraiment bien dans notre monde divisé. Tant qu'on ne respecte pas son prochain on ne peut le comprendre, ni bien sûr l'aimer.

Dans un poème russe on voit un chevalier qui court pour rattraper un homme qui marche d'un pas pesant. Il a beau courir, il n'arrive pas à le rattraper. A la fin, il apostrophe l'homme : « Qui es-tu ? » « Je suis le peuple », réponds l'homme qui marche et qu'il n'arrive pas à rattraper en courant.

Telle est la réalité. La puissance de la masse, du « peuple », est inimaginable. A nous de savoir la respecter. Ça ne peut que nous profiter. Il vaut toujours mieux voir la réalité que des fantasmes plaqués sur elle. Le plus haut degré de la philosophie, a dit Angelo Fortunato Formiiggini, c'est le rire. J'ajoute que le plus haut niveau d'organisation humaine et réelle, c'est la fête.

Basile, philosophe naïf, Paris le 16 janvier 2015

dimanche 4 janvier 2015

330 Gagner le moins d'argent possible

Quand on critique l'existence de l'argent, la réaction classique qu'on entend en retour est toujours : « oui, mais il en faut ». Cependant, on ne précise jamais alors combien, quelle quantité.

Sous-entendu qu'il en faut le plus possible. Être riche serait, au fond, un but général pour tous. Et si, au contraire, on répondait : « Gagner de l'argent ? Soit, mais, le moins possible. » C'est-à-dire, juste ce dont on a besoin, et pour le reste rien.

L'argent est un piège sophistiqué. Il fait croire que tout le monde peut en gagner assez, alors qu'il est conçu exactement comme un rationnement. Où la très grande majorité doit souffrir d'en manquer tandis qu'une très petite minorité connait l'extrême abondance. Et ceci indépendamment du travail. Les travaux les plus durs sont généralement les moins bien payés. Et les gens très riches le sont autant dire toujours pas grâce à un travail, mais par héritage. Leur richesse provient simplement de ce qu'à leur naissance ils ont été expulsé d'un vagin friqué, avec quasiment toujours comme ancêtre fondateur de leur dynastie riche, un très grand voleur, voire même un bandit, un assassin

Mes parents m'ont rapporté que Jean Jaurès dit dans l'« Histoire socialiste de la Révolution française » que la plupart des familles très riches en France ont initié leur fortune par la spéculation sur les assignats garantis sur les biens nationaux. Qui étaient, j'ajoute, des biens volés au roi, à l'église et à la noblesse. Noblesse qui avait elle usurpé les biens de l'Empire romain. Empire qui avait pillé et volé les peuples qu'il avait asservi... Qui eux-mêmes avaient dévalisés d'autres peuples qui les avaient précédé. Il n'y a pas de mystère. Pour devenir très riche, il faut être un voleur. Ou hériter d'une filiation riche, au départ de laquelle se trouve un voleur, un bandit, un assassin.

Un des meilleurs moyens pour devenir très riche est d'être un grand conquérant. Qu'est-ce qu'un grand conquérant ? C'est un très grand assassin.

Une autre réflexion classique qu'on peut souvent entendre à propos de l'argent est : « tu te contente aujourd'hui de peu. Mais tu verras, si tu as des enfants, tu auras besoin de beaucoup plus d'argent. »

Plus d'argent pour les enfants ? Soit, mais juste ce qu'il faut. C'est-à-dire, en tenant compte de ceux-ci, disposer du moins possible d'argent. Pourquoi ? Parce que l'argent pourri tout. Y compris les rapports familiaux, quand l'argent vient remplacer l'amour et l'attention des parents pour les enfants.

L'argent, c'est le piège. Il tue fraicheur, générosité, spontanéité, solidarité, fraternité, art, sensibilité, sentiments humains en général. C'est le grand destructeur. Vous voulez faire péricliter une entreprise : mettez en avant la nécessaire subvention. Vous voulez réussir une activité collective : comptez sur vous-mêmes, le cœur et les moyens du bord.

La seule vraie richesse c'est le cœur.

