lundi 1 juin 2015

384 Le Savetier et le Financier

Une fable de la Fontaine est parfaitement d'actualité : « Le Savetier et le Financier ». Le pauvre Savetier est bien plus joyeux et heureux que le riche Financier.

Les Bretons disent traditionnellement : « On peut pleurer dans un palais et rire dans une chaumière. »

On a l'habitude de parler du « progrès » qui se mesurerait aux progrès techniques. Si on a des outils en pierre, on est « primitifs », car on est alors « à l'âge de pierre ».

Les colons anglais découvrirent jadis dans la terre de Van Diemen - appelée aujourd'hui Tasmanie, - des habitants qui vivaient nus. Ils en conclurent qu'un humain vivant nu ne peut pas être un humain. Et ils exterminèrent les habitants de la terre de Van Diemen. Ils le firent sur le mode de la chasse sportive, la chasse au renard.

Si le « progrès » se mesure aux prouesses techniques, faut-il en conclure alors que l'Allemagne nazie avec ses bombardiers Stukas, ses panzers et ses V2 était plus progressiste que les indigènes nus de la terre de Van Diemen ?

La « Civilisation » humaine n'est-elle pas plutôt l'expression du respect, de la bonne entente et l'harmonie entre les humains ? Qu'est-ce qui représente mieux la « Civilisation » : une grandiose guerre de conquête ou une paisible et modeste fête de village ?

Les politiques ont beaucoup de mal à appréhender la fête vivante et populaire. Par exemple, généralement ils ne comprennent rien au concept de société festive. Une société qui n'a d'autre but que l'amusement et le rire ensemble. Ce n'est pas sérieux ! Si, justement, c'est très sérieux et bien plus que nombre de projets dits « sérieux » !

Quand en 2011, le président du Fond monétaire international eu des ennuis avec la police et la justice new-yorkaise, je cherchais des informations sur lui sur Internet. Je tombais sur son blog où il expliquait que ce serait bien que ce soit les financiers qui gouvernent le monde et plus des élus du peuple. Mais que les peuples n'étaient pas encore prêts pour accepter la chose.

C'est ce que nous voyons tenté aujourd'hui avec la Grèce. Peu importe le résultat des élections de janvier dernier qui ont porté Syriza au pouvoir. Seul l'argent devrait compter. Au nom de « la dette », le gouvernement grec élu devrait appliquer la politique voulue par la troïka et rejetée par les électeurs grecs. Comme dit Hammami : « Quand il est question d'argent, il n'y a plus de démocratie en Europe. »

Et peu importe aux financiers et politiques non élus de la troïka que cette politique affame le peuple grec. Seul importe la finance. Exactement comme avec l'euro dont l'arrivée en France a fait s'envoler les prix, notamment des fruits et légumes frais. Trouver à présent en vente à Paris en saison des cerises à dix euros le kilo, des abricots à cinq euros le kilo est courant. L'Europe interdit aux pauvres et notamment aux enfants pauvres de manger des fruits frais. Peu importe que ces fruits frais finissent plutôt à la décharge que dans le ventre des pauvres. L'Europe s'en fout des pauvres. Elle ferme aussi les hôpitaux et les maternités.

L'Europe me fait penser à une vieille carcasse de voiture rouillée abandonnée au milieu d'une prairie. Et, autour, des gens sont là qui vous répètent sans cesse : « vous allez voir, elle va fonctionner ! L'année prochaine on va partir en voyage avec ! »

L'Europe, tout le monde le voit très bien, c'est un projet qui ne marche pas. Et doit être abandonné au plus vite. Tout le monde le voit ? Non, seuls des politiques nous disent le contraire et prétendent qu'elle doit être « améliorée », « approfondie ». Pourquoi anônnent-ils cette absurdité ? Étant en principe les mieux informés, ils devraient être les premiers à jeter ce produit monstrueux dans les WC et tirer la chasse. Pour quelle raison font-ils les imbéciles aveugles avec autant d'application ?

Plusieurs hypothèses sont possible à envisager : ils sont bêtes. La bêtise existe et est un facteur historique important. Quand Hitler attaqua l'Union soviétique en 1941, plutôt que d'attendre encore deux ans avant de le faire comme le lui conseillaient ses généraux, son impatience lui couta la défaite. Cette impatience était de la bêtise.

La bêtise peut aussi prendre une forme particulière : l'amour du pouvoir. Les politiques en sont malades... ils adorent le pouvoir. « Le pouvoir est la plus merveilleuse des drogues » disait l'important Kissinger. Or, quoi de plus excitant que le pouvoir « européen » plutôt qu'un simple pouvoir national ? Aujourd'hui, des petits politiciens s'assoient dans de grands trônes européens.

Trônes qui s'accompagnent de jolies payes. Un député européen touche paraît-il 9000 euros par mois. Un commissaire emmargerait à 24 000... Certes, le projet inepte et dévastateur européen ne se poursuit peut-être pas que pour l'argent, mais en recevoir ça aide à choisir cette voie sans issue.

En fait le projet européen fait crever la majorité des gens, mais rapporte à quelques-uns. Une bataille fait mal. C'est mauvais. Mais les corbeaux qui se nourrissent de charogne humaine sur le champ de bataille ne sont pas du même avis.

Les vingt-huit pays emprisonnés dans « l'Europe » en crèvent. Mais les charognards de l'Europe n'ont pas envie de lâcher leur proie. Tandis que des valets de plume leur lèchent le cul.

Mais quel intérêt y a-t-il d''être riches dans un monde en ruines ? Aucun, mais l'illusion d'être « grand », plus grand que soi, fait que les riches ont l'impression d'être plus qu'eux-mêmes. D'être un peu des immortels, avec en primes champagne, caviar et amours tarifés en quantité.

Un des plus grands criminels de l'Histoire, l'empereur chinois Hoang Ti, ayant unifié la Chine au prix de massacres et destructions horribles, souhaita ensuite qu'on lui trouve un remède à la mort et devenir immortel. Il chargea des hommes de rechercher la solution pour le rendre immortel. On connait la suite. Il est mort depuis longtemps.

Je suis sûr que certains des « grands génies » qui gouvernent aujourd'hui le monde rêvent comme Hoang Ti de trouver l'immortalité grâce à leur pouvoir.

Qu'est-ce qu'un palais ? C'est une maison trop grande. Pourquoi habiter un palais ? Pour se donner l'illusion qu'on est plus grand que soit. Et donc qu'on est un peu immortel.

Ces dernières années on construit de par le monde des tours de plus en plus hautes. Ces prouesses techniques absurdes ont pour résultat de créer des lieux inhumains et coûteux. Tout le monde sait qu'une maison à échelle humaine est infiniment plus agréable qu'une tour. Mais pour flatter l'égo surdimensionné des « élites » il faut des tours. Où ils n'iront, bien sûr, pas habiter. Ils se réserveront des résidences plus confortables. L'imbécilité gouverne le monde et a encore de beaux jours devant elle. Sachons promouvoir l'intelligence. La flamme du bonheur et du vrai progrès ne s'éteindra jamais. Allons toujours dans le bon sens. Un progrès même minuscule, vaut mieux qu'un grand recul. Quoiqu'il arrive, tâchons de rester un élément de la bonne partie du monde.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er juin 2015

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