Quand sommes-nous nus ?
Autant dire jamais, et quand ça arrive ce n'est pas pour bien
longtemps. Ce qui fait que les humains de sexe masculin sont en
permanence branlé plus ou moins par des vêtements qui frottent et
compriment leur pénis, comme durant l'acte sexuel. Ce qui n'est en
rien anodin et les dérange mentalement.
Et les naturistes ? Les
naturistes ne sont jamais vraiment pleinement nus. De sexe masculin,
dès leur douzième ou treizième année environ, ils vivent dans la
terreur permanente de l'érection publique. Quant aux naturistes de
sexe féminin, dès le plus jeune âge on leur inculque le
commandement d'éviter de trop écarter les jambes en public. De
plus, les naturistes restent fréquemment chaussés. Et, le soir,
quand vient la fraicheur, ils s'habillent. C'est dire que seuls
semble-t-il de bien rares peuples, comme les aborigènes d'Australie
sont nus en permanence. Mais leur conscience doit être sans doute
encombrée comme la nôtre par des concepts compliquant l'état
naturel pour en faire autre chose dans la conscience des individus
concernés.
J'ai cherché à
expérimenter le fait d'être nu le plus souvent et longtemps
possible chez moi, loin du regard des autres. C'est ainsi que j'ai pu
constater dernièrement un phénomène survenu sans qu'il soit
prémédité.
En général rester nu le
plus souvent possible était un état qui s'interrompait au moins une
fois dans la journée car il me fallait m'habiller pour sortir de
chez moi. Or, dernièrement, il est arrivé qu'une journée entière
je suis resté nu chez moi sans sortir et le lendemain aussi. Ce qui
a généré un état particulier qui dure encore depuis plusieurs
jours : un désintérêt très marqué pour le « sexe »
commercial, stupide et consumériste qui prospère dans notre
société. Et, après coup, j'ai réalisé une chose :
Je suis resté deux jours
de suite nu... pour la première fois de ma vie ! Et cela a généré
une modification de ma conscience. Elle s'est éloigné des schémas
sexolâtres qui mettent du sexe partout et surtout là où il n'a
rien à faire. Le port de vêtements en permanence, leur compression
et frottements sur le sexe dérangent de manière mécanique la
pensée masculine. Me dénuder durant quarante-huit heures a eu des
répercussions directes sur ma manière de voir, réagir et penser.
On me dira que c'est un
point de vue personnel. Je ne crois pas être si exceptionnel que ça.
Mes réactions sont probablement celles que pourront avoir quantité
d'autres personnes. La nudité effective prolongée guérirait la
conscience des vieilles obsessions sexuelles qui dérangent la
société et les relations entre les humains.
Certes, il faudrait
étudier la question sur un échantillonnage plus grand d'êtres
humains. Mais c'est déjà une piste de recherches. L'harmonie entre
l'homme et la femme pourrait peut-être surgir suite à des mesures
simples. Mais qui ne font pas partie de la culture « habillée »
que nous connaissons.
S'agissant de la nudité,
je remarque que traditionnellement on voit des personnes condamner
l'homosexualité comme étant « contre-nature ». Ce qui
signifie que ceux qui prononcent cette condamnation défendent « la
nature ». Il n'y a rien de plus artificiel et contre-nature que
le port de vêtements. Nous sommes à notre naissance et
naturellement nus. J'attends que ceux qui condamnent l'homosexualité
comme « contre-nature » se mettent en accord avec leurs
propos. C'est-à-dire ôtent leurs vêtements et se montrent à nous
nus. Ou bien qu'ils cessent d'invoquer la Nature comme une loi
supérieure qui s'impose. Ou alors qu'ils nous amènent voir l'arbre
sur lequel poussent les slips.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 30 avril 2015
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