Un enfant de deux, trois,
quatre ans qui apprécie un homme se jette dans ses bras pour
l'embrasser. Plus tard, à partir de l'âge de treize ans, il devient
hasardeux et risqué pour une fille de se jeter dans les bras d'un
homme adulte. Car ce mouvement de tendresse est aussitôt assimilé à
une « avance sexuelle ». Notre société condamne la
tendresse en lui attachant au pied la chaîne et le boulet de la
recherche obligatoire de l'acte sexuel qui lui serait soi-disant
toujours lié. Arrivé à l'âge de treize ans, les jeunes filles
sont plus proches des chiens, chats ou lapins d'appartement. Qu'elles
peuvent caresser librement, que des hommes. Ce barrage s'étendant
jusqu'au sein-même des familles.
J'ai vu de mes yeux une
jeune fille de treize ans faire un câlin à son papa. Elle s'est assise sur ses genoux. Et le pauvre paraissait apeuré, désemparé
et paralysé. N'osant pas la toucher, refermer les bras sur sa fille.
Visiblement, pour lui, un tel comportement était nécessairement
incestueux.
Une amie m'expliquait
que, comme elle continuait à s'asseoir sur les genoux de son père
alors qu'elle avait déjà treize ans, elle entendit un jour par
hasard sa mère engueuler son père. Elle lui disait qu'à présent
que sa fille était devenue une jeune fille il devait cesser de
l'accepter sur ses genoux !
Toujours ici la même
abusive confusion : câlins égal forcément baise. Même quand les
personnes concernées ne pensent pas au cul.
Cette situation délirante
conduit généralement les femmes à éviter les câlins, caresses,
bisous des hommes. Et les hommes souvent à avoir peur d'en faire ou
essayer d'en faire aux femmes.
Les femmes aiment les
câlins des hommes, mais, pour ne pas se sentir harcelées, elles
sont amené à les éviter ou repousser le plus souvent.
Cette situation crée une
souffrance des femmes carencées en câlins. Car la peau des femmes
appelle les caresses et bisous des hommes.
Pour remédier un peu à
cette carence, j'ai pu observer que certaines femmes profitent à Paris
de la cohue du métro aux heures de pointe pour procéder à la prise
d'échantillons gratuits de câlins.
On entend fréquemment
parler des hommes qui « collent » aux femmes ou leur
mettent la main en divers endroits de leur anatomie aux heures de
pointe du métro parisien. Il est bien moins souvent fait état du
comportement symétrique féminin correspondant.
Pas plus tard que tout à
l'heure j'en ai eu une démonstration dans le métro. Une jeune femme
avec de très gros seins monte dans la rame bondée où je me trouve.
Elle se place pas loin de moi et attrape la barre pour se tenir où
je me tiens déjà. Je ne la vois pas, car elle est plus ou moins
derrière moi. Je sens alors qu'elle appuie le côté d'un de ses
seins contre mon coude gauche. Je ne fais rien comme mouvement. Elle
continue. Par moments elle se déplace pour frotter la pointe de son
sein contre mon coude. Elle le fait « en toute innocence »
bien sûr et tout à fait par hasard... J'apprécie ce contact autant
que je peux sans faire quoi que ce soit pour. Ce manège de la jeune
femme dure un certain nombre de stations. Puis, quand nombre de gens
descende, elle s'éloigne. Personne n'a semble-t-il remarqué quelque
chose. Sauf une jeune fille au décolleté sexy, debout devant moi,
qui a tout vu. Et me jette un regard furibond. Je n'ai pourtant rien
fait de reprochable. Une jeune femme inconnue a cherché à profiter
de la cohue pour se caresser le sein sur mon coude. Et je ne lui ai
pas refusé ce plaisir furtif.
On m'a sollicité des
échantillons de câlins gratuits. J'ai laissé les prendre. Comme je
comprends la jeune femme aux très gros seins qui s'est servi ainsi.
Si elle accepte ouvertement des caresses sur les seins ou en
sollicite, les imbéciles qu'elle rencontrera à cette occasion vont
vouloir lui imposer à la clé leur « prestation »
sexuelle. Et celle-ci non seulement mal venue car imposée, sera le
plus souvent sommaire et misérable. Cette prestation prétendra
résumer la surface de la peau à caresser de cette femme à vingt
centimètres carrés alors qu'elle mesure deux mètres carrés !
