Dans le discours qu'il
tient, l'homme éprouve des fois le besoin de « se situer ».
Par exemple, il dira : « l'homme (sous-entendu donc lui)
n'est pas un animal. » Le raisonnement aura ici ceci d'étrange,
qu'à partir d'un concept subjectif au sens variable, « l'animal »,
on cherchera à définir un phénomène objectif : l'homme.
C'est à dire en définitive celui qui parle. La « définition »
qu'il donnera est d'autant moins significative, que le sens du mot
animal est, entre autres, qu'il ne s'agit pas d'un humain. Dire
« l'homme n'est pas un animal » revient à dire :
« l'homme n'est pas un animal, animal qui est défini entre
autres, comme n'étant pas un homme. » On n'aura juste dit que
l'homme n'est pas un animal, sans préciser ce qu'est un homme et ce
qu'est un animal, si ce n'est qu'ils sont différents. Nous voilà
bien avancés !
Quand on apprend à lire
et écrire, une des premières choses qu'on apprend à lire et
surtout écrire est son prénom. L'enfant est fier de se dire :
« X est mon prénom », « X, c'est moi ». Il
croit savoir qui il est, alors qu'il ne le sait pas.
Ce besoin pour l'homme de
se situer provient du mal qu'il éprouve à communiquer et vivre en
harmonie avec son prochain. Quantité de situations et de sentiments
divisent, opposent les humains entre eux. Un humain peut éprouver
des sentiments hostiles envers ses semblables, par exemple : la
peur, le désir possessif, l'envie, la cupidité, la colère, la
paresse qui l'amène à refuser de faire des efforts pour aller vers
l'autre et – ou – l'aider à aller vers lui, etc.
Ces dysfonctionnements de
la communauté humaine qui devrait être fraternelle sont issues de
l'Histoire. Comment peut-on y remédier ? Un remède serait la
méditation tactile partagée. Elle pourrait s'imaginer ainsi :
un humain toucherait l'autre de manière agréable et pacifique. Ce
qui exclurait dans cet exercice tout ce qui paraît se rattacher à
la sexualité, zone traditionnelle de conflits dans la société
humaine.
Lors de l'éveil de nos
sens, avant notre sortie à l'air libre, nous percevons le monde très
largement par le toucher. Et aussi l'audition, notamment du bruit du
cœur de notre mère. Cette communion avec notre entourage, il nous
sera très difficile de la retrouver. Petit enfant nous subirons le
sevrage tactile. Puis, une dizaine d'années après, quand commencera
l'époque de la sexualité dite adulte, celle-ci sera corseté par tout un ensemble de règles, interdits, obligations qui nous
tomberont dessus. Cependant que nous souffrirons d'analphabétisme
tactile et que notre vision de l'être humain sera déformée et
divisée par les règles et interdits de la « pudeur ».
Retrouver une certaine
harmonie paraîtra extrêmement difficile, voire carrément
impossible. Pour parvenir à une amélioration en allant dans le sens
de l'harmonie, il faut avoir des ambitions réalisables et donc
commencer modestement. La méditation partagée va pouvoir nous
aider.
Se trouver c'est se
sentir pleinement soi. Ça ne passe pas simplement par des discours.
Il faut aussi des actes qui modifient notre perception et notre
contact avec le monde et donc notamment l'entourage. J'ai déjà
proposé des exercices simples. Ils consistent à ce que, en présence
d'au moins une troisième personne, le traitant touche le plus
agréablement possible une zone réputée « neutre » du
traité. Ça pourra être par exemple la tête, les bras, le cou, la
main. Le geste tactile n'aura aucune réputation sexuelle. Il s'agira
ici de renouer avec la communication tactile rompue très largement
et depuis des années. D'autres éléments sont à préciser. Le
modèle tactile de référence c'est nous avant notre naissance. Ici
nous sommes loin de développer une démarche réductrice de la
relation. Démarche qui prétend faire du toucher agréable entre
adultes obligatoirement un « préliminaire » de l'acte
sexuel. Cette vision des choses détruisant l'échange et la relation
entre les humains.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 5 août 2017
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