J'habite une tranquille
rue parisienne. Ce qui, bien plus il y a quelques années
qu'aujourd'hui, attirait en masse les propriétaires de chiens venant
s'y promener. Et laissant le disgracieux et odorant souvenir du
passage de leurs compagnons fidèles à quatre pattes. Un habitant de
ma rue leur faisait la guerre. Je l'entendais fréquemment se
disputer avec les propriétaires de chiens. A force de les entendre,
j'en vins à une conclusion d'évidence. Certes, ces accrochages
verbaux avaient pour motif les crottes de chiens. Mais, au fond, ces
crottes servaient de prétextes. Les hommes qui s'engueulaient ainsi
cherchaient d'abord et avant tout la bagarre.
J'étais en vacances il y
a bien des années chez une amie qui venait d'épouser le chef d'une
petite entreprise. Il recevait amicalement un autre chef de petite
entreprise. Les deux hommes parlaient de leurs affaires et celles
d'autres patrons. En les écoutant, je réalisais que, certes, ils
cherchaient à gagner leur vie avec leurs entreprises. Mais, ce qui
les motivait d'abord et avant tout était le plaisir de se battre et
affronter leurs concurrents.
Crottes de chiens ou
bénéfices d'entreprises, la motivation première était en fait
l'envie de se battre. Combien de fois, quand des hommes s'affrontent
on nous explique le motif de l'affrontement par la défense de tel ou
tel intérêt. En fait, le motif, c'est l'envie de se battre.
Croyez-vous qu'un
milliardaire pourri de milliards gagne quoi que ce soit qui change sa
vie en ajoutant quelques milliards de plus aux autres milliards qu'il
ne consommera pas et laissera en héritage ?
La bagarre pour le
pouvoir qu'est-ce que ça apporte de plus à ceux qui l'ont déjà ?
Plutôt que s'appliquer à trouver des explications diverses dans les
causes officielles, si nous regardions, cherchions les causes réelles
de ces affrontements ? Les choses les plus évidentes sont souvent
les moins reconnues. Quand des affrontements éclatent, surgit la
litanie des causes de ceux-ci. Sans réaliser qu'exactement les mêmes
causes rencontrées peuvent ne pas entrainer d'affrontements.
L'éclatement de la
Yougoslavie a amené des conflits. L'éclatement de la
Tchécoslovaquie n'en a amené aucun. Diverses chutes de
gouvernements se sont accompagnées d'affrontements graves. Mais pas
la chute de la dictature des colonels en Grèce, celle du salazarisme
au Portugal et la fin du franquisme en Espagne. Alors, la chute d'un
régime ou sa fin tantôt amène des désordres graves, tantôt pas.
Donc, la raison qui amène la violence est ailleurs que dans les
motifs « officiels » brandis par les historiens après
coup.
Une belle revue pleine de
photos traitait de la chute du tsarisme et l'avènement des
bolcheviks en Russie. Comme je la feuilletais, je m'avisais un jour
de relever sur les photos combien de femmes apparaissaient. J'en
trouvais moins d'une douzaine à côté de centaines et centaines
d'hommes.
C'est un signe : la
violence est masculine. Mais, alors, par delà les prétextes
invoqués, serait-elle en fait d'origine sexuelle ? Où se trouverait
la cause réelle de cette violence masculine ?
Au début des années
1980 une femme trentenaire se plaignait à moi : « à partir de
l'âge de treize ans, ça n'était plus pareil. Chaque fois qu'un
homme m'approchait, j'avais l'impression qu'il avait une idée
derrière la tête », me disait-elle.
J'ai entendu dire
également que la recherche de la réussite matérielle, l'ambition
de richesses, est différente chez la femme. Elle est généralement
beaucoup moins intéressée que l'homme.
Durant de grands
événements politiques comme la Révolution française ou la
révolution russe de 1917, les femmes interviennent rarement. Et
seulement quand elles sont vraiment à bout.
Les femmes, que ce soit
dans le domaine économique, social, financier, politique, religieux,
n'ont pas le pouvoir. Certes, il existe des exceptions, comme la
pharaonne Hatschepsout, Blanche de Castille, Catherine II, Dolorès
Ibarruri, Margaret Thatcher, Angela Merkel, Christine Lagarde, Zoé
Kostantopoulou. Mais ce sont des exceptions.
Différentes personnes
prétendent que jadis le monde était dominé par le pouvoir des
femmes : le matriarcat. A mon avis c'est une farce justificative. Qui
va dans le sens de l'affirmation : les hommes dominent les femmes à
présent, c'est normal. Il n'y a pas le choix. Hier, c'était les
femmes et à présent c'est les hommes. Cette légende est fabriquée
sur mesures pour justifier l'injustice patriarcale.
Mais, pourquoi les hommes
sont-ils si avides de violence et de pouvoir ? Le pouvoir étant
lui-même une forme de violence coercitive à l'endroit de ceux qui
le subissent.
Il y a à ces aspirations trois raisons : une légende, un trouble de comportement et une tyrannie économique.
Il y a à ces aspirations trois raisons : une légende, un trouble de comportement et une tyrannie économique.
La légende est celle de
la libido. Elle n'existe pas. L'homme est phallussolâtre et
croit au pouvoir de son zizi. Il faudrait soi-disant le fiche dans
tous les trous possible dès qu'il se dresse ou pourrait se dresser.
Cette niaiserie a des conséquences tragiques : crimes passionnels,
mésententes, suicides, prostitution, viols, agressions sexuelles ;
et aussi des conséquences plus anodines : boulimie de pornographie
et masturbation frénétique. J'ai baptisé l'origine de cet ensemble
de troubles comportementaux l'aberration sexuelle masculine,
en abrégé ASMA.
La tyrannie économique
s'exprime par la non reconnaissance du travail domestique de la
femme. Élevez des rats, c'est un métier, on vous paie. Faites le
ménage chez les autres, on vous paie, etc. Élevez vos enfants.
Rangez et nettoyez chez vous. C'est du bénévolat. La femme à
laquelle on impose un travail non rémunéré ni reconnu connaît une
condition servile. Car subir l'imposition d'un travail dans de telles
conditions c'est être une esclave.
L'adoption du revenu
universel et inconditionnel pour tous de la naissance à la mort
ferait disparaître cette condition servile de la femme, qui s'oppose
à beaucoup de choses, au nombre desquelles l'amour.
Les femmes depuis
extrêmement longtemps attendent la paix avec les hommes. Elle passe
par la pleine reconnaissance par les hommes du travail domestique des femmes. Et que les hommes
renoncent à l'ASMA. Ce qui commence par un choix personnel possible
pour chaque homme. Il faut cesser d'être asmique. Quand on observe
les dirigeants politiques, ce sont presque tous des hommes qui font
souvent des orgies.
Il y a quelques années
je lisais qu'un médecin gay posait la question : « pourquoi
les gays aiment-ils tant les orgies ? » La réponse est simple
: faites se rencontrer deux, cinq, dix asmiques, le résultat coule
de source. Ils vont mutualiser leur phalussolâtrie.
Quelle est l'origine de
l'ASMA ? Peut-être la thanatophobie ? L'universalité de la mort
aurait poussé à l'excès sexuel pour la conservation de l'espèce ?
En tous les cas, on peut volontairement s'émanciper de l'ASMA une
fois qu'on a pris connaissance de sa réalité et sa nuisance. Il ne
faut pas craindre de renverser la table. Sortir du tunnel. La guerre
est finie, il faut s'habituer à la paix
Basile, philosophe
naïf, Paris le 3 juillet 2015
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