Une amie me racontait un
jour la décevante prestation sexuelle d'un amant. La première fois
qu'elle et lui se sont rapprochés, ce fut comme une révélation et
un élan naturel : bisou sur la bouche, câlins, tendresse et baise.
Mais, la suivante fois, voilà que l'amant arrivant chez elle
s'empresse de lui présenter sa queue en érection. Lui prend la tête
avec les mains. Et lui fait faire une pipe. Ni bisous, ni tendresse,
ni rien de tout ça. Juste Monsieur qui voulait utiliser la bouche de
sa copine. Après ce comportement minable elle n'a plus voulu le
revoir et a eu raison.
Autre comportement nul
d'un homme : celui-ci, jeune, retrouve au lit une jeune femme. Il la
pénètre avec son pénis, remue dedans, éjacule. Puis se lève. Va
prendre une douche. Met un slip, un short et un tee shirt. Et va
s'asseoir devant son ordinateur pour regarder des conneries. Il ne
manquait que quelques billets de 20 euros à sortir pour avoir
l'apparence effective d'une passe avec une pute ! La jeune femme n'a
pas voulu recommencer ce genre de rapports « amoureux ».
Elle a eu raison.
Et vous savez quoi ? Le
plus beau est que ce jeune homme au comportement sommaire et peu
câlin était justement le fils de la dame dont je parlais juste
avant de parler de lui. Ce jeune homme a témoigné de la plus grande
nullité tactile jointe à l'obsession du trou et de sa petite
jouissance en lieu et place d'une relation véritable. Mais quelle
relation véritable envisager quand l'égoïsme masculin règne ?
Tant que les hommes dans
leur grande masse ne rectifieront pas leur comportement sommaire et
inepte avec les femmes, celles-ci seront amenées le plus souvent à
leur refuser tous contacts physiques. Dont pourtant elles raffolent.
Mais que les hommes le plus souvent sont incapables de leur donner.
Car ils ne pensent qu'à leur queue. Et s'obstinent à ignorer la
tendresse ravalée au rang de « préliminaires » à leur
jouissance à eux.
Une revue française
rapportait très récemment qu'une statistique indiquait qu'une
majorité de femmes en France préfèrent un bon repas pris au
restaurant à « une nuit d'amour » (lisez : un plan cul).
Vue la très fréquente nullité masculine au lit, il n'y a vraiment pas de
quoi s'étonner. Dans notre société, le plus souvent la relation
faite de câlins est complètement sinistrée. J'ai connu une jeune
femme dont aucun des nombreux amants ne s'était avisé à lui
caresser les seins. Qu'elle avait très sensibles. Une autre qui
n'avait jamais reçu de la part de ses amants de caresses sur son
dos. Tous les hommes que ces deux femmes avaient connu ne pensaient
qu'au trou. L'un d'entre eux avait même expliqué un jour que s'il
bandait et ne faisait pas ensuite l'amour il ressentait de terribles
souffrances. Avec un tel argument il était parvenu à convaincre sa
partenaire de « passer à la casserole » pour l'aider à
ne plus souffrir ! Que de ruses, de mensonges et d'efforts pour
parvenir à cette petite chose qu'on appelle, bien souvent par
antiphrase : « l'acte d'amour ». Que de tristes
gesticulations préférées au fait d'ouvrir les yeux, se remettre en
question. Avoir enfin l'ambition d'un rapport harmonieux et
complémentaire avec la femme.
Il serait temps que l'homme comprenne que la femme existe pour elle-même et pas pour
lui. Qu'elle rit, pense, pleure, aime et vit pleinement comme un être
humain et pas comme un objet complémentaire de l'homme. Ce qui ne
l'empêche pas d'avoir besoin de l'homme et réciproquement. Mais les
hommes, bien souvent ne savent pas répondre au désir des femmes de
les voir assumer leur tendresse. Ils ne savent ni en donner, ni en
recevoir. Il faudra bien un jour qu'ils changent. Et acceptent
pleinement d'être des hommes.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 23 juillet 2015
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