Mais, si ce dernier propos est formellement le plus souvent approuvé, quand on creuse plus loin, on rencontre bien souvent un point de vue tout à fait différent. Ainsi, j'expliquais un jour à quelqu'un que l'argent n'a pas toujours existé. Et peut donc être appelé à disparaître. Ce que je souhaite. Mon interlocuteur en a été tout retourné et m'a affirmé que je me trompais. « L'argent a toujours existé ! » m'a-t-il dit. Il est difficile de se débarrasser de la non pensée qui consiste à accepter comme phénomène éternel une chose à laquelle nous sommes simplement habitués. L'argent disparaîtra un jour, avec son cortège de calamités de toutes sortes, en premier chef la guerre, la corruption, la famine organisée et la ploutocratie. Qui est le régime politique sous lequel à présent nous vivons.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 janvier 2015

329 Pourquoi les filles réputées très jolies plaisent tant à beaucoup d'hommes ?

La question peut paraître stupide ou naïve, mais elle est intéressante pour la réponse qu'elle appelle.

Je me souviens, c'était au début des années 1970, j'étais dans une sorte de camp de vacances pour jeunes qui durait une semaine. Avec deux jours de retard sur le reste des jeunes hommes et jeunes filles arrive de Paris une fille « canon ». Taille mannequin, blonde, 22 ans, un visage de poupée... chez quantité de garçons c'est impressionnant de voir leur réaction. Ils ne parlent que d'elle et ont tous comme idée fixe de parvenir à la mettre dans leur lit ! Un des garçons, que je connais, est tout fier de m'annoncer que, comme sa copine attitrée n'est pas là, il se considère libre et célibataire pour draguer la grande fille blonde.

Par la suite, j'ai revu à Paris la fille blonde. Elle était jolie, certes, mais d'une effroyable tristesse, s'ennuyant et ne présentant aucun trait spécialement intéressant. Je l'ai perdu de vue rapidement. Elle n'avait rien d'intéressant spécialement à me dire. Et je ne voyais pas du tout de quel sujet je pouvais parler avec elle.

J'ai éprouvé le même manque d'intérêt pour d'autres superbes créatures que j'ai rencontré et qui n'avaient que leur beauté morphologique de remarquable à mettre en avant.

Que signifie la beauté ? Rien du tout de plus qu'une possible jouissance esthétique. Il existe de très jolies pommes vendues dans le commerce, qui n'ont aucun goût. Il existe également de très beaux champignons tout à fait indigestes voire carrément vénéneux. Et il existe des beaux garçons, de jolies filles, parfaitement stupides et inintéressants. Alors, pourquoi se polariser tant sur la beauté d'une femme ou d'un homme ? Si elle ne signifie rien ?

Certains avancent comme réponse à cette question que ce serait les plus belles femmes qui donneraient les plus beaux enfants. L'attirance pour elles viendraient de la Nature qui favoriserait ainsi la naissance des plus sains et beaux enfants. Cette explication est parfaitement stupide. Pour donner les plus beaux enfants on pense plutôt à des femmes bien bâties, aux hanches larges favorisant la parturition. Or, ce ne sont pas ces personnes-là qui attirent le plus le regard émerveillé des hommes.

Alors, d'où provient cette obnubilation pour une beauté qui ne signifie rien ? Elle provient du rappel d'un autre émerveillement beaucoup plus ancien : celui du très petit enfant pour sa mère ou son père qui semble pour lui une merveille, un dieu.

L'admiration forcenée pour la beauté d'un homme ou d'une femme témoigne de l'infantilisme.

Les dragueurs qu'attire ainsi la beauté se conduisent d'ailleurs souvent comme des petits garçons égoïstes, égocentriques et capricieux. Mais qui n'ont plus l'excuse du jeune âge pour leur conduite insupportable.

