Je poursuis depuis 22 ans
des recherches sur l'histoire du Carnaval de Paris. Ce qui m'a amené
à trouver dernièrement une information curieuse dans un article de journal daté du 23 février 1852. Ce jour-là, le cortège carnavalesque du Bœuf Gras arrivait « aux Arènes Nationales » place de la
Bastille.
Diable ! Des « Arènes
Nationales » dont l'entrée se trouve sur cette très célèbre place
de Paris ! Je n'en avais jamais entendu parler. Je fais des
recherches... Curieusement, une histoire de Paris parue en 1860 et
œuvre de La Bédollière n'en souffle pas un mot.
Cherchant des images sur
Internet, je découvre une gravure figurant un monument grandiose. Que la présence d'un
ballon monté a fait publier sur le site d'un musée de l'air et de
l'espace aux États-Unis.
En France, et sur
Internet, je trouve des traces de l'activité de ces Arènes
nationales jusqu'en 1852 inclus. Et un article de Théophile Gautier
sorti pour l'inauguration du lieu, le 1er juillet 1851.
En creusant un peu plus,
je ne trouve rien au delà de 1852... sauf, en 1854 et 1855, des
annonces concernant une très juteuse opération de spéculation
immobilière, incluant les Arènes nationales, pour construire à sa
place des immeubles...
L'Histoire se reconstitue
alors sous mes yeux : en 1851, le monument est inauguré. Il est de
style gothique. Ce qui corresponds tout à fait à la mode de
l'époque. Mais la spéculation immobilière va se charger d'éliminer
toutes traces des Arènes nationales. Or, à l'époque, un des jolis arguments
brandis pour justifier la spéculation immobilière consistait à
déclarer qu'on éradiquait ainsi des taudis insalubres...
Difficile de tenir ce
beau discours s'agissant d'un magnifique monument tout neuf ! Un monument d'une superficie très vaste, dont la démolition est très rentable pour les spéculateurs. Dont il ne faut pas dire du mal. Car ils sont riches. Alors,
ce monument parisien dont l'entrée était située pourtant place de la Bastille, on l'a « oublié ». Les thuriféraires des spéculateurs
immobiliers de l'époque et de leurs amis politiques ont organisé
l'oubli. Et, dans les histoires de la célèbre place de la Bastille,
on parle de son éléphant et d'autres choses encore, mais pas un mot
à propos des Arènes nationales. Elles n'ont jamais existé !
J'ai créé un article
dans Wikipédia à propos de ce monument disparu. Et, dans la même
encyclopédie en ligne, j'ai ajouté un chapitre sur les Arènes
nationales à l'article « Place de la Bastille ».
Je suis très heureux et
satisfait de contribuer ainsi à rendre aux Parisiens une part de
leur mémoire effacée intentionnellement il y a cent-soixante ans.
De même que je m'efforce
depuis 22 années de leur rendre la mémoire du Carnaval de Paris,
dont l'oubli avait été également organisé.
J'ajoute à cet article
une gravure montrant les Arènes nationales. Vous pouvez cliquer dessus pour l'agrandir.
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