Il est essentiel pour
notre équilibre de savoir analyser ses désirs. Si vous éprouvez
l'envie d'embrasser sur la bouche une personne que vous appréciez ou
de dormir avec elle. Ça signifie précisément que vous éprouvez
l'envie d'embrasser sur la bouche une personne que vous appréciez ou
de dormir avec elle. Et c'est tout. Avant, et durant de nombreuses
années, intoxiqué par les aberrants usages dominants et l'aberrante
morale dominante, je me disais : « si j'ai envie d'embrasser
sur la bouche une personne que j'apprécie ou de dormir avec elle, ça
signifie que je souhaite faire l'amour avec elle. » Cette
parfaite stupidité étant confortée par l'idée stupide
supplémentaire que si embrassant ou pensant à embrasser sur la
bouche ou dormir avec une personne donnée j'éprouve une érection
ou début d'érection c'est « une preuve ». Que je dois, j'ai
envie, ce serait bien d'user de mon instrument pour le mettre dans un
orifice précis de l'autre. Navrante stupidité, avoir envie de
« faire l'amour » c'est autre chose et j'y reviendrais
plus loin.
Savoir développer et
gérer ses fantasmes est également essentiel pour notre équilibre.
Si j'aperçois une jolie fille dans la rue, je peux l'imaginer nue.
Ma pensée s'arrêtera là. Pourquoi ? Parce qu'elle reste proche de
la Nature. A l'origine nous vivions sans l'obstacle visuel des
vêtements. Il est donc tout à fait proche de notre nature de rêver
à l'image de l'anatomie de l'autre. Aller au delà c'est s'éloigner
de notre nature. Si j'aperçois une jolie fille qui, par exemple,
voyage seule dans le métro et s'est choisie une tenue comportant un
décolleté vertigineux, j'apprécierais celui-ci. Je me poserais
aussi à moi-même la question soulevée par cette tenue insolite.
Les jolies filles voyageant seules dans le métro sont harcelées en
permanence par un troupeau d'imbéciles hallucinés, qu'est-ce qui a bien pu décider cette jolie fille à sortir ainsi ? Ma pensée
s'arrêtera là, car je ne la connais pas et ça ne me concerne pas.
Enfin, il m'est arrivé un jour d'être confronté à une jolie fille
qui avait un comportement assez exhibitionniste. A l'heure du repas,
après sa douche, elle débarquait en peignoir, le laissait
négligemment s'entrebâiller, me laissant voir son « origine
du monde », car elle ne portait rien en dessous. Je n'ai pas cherché à
répondre. Plus tard, j'ai eu la confirmation de la justesse de ma
façon de réagir. Car il s'agissait d'une
personne souffrant d'un trouble bipolaire. Ce trouble amène entre
autres symptômes possible des formes de désinhibitions sexuelles se
traduisant par de l'exhibitionnisme qui peut être verbal ou physique. Cet
exhibitionnisme n'allant nullement de pair avec la recherche de quoi
que ce soit. C'est l'expression d'un trouble mental que la personne
souffrante ne contrôle pas et que l'on ne sait pas très bien
soigner. La malade ici ne réalise pas vraiment quelle initiative
elle prend et reste en fait très loin de toutes idées de drague.
Celui qui croirait naïvement à une « avance » et
tenterait d'y répondre serait dans ce cas promptement rembarré et
n'y comprendrait rien. Il pourrait alors partir dans le lamento de
vociférations classiques : « elles ne savent pas ce qu'elles
veulent ! », etc.
Le vrai désir de « faire
l'amour » est un sentiment très particulier qui se manifeste
rarement et fugacement. Je me souviens de la première fois que je
l'ai éprouvé, alors que j'avais déjà eu stupidement
quelques petites amies et avais fait avec elle bêtement « comme
tout le monde ». Cette fois-ci, c'était il y a bien des
années, une amie et moi avions établi une relation assez ubuesque.
Elle avait fini un soir par le fait que nous sommes allés au lit
ensemble. Moi, nu, elle vêtue d'une chemise de nuit bien longue
qu'elle manifestait le choix de soigneusement conserver sur elle la
nuit entière. Finalement, après m'avoir tourné le dos, au bout de
quelque temps, peu de temps, elle a subitement ôté sa chemise,
s'est retournée et s'est jetée dans mes bras. Très agréable
sensation ! Après quoi elle m'a caressé en particulier le dos avec
un toucher spécial que j'ai mis ensuite des années à identifier,
et qui est extrêmement agréable. Et c'est après ça que j'ai
éprouvé à un moment-donné l'envie effective et authentique de
« faire l'amour ». Non pas se dire intellectuellement
qu'on peut et va passer à cet acte, mais exactement l'envie de
pénétrer avec mon, pénis en érection le vagin de ma partenaire.
Aussi littéralement et simplement que l'envie de boire, manger, ou
réaliser une autre activité naturelle et physiologique. Je n'ai
alors rien fait pour répondre à ce désir, car j'étais bloqué par
la confusion de mes pensées et n'était pas simplifié dans ma tête.
Le lendemain matin,
téléphonant à ma partenaire durant une brève pause durant mon
travail, elle m'a dit qu'elle avait été étonnée la veille qu'on
n'ait pas « fait l'amour » et m'a donné rendez-vous pour
« conclure » le soir-même. Ce qui est arrivé. Mais ce
soir-là, à la différence de la veille, je n'ai pas du tout éprouvé
le désir de la veille. Après l'acte qui ne m'a pas apporté plus
que pas grand-chose, ma partenaire paraissait toute contente. Et moi
j'ai eu le sentiment très désagréable qu'elle avait profité de
moi.
Par la suite, et comme
des millions d'autres abrutis, nous avons « consommé »
un certain nombre de fois durant un certain temps. J'en ai pris
l'habitude. Et puis, comme pour d'innombrables autres « couples »,
elle en a eu marre et a arrêté cette comédie.
Ça m'a manqué. Puis,
par la suite, mon ex partenaire ayant de fortes tendances saphiques a
tenté de draguer une de mes amies dont j'étais très amoureux.
Résultat : nous nous sommes brouillés, mon ex et moi, nous sommes
éloignés et perdus de vue.
J'ignore ce qui se serait
passé si le soir où j'ai ressenti un désir authentique de « faire
l'amour » je l'aurais suivi. Car une telle situation ne m'est
jamais arrivé. En revanche, je suis sûr que si j'avais refusé de
« faire l'amour » par la suite sans désir authentique
j'aurais très bien fait. Et nous serions peut-être restés amis.
Car le plus sûr moyen de détruire une bonne relation consiste à
« faire l'amour » sans désir authentique et réciproque.
Encore un mot sur les
fantasmes : on en parle beaucoup. On prétend que ceux-ci sont
souvent extrêmement et naturellement « sexuels ». Ils
sont en fait très souvent d'origine culturelle et non d'origine
naturelle. Par exemple, la pornographie ne montre généralement pas
les désirs réels et la vie sexuelle réelle des gens. Il s'agit
d'une grossière mise en scène commerciale des fantasmes malades de
messieurs machos, frustrés et ignorants. C'est très instructif de
regarder la physionomie des « actrices » pornos. La
plupart du temps on voit très bien qu'elles ne ressentent rien,
s'ennuient et attendent la pause repas et à la fin le chèque, seul
motif de leurs « prestations ». La pornographie n'a rien
à voir avec la sexualité en tant qu'activité naturelle et
épanouie.
Le désir authentique de
« faire l'amour » est fugace. Si on ne le suit pas, il
peut très bien ne pas revenir. Si on le suit, je ne sais pas ce qui arrive. Il est probable que l'être humain est infiniment plus en
manque de bisous, caresses et câlins que d'acte sexuel. Mais comme
on a ritualisé les bisous, caresses et câlins pour en faire
l'antichambre obligé du coït, on est pris littéralement en otage.
Ou bien on va s'adonner aux caresses et se trouver confronté à un
acte sexuel pas forcément désiré. Ou bien on sera confronté à un
rejet dû au refus de cet acte. La situation est très complexe et
difficile.
On peut des fois caresser
sans problèmes le dos d'une amie, mais lui caresser les seins
signifierait une « avance ». Si on n'est pas d'accord
avec cette conception ubuesque et forcée, que peut-on faire alors ?
La culture dominante nous conduit des fois dans des impasses
sophistiqués. Notre culture est vraiment hostile à tout ce qui fait
la beauté et l'harmonie de l'amour vrai. Et nous en présente des
caricatures inaccessibles comme idéal à rechercher. Ce qui fait que
des millions d'hommes et de femmes se réfugient dans les rêves et
la résignation.
Aujourd'hui et depuis
fort longtemps d'innombrables personnes des deux sexes passent leur
soif d'amour en tenant compagnie à un chat ou un chien. Cette
situation doit-elle durer indéfiniment ? Il est visible en tous cas
que tous ceux qui nous proposent des solutions générales de
réformes du monde n'ont aucune réponse à nous donner concernant le
manque d'amour, la difficulté d'aimer et parvenir à être aimé. Il
nous appartient de trouver nous-mêmes les solutions. Et commencer à
poser le diagnostic des problèmes existants.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 31 janvier 2016
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