Il existe une différence
fondamentale entre être pour une idée, ou une chose, être d'accord
avec elle, convaincu de sa justesse. Ou avoir conscience
d'une chose. Prenons un exemple. Il y a trois ans je suis arrivé à
une conviction : on fait de la nudité humaine adulte une chose
« sexuelle », alors que c'est simplement comme nous
sommes. Cette vérité est essentielle, fondamentale. Il n'existe pas
d'arbre à slips dans la nature ou de bébé naissant avec une
culotte.
C'était une idée,
certes juste, mais une idée seulement. Suite à trois années de
travail sur moi, je viens d'arriver à la conscience de la réalité
de l'état naturel. L'état que nous appelons habituellement « nu »
ou « nudité ». A présent, si je n'ai aucun vêtement
sur moi, je me sens complètement indifférent à la vision
« sexualisée » de la « nudité » que prétend
nous imposer la société où je vis. Je suis simplement moi. Même
si je sais que la plupart des gens se diraient autre chose s'ils me
voyaient à cet instant : « il est nu », « il
provoque », « il s'exhibe ». Moi, je ne ressens
rien de tout cela. Par la même occasion j'ai changé ma définition.
Je ne parle plus d'état de nudité, mais « d'état naturel ».
Il y a trois ans j'étais
d'accord avec une idée. Aujourd'hui, j'ai atteint la conscience
correspondant à cette idée. Il en est de même pour par exemple
l'amour du prochain.
J'ai longtemps été
d'accord avec cette idée. Mais depuis nettement moins longtemps,
j'ai atteint la conscience de cette idée. Je me sens incapable de
haïr quelqu'un. Alors qu'avant je pouvais me dire « il faut
aimer son prochain ». Et, à l'occasion, il pouvait m'arriver
très momentanément de détester quelqu'un qui s'était affreusement
mal conduit. A présent, je ne ressens plus d'animosité contre
d'autres gens. Quand bien-même je les trouve légitimement très
critiquables pour ce qu'ils font.
Un propos plus ou moins
répandu : « l'espèce humaine est une espèce animale parmi
les autres, » est presque toujours juste une idée, une
conviction. Aujourd'hui et depuis quelques années j'ai atteint la
conscience de cette idée. Ainsi, j'aperçois l'importance de
certaines perturbations à priori peu visibles.
Beaucoup d'humains mâles
sont obnubilés par leur pénis. C'est parfaitement aberrant.
L'explication partiel de ce phénomène étrange et très ridicule
vient de la « castration relative » que tous les humains
mâles, ou presque, subissent.
Durant la plupart du
temps, l'organe sexuel masculin reste caché. L'homme ne voit que
très peu de temps le sien. Il ne le sens pas non plus contre ses
jambes. Il est comprimé dans un sous-vêtement. Cette situation crée
un déséquilibre dans la perception. L'organe sexuel masculin
n'apparaît aux yeux y compris de son porteur, qu'en des occasions
précises et limitées. La plus marquante étant la pratique
sexuelle. A laquelle cet organe finit par être associé en
exclusivité alors qu'il existe aussi indépendamment. On ne passe
pas ses journées entières à « faire l'amour » !
Cette situation crée un
dérangement chez le singe humain mâle. Il va entre autres l'amener
à exagérer incroyablement l'importance de son pénis, sa taille, sa
taille en érection. Alors qu'il est juste un organe parmi d'autres.
Enfant, j'ai écrit un
jour la phrase : « le sexe est un organe comme les autres »,
ou quelque chose comme ça. L'ayant donné à lire à mon père, il
est sortit de ses gonds. Il affirmait que ce n'était pas vrai. Mais
ne donnait pas d'arguments en ce sens. En fait, il témoignait du
poids du conditionnement pesant sur lui. Sa réaction fut tellement
inattendue et brusque pour moi que j'ai déchiré mon texte.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 2 janvier 2016
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