Dans le Carnaval on est
tous libres et égaux. On peut à tous moments décider de suivre le
défilé ou rester spectateur. Quitter le défilé, y revenir. Être
ou ne pas être costumé. C'est la liberté.
En France et à Paris, on parle beaucoup de Rio
quand on évoque le Carnaval.
Le clou de ce qu'on
appelle « le Carnaval de Rio » consiste en un imposant
défilé des associations dites « écoles » de Samba,
dans un très grand espèce de stade spécial conçu pour et baptisé
« Sambodrome ».
Le public assiste,
passif, dans des gradins. Pour accéder à ceux-ci il faut payer. Et
payer très cher les trois premiers jours où défilent les écoles
les plus fameuses.
Donc, si on veut voir le
défilé et on est un pauvre habitant de la ville, on n'ira pas. A
l'inverse, un riche touriste étranger aura une place.
Cette conception du
« Carnaval », avec des spectateurs passifs et payants,
n'est pas le Carnaval. C'est la mort du Carnaval. Ici, semble-t-il,
une mort grandiose et spectaculaire, se reproduisant chaque année.
Rio, c'est la mort du
Carnaval.
Ou plutôt, si on veut,
c'est « l'Anticarnaval de Rio ».
Il existe à ce qu'il
paraît un carnaval de rue vivant à Rio... Il aurait lieu au même
moment que la mise à mort du Carnaval, le défilé bruyant du
Sambodrome. Ce serait donc là le vrai Carnaval de Rio. Il serait
nettement moins imposant que celui d'autres villes brésiliennes.
A Nice, j'ai vu sur
Internet que pour accéder aux gradins et assister au défilé il
faut, pour un adulte spectateur passif en 2015 payer trente-cinq
euros. Si c'est ça le « Carnaval de Nice », ce n'est
plus non plus le Carnaval. Je n,'en dit pas plus sur Nice, n'ayant
jamais été voir le défilé. J'ai juste vu à la fin du défilé du
Carnaval de Paris de l'an dernier un vieux monsieur énervé qui m'a
déclaré être le responsable du Carnaval de Nice. Je n'ai pas eu
l'occasion de vérifier. Il n'avait pas de mots assez durs pour
vitupérer contre la vraie fête parisienne. Où on s'amuse et où,
bien sûr, personne ne paye ou n'est payé pour participer.
C'était peut-être le
responsable officiel ou pas. En tous cas, il paraissait plus attaché
à faire de l'institutionnel que du bonheur pour tous. Il n'aimait
visiblement pas la fête vivante, faite avec les moyens du bord, et
où la récompense est le bonheur de chacun. Être heureux à cette
occasion ne demande pas des flots d'argent et n'en rapporte pas non
plus. Être heureux c'est s'amuser ensemble. Et quand on dépend des
« subventions », qui ne sont que des placements déguisés,
on devient otages de gens qui ne voient dans la fête qu'une occasion
de retirer un bénéfice électoral ou autre. Et le jour où, pour
une raison ou une autre, ils décident de couper la subvention, la
fête disparaît.
Pour réussir la fête
populaire, il faut du cœur et ne pas se perdre à courir derrière
les chimères qui ont noms « subvention »,
« administration », « presse »,
« célébrités », « vedettes », etc. Il faut
compter sur soi, s'amuser et persévérer en s'amusant et retrouvant
les vieilles recettes : goguette et bigophone. Groupes de moins de
vingt personnes se réunissant ponctuellement pour chanter, s'amuser.
Équipés ensuite de bigophones et percussions pour bien se faire
entendre dans la rue.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 8 février 2015
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