Les plus grandes joies et
l'équilibre-même de l'être humain proviennent de ses contacts avec
d'autres êtres humains. Mais comme fâcheusement ses plus grands
malheurs, ses plus grandes souffrances, ses plus profonds
déséquilibres proviennent également d'êtres humains, il hésite à
avoir des contacts avec eux. Voire en a peur et les fuit.
Quels sont les types de
contacts qui existent entre êtres humains. Il en est trois grandes
subdivisions.
Le contact par la pensée.
Il me suffit de penser à une agréable amie, qu'elle pense à moi et
me veut du bien, pour me sentir mieux moi-même. Savoir s'il existe
des contacts télépathiques est une question qui se discute.
Certains pensent que oui, d'autres non.
Le contact par la parole.
On en a fait toute une théorie. Privilégiant le discours oral, on a
établi diverses techniques curatives de problèmes psychologiques ou
autres. Cependant la parole est limitée et orientée. La langue
n'est pas neutre et est imprécise. Qu'on pense seulement aux sens
différents que nous pouvons donner aux mots « liberté »
ou « être gentil ». Et aux conventions de langage qui
ont donné par exemple aux mots « liberté sexuelle » le
sens de libertinage et obligation de baiser. Et non celui de faire
librement ce qu'on veut, c'est-à-dire y compris ne rien faire.
Le contact par le
toucher. Il en existe trois grands types différents : le contact
visuel, voir l'autre, le contact dermique et le contact muqueux.
Le contact visuel est
étroitement réglementé. Il est interdit de voir l'autre en entier,
c'est-à-dire au naturel. Notre culture en a fait un état spécial :
nu. Certaines parties de nous sont plus particulièrement frappées
d'interdits visuels : les parties génitales, mammaires chez les
humains de sexe féminin, les fesses. Ces parties sont sensées
n'être dévoilées que dans des conditions précises et des
situations particulières : la toilette, les soins médicaux et les
ébats sexuels.
Le contact dermique est
lui aussi étroitement réglementé. D'une manière générale il est
défendu de toucher l'autre. Quant à se toucher soi-même, c'est
aussi très mal vu. D'ailleurs l'expression « se toucher »
signifie se masturber. Ce qui montre clairement l'orientation de
notre culture. Le contact est vu comme un « préliminaire »
ou un « post-lude » à l'acte sexuel. Certaines parties
de nous sont considérées plus neutres que d'autres, le dos est par
exemple considéré plus neutre que le ventre, etc.
Le contact muqueux est
quasiment exclusivement réservé aux ébats sexuels. Il s'agit du
contact inter-muqueux entre deux individus, avec la bouche, la langue
ou les muqueuses anales ou génitales.
La prohibition générale
du toucher est la source de quantité de problèmes. Il est très
difficile de trouver un chemin permettant d'assurer un toucher dont
nous pouvons avoir grand besoin dans certaines situations. Car le
toucher peut être curatif plus que la pensée ou la parole.
Pour arriver à sortir du
blocage général, il faut se pencher sur le seul toucher qui laisse
des parties neutres et moins interdites que d'autres : le toucher
dermique, c'est-à-dire de peau à peau. En évitant les zones
interdites privilégier les zones restées neutres. Établir une
convention du toucher et développer une technique du toucher qui
permette de franchir trois étapes : l'acceptation du toucher, le
plaisir d'être toucher, la confiance d'être touché. Tout ceci
nécessite d'être étudié et détaillé. J'aurais l'occasion d'y
revenir ici.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 17 janvier 2016
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