Quelle est l'origine du
pouvoir ? Elle est sexuelle. Ou plus précisément elle trouve sa
racine dans un désordre de la sexualité masculine. La culture
dominante fait de l'érection et de quantité d'autres situations, le
signe d'une prétendue urgence de réaliser l'acte sexuel. La
pléthore d'actes sexuels qui en résulte crée la surpopulation et
l'insatisfaction. Cette insatisfaction masculine se traduit par la
recherche furieuse et désespérée d'une chose qui n'existe pas : la
sexualité pléthorique et satisfaite. Ne la trouvant pas, l'humain
de sexe masculin se rabat sur des fantasmes et compensations. En
premier chef, la compensation consiste en un désir désespéré de
« posséder ». Posséder l'autre : la femme ou le
partenaire sexuel masculin dominé, posséder l'argent, la
« propriété » de diverses choses, et enfin : le
« pouvoir ».
Le pouvoir est un
fantasme comme un autre. Qui peut y compris prendre une tournure
sadique. Faire souffrir, mourir, ceux qu'on domine peut participer du
plaisir du pouvoir.
Il arrive que des femmes
recherchent également la jouissance du pouvoir, mais quelles femmes
! Ce sont souvent des sortes de caricatures d'hommes, des espèces de
« femmes-hommes » comme par exemple : Marie Tudor,
Catherine II de Russie ou Margaret Thatcher.
Témoignant de leur
désordre sexuel, les hommes de pouvoir développent très
fréquemment une sexualité transgressive, compulsive et frénétique.
Gilles de Raies en est le plus fameux exemple. Il y en a d'autres au
cours de l'Histoire, comme par exemple le roi Louis XV ou plus
récents encore que nous ne nommerons pas.
Face aux conséquences
nocives du pouvoir on voit évoquer diverses propositions :
contre-pouvoir, pouvoir idéal, démocratie intégrale et permanente.
Elles tendent toutes à admettre le pouvoir, mais modifié, amélioré,
nettoyé de ses défauts. L'incapacité des humains à régler le
problème du pouvoir tient à ce qu'à tous les niveaux de la société
la masse des humains de sexe masculin est avide de pouvoir elle
aussi. Car elle connait le même désordre sexuel que ses dirigeants.
Une solution peut-elle
être trouvée aux problèmes posés par les conséquences horribles
et néfastes du pouvoir ?
Ouvrir un débat à ce
sujet paraît la première étape sur le chemin pour trouver des
solutions, si elles existent. Le contraire du pouvoir c'est le
partage. Quelques exemples me reviennent à ce propos. En plein
mouvement social massif de grèves et manifestations en mai et juin
1968, des groupes de centaines de personnes se rassemblaient
spontanément tous les jours sur les trottoirs de la place
Denfert-Rochereau à Paris et passaient des heures à discuter.
J'avais dix-sept ans, suis passé par là et les ai vu. À
ma connaissance aucun livre ou article paru n'en a parlé. Ces
groupes étaient composés d'hommes d'un certain âge. Maria de
Medeiros racontait l'anecdote suivante lors d'une conférence
projection débat à l'École normale supérieure à Paris : en 1974,
au moment de la Révolution des œillets au Portugal régnait une
atmosphère de partage extraordinaire. Elle l'a illustré avec
l'anecdote suivante : un soldat dans la tourelle de son char reçoit
sur la tête quelque chose. C'est un poulet rôti.
Un autre exemple de
partage, ce sont les goguettes, sociétés festives et chantantes qui
prospéraient jadis en France. Leur but était le partage d'un moment
de plaisir. Il y en avait des dizaines de milliers dont des centaines
à Paris. Tant qu'elles sont restés petites, elles se sont bien
portés. Quand elles ont commencé à grandir, dépassant le nombre
de 19 adhérents, les problèmes sont arrivés. Car avec le nombre
arrive la maladie du pouvoir. Avec ceux qui veulent commander,
profiter, et ceux qui veulent céder et obéir. Contre le pouvoir il
faut renouer avec l'amour et le partage véritable.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 25 juillet 2015
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