mardi 24 février 2015

353 La dictature des tigres en papier

Une bizarrerie incroyable à laquelle nous sommes habitués est d'attribuer un pouvoir effectif à des « règles », au « devoir », à la « morale », la « raison », les « règlements », « lois », « pactes », « traités », « contrats », « signatures », « promesses », « serments », « paroles données », « engagements », « obligations », « traditions ». Ce qui revient à prétendre que l'homme doit se plier à des traces d'encre sur du papier, voire juste au souvenir de mots prononcés.

Ainsi, on prétend « obéir à la loi ». Mais qu'est-ce que « la loi » ? Des mots, des phrases écrites par des hommes qui seraient sensés « avoir force de loi », jusqu'à leur changement suivant.

Depuis le début de l'Histoire humaine que de traités trahis, oubliés ! Où sont par exemple les traités conclus entre la France et l'empire austro-hongrois ou la Sublime porte ottomane ou le duché et comté de Bourgogne ? Au fond de la corbeille à papiers de l'Histoire !

On fait comme si le souvenir de mots, surtout s'ils ont été écrit sur un support quelconque, informatique ou autre, avait le pouvoir de « commander » les hommes !

Que dire également de « l'argent » ? On croirait que c'est lui qui commande aux hommes et pas l'inverse ! Pourquoi dit-on « billet de banque » ? Parce qu'à l'origine c'était de petits morceaux de papier avec écrit dessus à l'encre des mots, suivis d'une signature. Comme c'était contre-faisable, on les a remplacé par des gravures imprimées plus difficiles à imiter. A présent, à peine huit pour cent de l'argent dans le monde a une base papier ou métal. C'est du blabla électronique auquel les humains se soumettent le plus souvent, c'est-à-dire dans quatre-vingt-douze pour cent des cas.

J'ai assisté à un mariage à Paris. Le maire déclarait aux tout frais nouveaux époux : « je vous déclare unis par les liens du mariage ». Que sont ces fameux « liens » ? Sont-ils en chanvre, en quelle matière précise ? Personnellement, je ne les ai jamais aperçu.

Un mythe très vivant dans notre société est la soi-disant impossibilité d'imiter parfaitement une signature.

Et un autre mythe, particulièrement dangereux, prétendre que : « nous devons respecter le principe des engagements, du respect des accords conclus, sinon plus rien ne pourra bien fonctionner ». Mais, c'est justement dans ce système qui paraît « respecter les accords » que rien ne marche bien et tout va de travers ! On « respecte les accords ». Et on se retrouve avec une poignée de gens qui dorment sur leur montagne d'or personnel cependant que le plus grand nombre crève de faim.

La seule loi qui importe, c'est le respect de l'être humain.

A partir du moment où un accord apparaît nuisible, ou que les conditions qui ont accompagné celui-ci ont changé, l'accord cesse d'exister. Voilà quelle doit être la vérité. Mais, alors, tout bouge ? Rien n'est sûr ? Oui, exactement, comme l'a dit il y a fort longtemps Héraclite : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». Vouloir arrêter le mouvement du monde avec des mots revient à chercher à emprisonner le vent dans une cage. Admettre que c'est possible amène à des comportements absurdes et toutes les trahisons possible. La réalité est là qui nous dit que l'argent n'existe pas, n'est qu'une convention qui assure la prospérité de pillards drapés dans « le service de la dette » qu'ils ont fabriqué pour eux-mêmes sur mesure. Vouloir s'entendre avec de tels créanciers en respectant l'humain comme prétend le faire aujourd'hui Tsipras... autant s'adresser à un écureuil et lui demander de jouer du Liszt ou du Chopin au piano ! Pauvre Grèce...

Basile, philosophe naïf, Paris le 24 février 2015

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire