On connaît tous plus ou
moins le célébrissime et très freudien « Complexe
d’Œdipe » :
le petit garçon souhaite posséder sexuellement sa mère et tuer son
rival sexuel de père. Je n'ai pas rencontré toutes les variétés
possible de comportements et admets que Freud a possiblement
rencontré de tels petits garçons. Pourquoi pas ? Là où je
m'inscris en faux contre lui, c'est quand il prétend généraliser
ce mode de fonctionnement à l'ensemble des petits garçons de tous
les temps et du monde entier, passé, présent et futur.
Déjà en considérant
mon propre exemple. J'ai été élevé dans les années 1950 dans un
milieu familial terriblement complexé et coincé sexuellement, où
on ne parlait pas de ça à table. N'allant pas à l'école et
n'ayant aucun ami, je ne risquais guère d'entendre parler de l'acte
sexuel. Comment aurais-je pu rêver très petit pratiquer un acte
dont je n'ai découvert l'existence que seulement vers l'âge de
treize ou quatorze ans ?
Par ailleurs, pas du tout
violent et jamais battu je ne me souviens pas avoir nourri des
projets meurtriers à l'égard de mon père. Et j'ai bonne mémoire.
On objectera ce qu'on
voudra pour démonter mon argumentation. Par contre il est une chose
qu'on peut passer au feu de la critique : c'est l’interprétation
que fait Freud de phénomènes qu'il aurait observé. Il déclare que
l'homme qui pénètre avec son pénis le vagin d'une femme la
possède. Mais en réalité il ne possède strictement rien. C'est là
une interprétation culturelle qu'on peut suivre ou non. Quantité de
traditions culturelles l'affirment et jusqu'au vocabulaire, mais
cette « possession » est une vue de l'esprit. On l'a même
inscrite dans la loi française : « Les époux se doivent
soutien mutuel et fidélité. » Durant la cérémonie
municipale et laïque du mariage civil, le maire déclare aux
nouveaux mariés : « Je vous déclare unis par les liens
du mariage. » Ces fameux « liens » relèvent
également d'une vue de l'esprit. Il s'agit là de conventions
destinées à garantir la filiation héréditaire pour la
transmission des héritages.
Freud avance ensuite que
si existe un rival, ici le père, le petit garçon veut le tuer. Il
donne donc pour définition du rival l'objet d'une jalousie exclusive
et meurtrière. Mais tous les hommes ne témoignent pas
nécessairement d'une telle forme de jalousie. Et certains ne sont y
compris pas jaloux du tout.
On dirait ici que Freud a
attribué un comportement unique à des millions de gens différents
qui ne suivent pas du tout forcément un même comportement. Il a
aussi parlé de « sexualité enfantine ». Il s'est arrêté
à des apparences et a généralisé là aussi à sa façon.
Certes, on voit de très
petits enfants qui « se touchent » par exemple. Mais
peut-on pour autant mettre cette activité circonstancielle et
ponctuelle sur le même plan que le comportement adulte ? Un
dragueur professionnel va passer des années et d'innombrables heures
à chercher à « capturer » ses proies. Le petit enfant
va se toucher puis passer à autre chose. C'est là une activité
parmi d'autres et elle n'est pas plus importante pour lui que
d'autres activités. Certes, elle ressemble un peu à ce que nous
considérons comme étant la sexualité adulte. Elle ressemble
seulement et n'en est pas l'équivalent. Dans ces conditions il est
plus exact de parler de l'existence d'une parasexualité
enfantine et pas du tout d'une sexualité
enfantine. C'est essentiel pour comprendre les choses de tâcher de
les définir au mieux. Cette parasexualité existe aussi chez les
humains ayant atteint « l'âge adulte » et n'est pas sans
conséquences importantes. Son existence est la plupart du temps niée
alors qu'elle représente une part très importante du comportement
humain. L'admettre remet très largement en cause l'existence même
du patriarcat et de bien de ses aspects très envahissants.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 27 août 2017
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