La vraie philosophie est
d'abord action puis réflexion. L'inverse est pauvre et limité. Si
je déclare : « l'homme est un animal », ça reste
une hypothèse. Si je vis une expérience qui me le démontre
directement, naît ma conviction. Je vais prendre un exemple :
la nudité est traitée dans la société où nous vivons comme
érotique et sexuelle. En fait, l'état de nature, c'est-à-dire sans
vêtements, n'est ni érotique, ni sexuel.
Nous pouvons nous répéter
un million de fois : « l'état de nature n'est ni érotique
ni sexuel ». Habitués au contraire par notre conditionnement,
nous continuerons à ressentir le contraire. Il y a quatre ans j'ai
décidé de prendre le taureau par les cornes. Aussi souvent que
possible, sans choquer ni déranger personne, j'ai décidé que je
serais à l'état de nature quand je suis seul. Durant trois années
cet état m'induisait des pensées liées au sexe. Au bout de trois
années ce fut terminé. J'en ai été délivré. On la voit,
l'importance inestimable de l'expérience. En dépit des idées que
je trouvais juste, j'ai mis trois années pour me débarrasser du
conditionnement « nudité égal sexualité ». Il a fallut
l'expérience et aussi la réflexion. Mais sans l'expérience vécue
je n'y serais pas arrivé.
Depuis, une année a
passé et n'a fait que renforcer ma conviction dans le sens de la
complète neutralité de l'état de nature. Cependant je comprends
très bien que les personnes qui m'entourent, elles, sont toujours
conditionnées comme je l'ai été.
Elles ne risquent pas de
me suivre si je témoigne de mon ressenti actuel. Elles n'ont pas
passé comme moi trois années à se déconditionner. Ce
déconditionnement a des effets intéressants. Se sentir à l'aise
sans vêtements et sans être de ce fait envahi par des pensées
« sexuelles » est un confort, un plaisir, une sérénité
rares. Voir les jolies filles dans la rue comme autre chose que des
objets sexuels, mais comme des êtres humains est certainement au
moins en partie le résultat de cette pratique de l'état de nature.
La base première du
succès de la pornographie est la sexualisation abusive de la nudité.
Cette base enlevée, que reste-t-il ? Des comportements
stéréotypés et mécaniques, des expressions et réactions remplies
d'artificialité. Quand on s'est débarrassé de l'équation « nudité
égal sexualité », la pornographie perd très largement son
intérêt, tout effet excitant. Il apparaît absolument évident que
les personnes qui se font filmer ou photographier s'ennuient et
prennent la pose, parfois acrobatique. La seule chose qu'ils
attendent et qui les motive, c'est leur chèque à l'issue de la
séance photos ou vidéo. Par millions, les humains conditionnés
consomment la pornographie en croyant y voir la sexualité. Il ne
s'agit là que d'une caricature patriarcale à but lucratif. La base
de la pornographie, c'est le patriarcat qui réduit les femmes à des domestiques dans lesquels l'homme se masturbe.
Se rapprocher de la
Nature en nous n'est pas toujours très confortable. Aujourd'hui je
me promenais dans Paris sous une chaleur très forte. J'ai souffert
du fait de devoir porter des vêtements pour sortir de chez moi. A
mon retour, remis en tenue naturelle et adaptée à la chaleur, il
m'a fallut une heure au moins pour me retrouver à mon aise
habituelle. En fait, quand on s'habitue à la tenue naturelle on se
retrouve mal à l'aise habillé. La réaction inverse est beaucoup
plus courante. Bien des gens ne se sentent à leur aise qu'une fois
habillés. C'est le produit de leur conditionnement initié dès leur
petite enfance. Je voyais récemment des petits enfants sur une
plage. Tous étaient revêtus de leur tenue de bains. Ce qui signifie
qu'à une époque de leur vie où ils ne connaissent pas grand chose
de la vie on leur inculque d'office la honte de « leur corps ».
Quand j'avais cinq ans, durant des vacances au bord d'un lac
savoyard, je m'étonnais. Pourquoi existait pour moi l'obligation
imposée par ma famille de porter une culotte de bains incommode
mouillée et qui visiblement ne servait à rien ? La réponse
hypocrite de ma mère fut : « c'est pour l'hygiène ».
Basile, philosophe
naïf, Paris le 26 août 2017
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire