Une fable de la Fontaine
est parfaitement d'actualité : « Le Savetier et le
Financier ». Le pauvre Savetier est bien plus joyeux et heureux
que le riche Financier.
Les Bretons disent
traditionnellement : « On peut pleurer dans un palais et rire
dans une chaumière. »
On a l'habitude de parler
du « progrès » qui se mesurerait aux progrès
techniques. Si on a des outils en pierre, on est « primitifs »,
car on est alors « à l'âge de pierre ».
Les colons anglais
découvrirent jadis dans la terre de Van Diemen - appelée
aujourd'hui Tasmanie, - des habitants qui vivaient nus. Ils en
conclurent qu'un humain vivant nu ne peut pas être un humain. Et ils
exterminèrent les habitants de la terre de Van Diemen. Ils le firent
sur le mode de la chasse sportive, la chasse au renard.
Si le « progrès »
se mesure aux prouesses techniques, faut-il en conclure alors que
l'Allemagne nazie avec ses bombardiers Stukas, ses panzers et ses V2
était plus progressiste que les indigènes nus de la terre de Van
Diemen ?
La « Civilisation »
humaine n'est-elle pas plutôt l'expression du respect, de la bonne
entente et l'harmonie entre les humains ? Qu'est-ce qui représente
mieux la « Civilisation » : une grandiose guerre de
conquête ou une paisible et modeste fête de village ?
Les politiques ont
beaucoup de mal à appréhender la fête vivante et populaire. Par
exemple, généralement ils ne comprennent rien au concept de société
festive. Une société qui n'a d'autre but que l'amusement et le rire
ensemble. Ce n'est pas sérieux ! Si, justement, c'est très sérieux
et bien plus que nombre de projets dits « sérieux » !
Quand en 2011, le
président du Fond monétaire international eu des ennuis avec la
police et la justice new-yorkaise, je cherchais des informations sur
lui sur Internet. Je tombais sur son blog où il expliquait que ce
serait bien que ce soit les financiers qui gouvernent le monde et
plus des élus du peuple. Mais que les peuples n'étaient pas encore
prêts pour accepter la chose.
C'est ce que nous voyons
tenté aujourd'hui avec la Grèce. Peu importe le résultat des
élections de janvier dernier qui ont porté Syriza au pouvoir. Seul
l'argent devrait compter. Au nom de « la dette », le
gouvernement grec élu devrait appliquer la politique voulue par la
troïka et rejetée par les électeurs grecs. Comme dit Hammami :
« Quand il est question d'argent, il n'y a plus de démocratie
en Europe. »
Et peu importe aux
financiers et politiques non élus de la troïka que cette politique
affame le peuple grec. Seul importe la finance. Exactement comme avec
l'euro dont l'arrivée en France a fait s'envoler les prix, notamment
des fruits et légumes frais. Trouver à présent en vente à Paris
en saison des cerises à dix euros le kilo, des abricots à cinq
euros le kilo est courant. L'Europe interdit aux pauvres et notamment
aux enfants pauvres de manger des fruits frais. Peu importe que ces
fruits frais finissent plutôt à la décharge que dans le ventre
des pauvres. L'Europe s'en fout des pauvres. Elle ferme aussi les
hôpitaux et les maternités.
L'Europe me fait penser à
une vieille carcasse de voiture rouillée abandonnée au milieu d'une prairie. Et, autour, des gens sont là qui vous répètent sans cesse :
« vous allez voir, elle va fonctionner ! L'année prochaine on
va partir en voyage avec ! »
L'Europe, tout le monde
le voit très bien, c'est un projet qui ne marche pas. Et doit être
abandonné au plus vite. Tout le monde le voit ? Non, seuls des
politiques nous disent le contraire et prétendent qu'elle doit être
« améliorée », « approfondie ». Pourquoi
anônnent-ils cette absurdité ? Étant en principe les mieux
informés, ils devraient être les premiers à jeter ce produit
monstrueux dans les WC et tirer la chasse. Pour quelle raison
font-ils les imbéciles aveugles avec autant d'application ?
Plusieurs hypothèses
sont possible à envisager : ils sont bêtes. La bêtise existe et
est un facteur historique important. Quand Hitler attaqua l'Union
soviétique en 1941, plutôt que d'attendre encore deux ans avant de
le faire comme le lui conseillaient ses généraux, son impatience
lui couta la défaite. Cette impatience était de la bêtise.
La bêtise peut aussi
prendre une forme particulière : l'amour du pouvoir. Les politiques
en sont malades... ils adorent le pouvoir. « Le pouvoir est la
plus merveilleuse des drogues » disait l'important Kissinger.
Or, quoi de plus excitant que le pouvoir « européen »
plutôt qu'un simple pouvoir national ? Aujourd'hui, des petits
politiciens s'assoient dans de grands trônes européens.
Trônes qui
s'accompagnent de jolies payes. Un député européen touche
paraît-il 9000 euros par mois. Un commissaire emmargerait à 24
000... Certes, le projet inepte et dévastateur européen ne se
poursuit peut-être pas que pour l'argent, mais en recevoir ça aide
à choisir cette voie sans issue.
En fait le projet
européen fait crever la majorité des gens, mais rapporte à
quelques-uns. Une bataille fait mal. C'est mauvais. Mais les corbeaux
qui se nourrissent de charogne humaine sur le champ de bataille ne
sont pas du même avis.
Les vingt-huit pays
emprisonnés dans « l'Europe » en crèvent. Mais les
charognards de l'Europe n'ont pas envie de lâcher leur proie. Tandis
que des valets de plume leur lèchent le cul.
Mais quel intérêt y
a-t-il d''être riches dans un monde en ruines ? Aucun, mais
l'illusion d'être « grand », plus grand que soi, fait
que les riches ont l'impression d'être plus qu'eux-mêmes. D'être
un peu des immortels, avec en primes champagne, caviar et amours
tarifés en quantité.
Un des plus grands
criminels de l'Histoire, l'empereur chinois Hoang Ti, ayant unifié la
Chine au prix de massacres et destructions horribles, souhaita
ensuite qu'on lui trouve un remède à la mort et devenir immortel.
Il chargea des hommes de rechercher la solution pour le rendre
immortel. On connait la suite. Il est mort depuis longtemps.
Je suis sûr que certains
des « grands génies » qui gouvernent aujourd'hui le
monde rêvent comme Hoang Ti de trouver l'immortalité grâce à leur
pouvoir.
Qu'est-ce qu'un palais ?
C'est une maison trop grande. Pourquoi habiter un palais ? Pour se
donner l'illusion qu'on est plus grand que soit. Et donc qu'on est un
peu immortel.
Ces dernières années on
construit de par le monde des tours de plus en plus hautes. Ces
prouesses techniques absurdes ont pour résultat de créer des lieux
inhumains et coûteux. Tout le monde sait qu'une maison à échelle
humaine est infiniment plus agréable qu'une tour. Mais pour flatter
l'égo surdimensionné des « élites » il faut des tours.
Où ils n'iront, bien sûr, pas habiter. Ils se réserveront des
résidences plus confortables. L'imbécilité gouverne le monde et a
encore de beaux jours devant elle. Sachons promouvoir l'intelligence.
La flamme du bonheur et du vrai progrès ne s'éteindra jamais.
Allons toujours dans le bon sens. Un progrès même minuscule, vaut
mieux qu'un grand recul. Quoiqu'il arrive, tâchons de rester un
élément de la bonne partie du monde.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 1er juin 2015
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