Souhaitez-vous qu'un
jour, dans quelques millions d'années, les lointains descendants des
rats, des chats ou des renards ayant évolué et créé une
civilisation découvre qu'il en existait une avant eux sur Terre : la
nôtre ? Non, bien entendu, pourtant l'avenir de la civilisation
humaine se joue aujourd'hui. Il est entre les mains d'un petit nombre
de gens. Qui sont grecs.
La Grèce en 2015 occupe
la place qu'a eu l'Espagne en 1936. De l'issue du conflit qui s'y
déroule dépend la suite du reste à l'international. Si en 1936 les
anarchistes et autres révolutionnaires espagnols avaient triomphé
du soulèvement militaire mené par les amis d'Hitler et Mussolini,
la suite aurait été différente. La défaite des peuples d'Espagne
abandonnés lâchement par la France, avec sa soi-disant « non
intervention », et attaqués de l'intérieur par l'Union
soviétique et de l'extérieur par l'Allemagne et l'Italie a conduit
au deuxième conflit mondial.
Si à présent les Grecs
perdent face à la charge des ultras libéraux, le monde partira en
vrille. Nous risquons à terme y compris un conflit militaire armé
mondial. Qui sera le dernier étant donné les moyens employés. Ce
conflit a déjà failli éclater lors du rattachement de la Crimée à
la Russie.
Il n'y a présentement
aucune négociation entre la Grèce et ceux à qui elle fait face :
les gouvernements de 27 pays européens, dont la France, la Commission européenne
non élue, la Banque centrale européenne et le Fond monétaire
international. Il s'agit d'un conflit. Où d'un côté on exige une
capitulation des Grecs. De l'autre, on résiste.
Les ultra libéraux
exigent du gouvernement grec qu'il applique la politique de
destruction du tissu social et de vente du pays qu'ont pratiqué les
politiques grecs durant des années. Augmenter la TVA, liquider plus
encore les lois sociales, baisser encore les salaires et retraites,
faire partir plus tard les Grecs à la retraite, etc. Non pas pour
redresser l'économie, mais l'enfoncer encore plus. Pourquoi ? Parce
que les ultra libéraux ont un jour décidé que ce schéma leur
plaisait et ne les dérangeait pas. La faim des Grecs ne touche pas
ceux qui vivent dans l'opulence sous les lambris dorés des banques
ou des ministères français, allemands et autres. Ou au rutilant
siège tout neuf de la Banque centrale européenne dont la
construction a duré trois ans et couté plus d'un milliard d'euros.
Le monde des ultra libéraux se réduit à leur salle à manger et
leur chambre à coucher : bouffer et baiser.
Face à eux, les
dirigeants grecs résistent. Ils résistent parce qu'ils ont foi en
quelque chose. En quoi ont foi les ultra libéraux ? En rien. Ils
croient au néant. Car seule leur vie « matérielle » ici
et maintenant les intéresse. Gagner le plus d'argent possible.
« Posséder » le plus de « richesses »
possible. Avoir le plus de « partenaires sexuels »
possible. Ils ont une peur panique de la maladie, des malades et de
la mort, de leur mort inévitable un jour. Que peuvent faire de bon
de tels ultra libéraux paniqués de la sorte ? Rien, ou plutôt si,
prendre leur retraite serait le mieux. Mais il n'en est pas question.
Alors, ils sirotent leur terreur en permanence. Que peut signifier
pour eux l'envie de vivre des Grecs ? Rien, puisque eux-mêmes ne
croient pas à leur propre vie. On ne devrait jamais accepter à un
poste de responsabilité élevée des gens qui tremblent de peur en
permanence.
Les
grands hommes croient en quelque chose. Les petits, seul leur sort
personnel les intéresse. Les dirigeants grecs croient en quelque
chose : l'avenir de leur pays face à la barbarie financière. Je
suis de tout cœur avec eux. Aujourd'hui, de facto, ils luttent non
seulement pour défendre leur pays, mais le monde entier, y compris
nous. Notre sort est entre leurs mains. De la Grèce, berceau de
notre civilisation, que vienne l'ouragan qui la sauvera. Et nous
débarrassera de tous les appétits malades qui la menacent
aujourd'hui. Les Grecs seront à la hauteur de leur héritage
antique. L'Acropole nous regarde et nous le
saluons. Vive Byron ! Liberté ! Démocratie ! Ελευθερία!
Η δημοκρατία!
Basile, philosophe
naïf, Paris le 27 avril 2015
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