Cette nuit, j'ai fait mon
plus beau rêve érotique. J'étais en compagnie de la première
petite amie que j'ai eu dans ma vie. Après quelques hésitations,
nous nous sommes mis nus. Et nous sommes fait toutes les caresses
possibles, y compris les plus intimes. J'ai enfin caressé le sexe de
mon amie, elle a pris mon sexe dans sa main. Cependant, à aucun
moment nous nous sommes soumis à l'effarante et effrayante stupidité
dévastatrice consistant à nous soumettre à la règle de l'Acte
Sexuel Obligatoire. Ça n'est pas parce qu'on se fait du bien et
qu'on est nu qu'on doit absolument mettre l'oiseau dans le nid. Puis,
à un moment-donné nous avons entendu venir. Nous avons échangé
quelques mots : « il y a deux personnes qui ont la clé ».
Nous nous sommes cachés sous une grande couverture, seules nos têtes
dépassaient au dehors. La porte s'est ouverte. A la personne qui
entrait, nous avons dit : « nous avons dormi nus ensemble ».
Et je me suis réveillé. Ce rêve était parfaitement beau, parce
qu'il comportait une relation nue sans ASO.
Qu'est-ce que l'ASO ?
C'est le grand problème, le problème central de notre société.
ASO est un mot formé des premières lettres de « Acte Sexuel
Obligatoire ». C'est une des folies les plus répandues et les
plus destructrices de notre société. Il n'y a en fait jamais
d'obligation d'acte sexuel. Or, notre culture comporte un pesant et
terrible bourrage de crâne : dans telle ou telle circonstance, il
faut baiser. Il n'y a pas plus énorme et gigantesque ânerie,
pire stupidité, plus grand délire. Et l'acte sexuel ? Bien sûr, il
peut arriver. Mais en aucun cas il ne doit arriver parce qu'on croit
que c'est une tâche à remplir. Il ne faut pas se créer de faux
besoins. Et quand on se plie au mythe de l'ASO et aux discours
démagogiques qui l'accompagnent, l'amour devient impossible dans la
durée. L'ASO liquide, fait fondre, déstabilise, assèche, trahit,
détruit, volatilise, désintègre, défigure, pollue, anéanti,
dévaste, pourri, dénature l'amour.
Notre société est
asiste. Elle croit en l'ASO. Elle est folle. A nous la charge et
l'effort à faire pour refuser la folie. Comme dans mon rêve
érotique. Je caressais mon amie, y compris son sexe. Elle me
caressait et elle prenait mon sexe dans sa main. Mais nous ne
tombions pas dans l'abime de l'ASO.
Quand je me remémore mes
relations intimes passées, je constate que les seules qui restent
satisfaisantes sont celles qui ne se sont pas conformées aux ordres
dévastateurs de l'ASO.
En 1992, une jolie fille
vient chez moi. Passe la nuit sur un matelas au pied de mon lit. Le
matin : caresses. Je me dit dans ma tête : « voyons,
visiblement les problèmes avec les filles surgissent en lien avec
l'acte sexuel. Là, pour les éviter, je vais éviter l'acte ».
Nous avons échangé plein d'agréables caresses, finissant nus l'un
contre l'autre. Je cherchais uniquement à faire le plus plaisir à
ma partenaire sans chercher à me plier à la stupide règle abusive
de l'ASO. C'était une expérience tentée. Tout s'est très bien
passé. Par la suite, il est arrivé qu'on échange quelques bien
agréables caresses. Toujours sans ASO. Ça s'est terminé bien des
années après parce que ma partenaire était une adepte de l'ASO.
Elle y ajoutait le rêve de verrouiller avec l'ASO une relation
obligée et obligatoire qui la ferait échapper à la solitude.
Verrouillée y compris avec un enfant. J'étais clair et avais
réalisé que les caresses oui, mais l'acte non, avec elle, il ne
m'intéressait pas. Alors ma partenaire s'est éloignée. A la
recherche d'une proie à capturer pour meubler sa solitude.
Une autre relation était
restée hors ASO tout simplement parce que je n'ai pas bandé. Mon
corps matériel était plus conscient de la réalité de la relation
et du caractère incongru de l'ASO que moi. Par la suite, mon
orientation asiste a convaincu l'autre d'arrêter. J'en ai ressenti
un bref et terrible chagrin dont jusqu'à aujourd'hui je n'avais pas
compris le motif de l'intensité.
