Certains rêves que je
fais me donnent l'impression d'être pratiquement comme des messages
d'informations venus d'ailleurs. Ce fut le cas avec un rêve que je
viens de faire la nuit dernière.
Dans ce rêve, j'étais
un opposant actif et militant au gouvernement actuel chez nous en
France et aussi à l'Europe. Je collais sur les murs des affichettes.
Contre le gouvernement elles portaient l'inscription : « En
2017, offrez-vous le plaisir de ne pas voter socialiste ! » Et,
contre l'Europe, c'était des affichettes déclinées en plusieurs
langues européennes : « Europe dehors ! » ; « Europe
raus ! » ; « Europe get out ! » Que les touristes
regardaient, notamment des touristes allemands.
Quand je me suis
réveillé, j'ai compris le message sous-jacent à ce rêve orienté.
Quand éclatera une grande crise sociale, un signe qui ne trompera
pas sur l'apparition de ce phénomène sera que les murs prendront la
parole. Les gens écriront ou afficheront un peu partout sur les murs
les motifs de leur mécontentement. Comme c'est déjà arrivé en
pareil cas en 1968 et aussi en 1848.
Les célèbres affiches
sérigraphiées de mai 1968, qui n'étaient pas toutes produites à
Paris à l'École des Beaux-Arts, mais aussi également au moins à
l'École spéciale d'architecture située boulevard Raspail, sont
restées dans la mémoire collective. Elles ont aussi été
reproduites dans des livres et même présentées pour certaines dans
au moins une exposition faite à la Bibliothèque nationale. Les
affiches de 1848 sont par contre oubliées du grand public. Le hasard
de mes recherches historiques sur les sociétés chantantes dites
goguettes m'en ont fait retrouver.
En 1848, l'éditeur
Charles Durand, admirateur passionné du goguettier Gustave Leroy,
imprime et placarde sur les murs de Paris de grandes affiches sur
papier rouge portant ses chansons. Le journal « La Chanson »
raconte à ce propos en 1879 :
« Lorsqu'arriva
1848, Gustave Leroy se livra corps et âme à Durand, un ouvrier
intelligent qui venait de se faire éditeur. Durand ne marchandait
pas la gloire à son auteur ; il proclamait haut et partout que
c'était un nouveau Béranger. Encore ajoutait-il dans sa naïveté :
Béranger n'a jamais rien fait de pareil à sa dernière ! C'était
vrai. Durand faisait alors afficher les chansons de son Béranger sur
les murs de Paris. Le papier était rouge et mesurait bien un mètre
carré ; cette propagande lui valut un accroissement considérable de
popularité. »
Ce ne furent très
probablement pas les seules affiches placardées à Paris en 1848. Il
dut y en avoir beaucoup d'autres.
L'expression de la colère
populaire sur les murs dérange les autorités. De nos jours, elle
peut se heurter à plusieurs obstacles : une législation
pointilleuse qui va définir dans certains cas les graffitis et
affichages « sauvages » comme des « dégradations de
monuments publics ». Des équipes organisées officiellement
pour lutter contre les tags et pour la propreté qui accourent pour
faire disparaître tout ce qui peut ressembler à de l'expression
murale. Enfin, dernier obstacle aux affichages « sauvages »
: quantité de supports tels que les réverbères parisiens sont
dotés d'un revêtement anti-affichage très granuleux, qui n'existait pas en 1968.
Tout ceci n'empêche pas
que je sais à présent, suite à mon rêve de cette nuit, que je
n'aurais pas besoin de regarder la presse affichée sur les kiosques
à journaux ou regarder les sites Internet des médias pour prendre
connaissance de l'éclatement d'une crise sociale majeure. Il me
suffira de regarder les murs de mon quartier. Quand les murs
prendront la parole, je saurais que se passent des événements
sociaux de grande ampleur, dont l'arrivée est annoncée déjà
depuis un certain temps.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 25 septembre 2015
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