Je connais une jolie
fille. Et remarque que d'autres hommes que moi, qui ne connaissent
que son aspect morphologique la résument à celui-ci. Ce n'est pas
pour eux un être humain, mais un outil potentiel pour se masturber
dedans. C'est odieux et ridicule. D'autant plus que ces hommes ne
sont pas les plus arriérés qui soient. Réagir comme eux c'est se soumettre à la pensée unique, qui fait des hommes des
êtres hyper-sexualisés. Soi-disant, si un homme rencontre une jolie
fille qu'il ne connaît pas, il doit forcément chercher à se
masturber dedans. Ce qu'abusivement on baptise « faire
l'amour » et qui n'est le plus souvent en fait au mieux qu'une
double masturbation combinée.
La pensée unique dit que
l'homme étant hyper-sexualisé doit agir ainsi. S'il ne le fait pas,
c'est pour diverses raisons. Hyper-sexualisé il ne trouve pas la
fille à son goût. Ou il lui est interdit de l'utiliser ainsi à
cause d’interdits juridiques, moraux ou – et – religieux. Ou il
ment, feint de ne pas être intéressé. C'est une ruse utilisée
pour arriver à ses fins. Ou il souffre de problèmes psychologiques
qui le font reculer et renoncer à ce dont il a envie. Ou il est
intéressé par un autre genre de partenaires. Il est par exemple
attiré par les garçons. Ou il a d'autres pratiques sexuelles, par
exemple : c'est un libertin qui pratique des orgies et n'est pas
intéressé par « une simple aventure ».
Dans tous les cas, il reste
toujours défini par la pensée unique comme
« hyper-sexualisé ». Là, on peut, et à mon avis on
doit, déstabiliser ladite pensée unique. Au lieu d'entrer dans un
vaste débat sur les pratiques sexuelles bienvenues ou pas, il faut
tout simplement affirmer la simple vérité : l'homme n'est
pas naturellement hyper-sexualisé. C'est le résultat d'un
conditionnement qu'exprime la pensée unique. Et suite à mon
évolution et ma prise de conscience critique je n'y suis plus ici
subordonné. Le résultat d'une telle évolution est très
intéressant.
Elle permet d'ouvrir un
champ de recherches et réflexions pour une véritable relation
équilibrée entre l'homme et la femme et entre les hommes et entre
les femmes. Il tourne le dos à quantité de chemins d’égarements
et de recherches de problèmes divers et variés. Recherches qui
m'ont fait dire : « de nombreux humains font de grands
efforts pour s'attirer des ennuis... et leurs efforts sont
récompensés ! » La femme cesse d'être de facto un
gibier et l'homme cesse d'être un chasseur.
Ce qui peut mettre mal à
l'aise y compris les victimes désignées de cette chasse. Car elles
se retrouvent soudain dans des conditions où leur rôle habituel de
fuir ou se défendre perd son sens. C'est le vide, l'inconnu. Et le
vide et l'inconnu font souvent plus peur que l'inconfort habituel.
Quand j'ai fini par me
dire que tout le problème venait de la prétention à
l’hyper-sexualisation inévitable et naturel de l'homme, j'ai pensé
aussi : « si j'exprime cette manière de voir on ne va pas
me croire. C'est impossible ! »
Les hommes effectivement
ne me croient pas, car ça les remettrait en question. Ils sont
habitués à leur petit confort patriarcal. Fiers, ils se disent
chacun de leur côté : « moi, je suis un grand chasseur
de femmes ! », même si la plupart du temps ils reviennent
de leur chasse bredouilles. Se dire qu'il faut renoncer à ce
comportement stupide et établir des relations simples, équilibrées
et responsables avec les femmes leur déplaît absolument. Car ils ne
sont plus alors « les seigneurs et maîtres ». Les femmes
elles, pour le peu que j'ai pu voir, sont beaucoup plus à l'aise
avec le renoncement à la prétention à l'hyper-sexualité masculine
inévitable et naturelle. Cependant, le caractère inhabituel de la
situation que ce renoncement entraîne ne les met pas forcément à
l'aise. Une amie insiste pour me dire que non, ce n'est pas
possible ! Selon elle je serais comme tous les hommes, mais mes
problèmes m'auraient amené à inventer des théories pour justifier
ma fuite et mon renoncement. Mon attitude en soi la dérange alors
qu'elle n'a aucun désir d'avoir une aventure avec moi.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 23 août 2017
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