J'ai connu une relation
idéale avec une partenaire que j'ai traité sur un mode
expérimental. Je me suis dit, ne sachant ce qui était juste
exactement de faire, que je me tiendrais exclusivement à ses
propositions et n'en ferais aucune. Elle n'a sollicité que des
caresses. A ignoré l'ASO. Ce fut une relation satisfaisante et d'une
grande plénitude. Enfin, il m'est arrivé d'héberger durant dix
jours une jolie fille en vacances. J'ai tout de suite vu qu'elle
avait une tendance asiste. Mais n'était en fait pas du tout prête à
l'assumer jusqu'au bout. J'ai soigneusement évité de donner suite à
son asisme.
Peut être m'a-t-elle vu
nu le matin, quand elle était sensée dormir et que je me levais.
Elle a sans doute feint de dormir pour m'espionner. Mais son désir
n'avait aucune importance. Je voyais bien que ce qui était à
l'ordre du jour n'était pas l'acte sexuel. Chercher à le ramener
aurait été tout à fait abusif.
Le résultat de ma façon d'agir a été une merveilleuse et chaleureuse cohabitation de dix jours satisfaisante tout à fait pour nous deux. Succomber aux sirènes de l'ASO aurait gâché notre amitié.
Le résultat de ma façon d'agir a été une merveilleuse et chaleureuse cohabitation de dix jours satisfaisante tout à fait pour nous deux. Succomber aux sirènes de l'ASO aurait gâché notre amitié.
A part des caresses je
placerais le baiser sur la bouche. Car ce n'est pas une caresse
buccale parmi d'autres. Il signifie littéralement : « je
t'aime ». C'est en tous cas ainsi pour un certain nombre de
personnes. Donc, il faut des fois savoir l'éviter quand les « je
t'aime » ne sont pas à l'ordre du jour.
Tant que l'ASO dominera,
l'amour périra. Quand l'ASO périra, l'amour vaincra. Et, en
attendant sa victoire pleine et entière, sachons éliminer
complètement l'ASO de nos relations. Il n'a rien à y faire, sauf du
mal. Sans l'asisme, la vie est belle, merveilleuse, comme le rêve
que j'ai fait où à la fin on se cache et assume en même temps son
rejet de l'asisme. Dans ce rêve, nous disions au visiteur : « nous
avons dormi nus », mais pas : « nous avons fait
l'amour ».
Est-ce que mon discours
est clair ici ? Peut-être il ne l'est pas. Je sais en tous cas qu'il
est issu de plus d'un demi siècle de réflexions et expériences
personnelles.
Ce qui rend très
difficile d'identifier le problème de l'ASO, c'est que souvent on ne
pose pas les bonnes questions. On croit très souvent et ça m'est
arrivé, que la vraie question est : « pour ou contre le sexe
? » Ce qui est une question aussi absurde que : « pour ou
contre le fait de manger ? » Dans certaines circonstances il
est bon et juste de consommer de la nourriture. Et dans d'autres pas,
par exemple il n'est pas bon de consommer des produits pourris ou
vénéneux.
La question erronée
« pour ou contre le sexe ? » égare d'autant plus que
« le sexe » est une notion toute relative. A l'acte
sexuel, qui n'est pas anodin, on joint une quantité de choses qui
ont souvent pour caractéristiques d'être considérées comme
interdites, incorrectes, sales. Jadis à Paris montrer sa cheville
pour une femme était considérée comme érotique. J'ai connu le cas
d'une dame née en 1939 qui voulait bien se retrouver nue en
compagnie de son amant, mais en aucun cas lui laisser voir quand elle
se déshabillait. L'acte de la voir se déshabiller lui paraissait
d'une indécence absolue. Pour beaucoup, s'embrasser sur la bouche
est considéré comme « sexuel ». J'ai connu une
étudiante des Beaux-Arts de Paris qui embrassait ses connaissances sur la
bouche, apparemment sans malice particulière. C'était sa façon à
elle originale d'embrasser, sans pour autant draguer. Ou alors, j'ai
été très naïf quand je l'ai connu ainsi au début des années
1970.
Ce qui complique encore plus
la vision des choses, c'est que le « sexe » est non
seulement interdit, mais en plus il est caché et on est sensé
éviter d'en parler, sous peine d'être mal considéré. Et moins on
parle, moins on risque d'avancer dans la compréhension des choses de
la vie. Il est temps de réformer en douceur l'amour. De le
débarrasser des scories du passé. L'ASO est une révoltante
absurdité. Tout le monde en souffre et les femmes en sont les
premières victimes. L'asisme nous opprime tous. Précipitons-le dans
la poubelle de l'Histoire ! Ce qui nécessite d'abord notre effort
sur nous-mêmes. La liberté et le bonheur sont au bout du chemin.
Desasismons-nous !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 11 février 2015
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