En 1978, une amie m'expliquait qu'un de ses amants, à chaque fois qu'il se retrouvait avec elle au lit, la prenait dans ses bras, fondait en larmes et l'appelait « Maman ! »

Le populaire dit que « la beauté ne se mange pas en salade ». C'est vrai. Ça ne signifie pas que si on est beau on est forcément bête ou inintéressant. En revanche, si on est très beau, on a plutôt tendance à souffrir si on est intelligent. Tant est compact le troupeau d'imbéciles qui vous court alors après sans vous respecter.

Basile, philosophe naïf, Paris le 4 janvier 2015

samedi 3 janvier 2015

328 Dans les méandres de la peur

L'homme, à la naissance est un animal comme les autres : pour téter il rampe à toute vitesse vers le sein de sa mère. Il n'a pas lu « J'élève mon enfant », le best seller de Régine Pernoud. Il suit son instinct. Adulte, trois choses le guident : le cœur, l'intellect et la peur. Peur permanente issue des contrariétés de son instinct. Peur qui domine le reste et explique les aberrations de son comportement.

Ainsi, on voit l'homme obéir à des choses qu'il a créé. L'argent, par exemple, produit totalement fictif et artificiel, va le commander. Il voudra gagner beaucoup d'argent, alors que l'argent est un mode de rationnement qui implique que, justement, la plupart en manquent, cependant qu'une minorité en a trop. Il est fréquent, dès qu'on parle d'argent, d'avoir le sentiment de changer d'interlocuteur ou interlocutrice. Ce n'est plus la même personne à qui on a affaire. L'argent les hypnotise, dénature, obnubile...

Au nom de l'argent on voit prendre les décisions les plus absurdes, infâmes, incompréhensibles et ruineuses, telle celle de supprimer le meilleur hôpital de Paris, l'hôpital militaire du Val de Grâce. Le motif invoqué officiellement par le gouvernement pour le fermer en 2017 est qu'il manquerait 250 millions d'euros pour le rénover !!! Splendidement situé dans Paris, avec un parc, le bâtiment de cet hôpital est très certainement promis à terme à être vendu et transformé en palace de luxe. Comme l'ont déjà été le Centre de conférences internationales de l'avenue Kléber ou les Hôtels Dieu de Lyon et Marseille.

La peur principale dont souffre l'homme est produite par son enfance prolongée. A l'origine, dans la Nature, avant l'invention de toutes industries, l'homme est adulte vers l'âge de cinq ans au maximum. C'est-à-dire qu'il est capable de se nourrir tout seul. Les hommes et femmes plus âgés n'ayant plus qu'à le protéger éventuellement. Mais, dans l'organisation dénaturée de la société humaine issue des perturbations causées par les progrès techniques, l'enfance est artificiellement prolongée. On reste enfant durant plus du double de l'âge adulte naturel, quasiment le triple. Arrivé à l'âge ou physiquement on devient apte à la reproduction, la situation d'enfant prolongé devient insupportable. On appelle ça : « la crise de l'adolescence ». Et on en attribue la responsabilité exclusive aux « adolescents » !

Ce moment de la vie baptisé « adolescence », qu'on ne trouve pas chez les autres espèces animales, fait qu'on va contradictoirement s'arracher aux adultes qui vous ont maintenu en une artificielle enfance et regretter le confort douillet de celle-ci. On risque fort de ne jamais s'en remettre et rester sa vie entière entre deux chaises. C'est ce qui arrive à la plupart des humains.

Ils cherchent à retrouver, compenser par possession leur enfance perdue.

Ou par répétitions de la peur éprouvée lors de la séparation : les joueurs pour de l'argent éprouvent un plaisir irrésistible à se ruiner. Car ils retrouvent artificiellement une proximité avec leur enfance perdue. J'ai connu un joueur qui se ruinait aux courses. Il adorait sa mère. Ce n'était pas étonnant.

Les grands fléaux de l'Humanité sont au nombre de six : l'argent, la propriété privée, l'héritage, le pouvoir, ce qu'on entend par le « Grand Amour » (toxicomanie endorphinique) et le sentiment de possession en général.

L'argent, la propriété privée et l'héritage conduisent à une concentration gigantesque, absurde et insensée des richesses entre les mains d'individus qui seraient bien incapable de parvenir à le dépenser. Pendant qu'une très large partie de l'Humanité vit dans la misère ou dégringole dedans et a faim. Pour enrichir toujours plus une quantité infime de personnes qui n'en ont aucun besoin, on fait la guerre, on organise la spéculation sur la nourriture, le logement, l'offre de soins médicaux, créant ainsi des drames, des famines et des épidémies.

Le sentiment de posséder peut prendre des formes multiples. Issu de la peur, il n'a ni sens, ni limites, ni cohérence. On le voit avec la prétention absurde qu'ont des humains de « posséder » d'autres humains. Elle se traduit par des comportements violents et fanatiques dans le domaine du mariage, de la jalousie, y compris fraternelle, paternelle, maternelle. On va enfermer les personnes dites « aimées », leur imposer de se cacher derrière de plus ou moins amples vêtements, etc.

On verra aussi sévir de très dévastateurs mythes sexuels. Soi-disant la pénétration sexuelle ferait qu'on « possède », on « prend » l'autre... en fait on ne possède rien du tout, on ne prend rien. Dès qu'on a « fait l'amour » beaucoup ont la prétention à un « droit » de reprise, parce que dorénavant « on est ensemble ». Certains cherchent de préférence des partenaires sexuels vierges, voire mineurs, voire enfants. Comme ça ne leur suffit pas pour se sentir « propriétaires » de l'autre, ils rechercheront la pénétration sexuelle contre la volonté de l'autre, en lui faisant mal, en « l'initiant », en le tuant ensuite. Pour dominer, on pourra massacrer, tuer, terroriser, dominer au travail tout simplement, etc. La somme d'horreurs commises pour se sentir dominateur est incalculable.

L'étrange paradoxe fait que ceux qui croient dominer parce qu'ils sont riches ou ont le pouvoir, se font en fait eux-mêmes dominer par leurs richesses et leur pouvoir.

Un chef d'état ou un très grand patron très actif voit la moindre minute de son temps programmée par une équipe de quinze ou vingt personnes. Il est en fait infiniment peu libre comparé au citoyen lambda qui décide au moins un peu ce qu'il fait de son temps libre le dimanche.

Les hommes et femmes de pouvoir et les ultra riches pensent être dominants. Ils sont dominés par leurs fétiches. En fait ils passent à côté de leur vie. Comme leur soif de pouvoir exprime leur peur, il n'est pas surprenant de retrouver celle-ci chez eux à la source de comportements sexuels frénétiques, transgressifs, boulimiques, compulsifs, insatisfaits.

Les détenteurs du pouvoir et les ultra riches nous empêchent de vivre. Mais, eux-mêmes ne vivent pas. Ils s'entourent de gens qui passent leur temps à les louanger et leur dire qu'ils ont de la chance. En fait, ce sont des malheureux qui rendent malheureux les autres. Ils ont l'impression de courir inlassablement après le pouvoir et l'argent, qui en réalité les tient en laisse et les commandent.

On a annoncé dernièrement dans la presse que 85 ultra riches « possèdent » autant de richesses que la moitié de l'Humanité. Mais personne n'a préconisé la solution à cette situation absurde : la confiscation de ces fortunes avec une indemnité permettant à ces 85 de vivre confortablement sans pour autant affamer la planète.

La « dette souveraine » de la France serait détenue pour un tiers par des Français, un autre tiers par des Européens et le dernier par des gens venus d'ailleurs. Quand enfin publiera-t-on leurs noms ?

On parle beaucoup d'économie. Pourquoi fait-on un tel silence sur la chrématistique ? Aristote a dénoncé cette pratique consistant à accumuler l'argent pour l'argent. De ce fléau on devrait parler. Et ajouter que ceux qui en souffrent n'ont pas lieu de s'enrichir toujours plus. La crise de l'Humanité peut être réglée, à condition de le vouloir. Les grands de ce monde sont victimes de leur fortune. Il est nécessaire de les en délivrer en leur ôtant celle-ci. En leur rendant ainsi la possibilité de profiter de la vie et cesser d'être les esclaves de leurs coffres. Effrayé par ses peurs, l'homme a fait du pouvoir, de l'argent, de la propriété privée et de l'héritage des dieux. Alors que ce sont des diables.

