lundi 21 septembre 2015

413 Le piège du savoir, de l'erreur et de l'ignorance

Au début de l'Humanité, il y a de cela plusieurs millions d'années, le seul outil intellectuel pour se déterminer dans sa vie est chez l'être humain son instinct. Comme toutes les autres espèces animales, il dispose d'un instinct propre à son espèce. Il n'a aucun besoin particulier qui le pousse directement à créer une quelconque industrie. Sa taille et sa force le classe parmi le genre de proies que les prédateurs carnassiers évitent, lui préférant des proies inoffensives. Une troupe de singes solidaires aux morsures féroces est plus périlleuse à attaquer qu'un paisible herbivore ou un lapin. Quant aux petits enfants humains, s'ils s'éloignent, ils sont aussi pourvus d'une capacité de courir très vite pour se mettre à l'abri du groupe.

La vie des humains sera bouleversée progressivement par une activité évolutive : le jeu. Les humains jouent. En jouant, ils inventent des choses. Pense-t-on aujourd'hui que y compris l'idée de réaliser un sol plat ou un escalier furent le fruit d'une lente évolution ?

Cette évolution amène à développer un produit nouveau, distinct de l'instinct pur originel : le savoir.

Au savoir qui naît ainsi vont s'ajouter : le savoir erroné, l'erreur, et l'ignorance, l'absence de savoir. Ce qui va ajouter une inégalité possible entre les humains. Et aussi, au savoir, à l'erreur et l'ignorance vont s'ajouter : la transmission du savoir, de l'erreur ou de l'ignorance. Cette transmission va amener un trouble majeur chez les humains : l'enfance prolongée, qui est antinomique au fonctionnement originel de base des humains.

A l'origine, dès qu'il arrive à se nourrir seul, l'être humain est adulte. Or, là, il va être amené à devoir « rester enfant », le temps d'apprendre... Car il faut prendre du temps pour apprendre. Et ce trouble majeur, l'enfance prolongée, va engendrer la peur, la panique. Enfant prolongé signifie aussi parents prolongés. L'enfant prolongé quand il sera précipité très tardivement dans le statut théoriquement adulte, va perdre ses repères artificiels : les parents prolongés. Ce sera la panique. Il se sentira petit, perdu et incapable de s'en sortir, d'y arriver. Il se sentira incapable de penser par lui-même. Il sera comme un individu qu'on a maintenu couché durant six mois. Il a désappris à marcher.

Alors, sans réaliser l'état de panique où il se trouve, car il le partage avec ceux qui l'entourent, il va souffrir d'un trouble dont il ne cerne pas la nature. Résultat, par exemple, on verra des mères qui se dévouent corps et âme à leurs enfants bizarrement répéter qu'elles sont « des mauvaises mères ». D'excellents professionnels vont incompréhensiblement ne jamais être satisfaits du résultat de leur travail. Celui-ci leur semblera toujours mauvais, insatisfaisant. Des adultes responsables vont chercher une idéologie, un parti politique, un chef à suivre, et vont en trouver un, y compris quand ça ne correspondra en rien à leurs intérêts. D'autres, qui disposent de tout ce qu'il faut pour mener une existence confortable et satisfaisante, vont se ruiner la vie à devenir des « chefs politiques ou autres ». Les troubles de comportements fruits de la panique sont variés et innombrables.

Un phénomène des plus bizarres sera la recherche frénétique d'un papa ou une maman de substitution à travers d'une étrange quête qu'on nommera : « la recherche de l'amour » ou « du Grand Amour » ou « de sa moitié ». Des personnes « raisonnables » chercheront à tous prix quelqu'un de fabuleux dont la présence arrangerait tout et leur serait soi-disant indispensable. Cette recherche les conduira à des souffrances extrêmes, parfois même au suicide. Mais, mettre en doute cette recherche sera très mal vu par les personnes qui souffrent. Si on ose déclarer vouloir échapper à la terrible pression normative des humains en panique et dire qu'on cesse de chercher « sa moitié d'orange », que n'entendra-t-on ? Qu'on va le regretter, que c'est misérable, « tu es homosexuel », etc. Il est défendu de vouloir échapper à la recherche de « l'obligatoire bonheur à deux » !

Basile, philosophe naïf, Paris le 21 septembre 2015

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