Basile, philosophe naïf, Paris le 3 janvier 2015

vendredi 2 janvier 2015

327 Les peurs en héritage et leurs implications

Le phénomène de la peur ou des peurs en héritage explique toute une série de comportements humains apparemment dépourvus de sens. J'en ai vu divers exemples :

Une personne est convaincu de quelque chose. Vous lui démontrez le contraire. Elle approuve... et tout de suite après fait machine arrière et retourne sur ses positions d'origine. J'ai, un jour, démontré à une amie qu'elle agissait bêtement avec son amant, qui ne la respectait pas. Elle m'a approuvé. Et a ensuite continué à faire comme d'habitude avec lui. Jusqu'à ce qu'elle le quitte pour un autre homme, pire que lui et ayant exactement les mêmes défauts, le même profil : égoïste, égocentrique et macho.

Un homme défend un projet politique. Vous lui démontrez qu'il est horrible ou insensé. En paroles, il approuve... et ne change pas d'avis.

Une dame est attachée à tout un tas de mythes à la mode. Vous lui faites comprendre que vous ne partagez pas ses rêves. Elle s'exclame alors que « vous ne croyez en rien », « vous ne vivez rien d'intéressant »... Parce que le seul fait qu'on puisse ne pas partager ses croyances lui fait peur au point de vous classer parmi les insensés.

Les exemples sont innombrables et quotidiens. Si ces comportements absurdes existent, c'est parce que les peurs en héritages bloquent la pensée. Reconnaître la vérité représente un effort trop dur, est trop effrayant.

Les peurs en héritages sont également un aliment de choix pour nourrir les comportements subitement violents, les fanatismes les plus divers.

Une jeune fille annonce à son amant qu'elle le quitte. Celui-ci la tue et puis déclare regretter son geste. C'est une situation hélas classique. Quand une amante m'a quitté, j'ai été très étonné et surpris de ressentir en moi un jour quelques temps après l'envie d'être très violent avec elle. Je me suis raisonné et n'ai rien fait de tel. L'envie de violence s'est alors tout de suite dissipée. Mais, si j'avais été quelqu'un de moins raisonnable, de violent en général, d'alcoolique, qu'aurais-je fait ?

Je me suis demandé d'où m'était venu ce sentiment inattendu. C'est seulement quand j'ai compris l'existence des peurs en héritage, que j'ai trouvé une explication satisfaisante. La confrontation avec le changement exacerbe souvent celles-ci. Et la fuite prend un caractère absurde. Être violent avec mon amie n'aurait rigoureusement rien arrangé pour personne, ni pour elle, ni pour moi, ni en général. Par la suite, j'ai été durant un an poursuivi par une envie suicidaire, à laquelle j'ai résisté. Envie qui s'est également totalement dissipée ensuite. Cette tentation auto-destructrice à mon avis a eu pour origine l'envie d'être violent avec mon amie, envie que j'ai contrarié en restant pacifique. Elle s'est alors transformé en envie de violence contre moi-même. Toute chose produite par des peurs en héritage et non par une « colère » ou un « désespoir » qui serait le produit de la situation. S'il s'agissait de « colère » pourquoi éclatait-elle des semaines après notre séparation ? Puis s'évaporait-elle ? Pareil pour ce « désespoir » à retardement, finissant lui aussi par s'évaporer.

En fait nous sommes guidés par trois choses en nous : le cœur, c'est-à-dire les sentiments, la raison, c'est-à-dire les pensées, et enfin, les peurs en héritages qui viennent parasiter notre vie. L'explication paraît extrêmement simple, trop peut-être... Mais, combien d'années m'a-t-il fallu pour y parvenir ! Être conscient de l'existence de ces freins, accélérateur et égareur des peurs en héritage rend plus lucide pour comprendre ses motivations, celles des autres. Et améliorer notre authenticité.

Basile, philosophe naïf, Paris le 2 janvier 2015