lundi 15 juin 2015

392 L'aveu à propos de la dette grecque

Une information très récente, fondamentale, essentielle, pour comprendre ce qui se passe avec la dette grecque : elle montre qu'il ne s'agit pas d'argent. Les créanciers organisés dans la troïka ne cherchent pas d'abord l'argent, mais tout à fait autre chose, qui est politique.

L'exigence de la troïka est entre autres de frapper les retraités grecs en faisant baisser un peu plus encore le montant de leurs retraites. Pour trouver l'argent correspondant à cette baisse que Tsipras refuse, il a été proposé de prendre l'équivalent sur le très important budget militaire grec.

Le FMI a refusé, car il ne s'agit pas de « réformes structurelles ».

Ce qui signifie que le FMI et ses potes : Banque centrale européenne et Commission européenne ne cherchent pas l'argent, mais d'abord et avant toutes choses déstabiliser le gouvernement grec. En lui imposant de prendre des mesures impopulaires en faveur d'une austérité aggravée.

Mesures qui ne pourront que profiter en Grèce à Aube dorée, dont un slogan actuel est : après Syriza, ce sera nous.

Le ministre des finances grecques Yanis Varoufakis l'a lui-même dit il y a déjà quelque temps, si Syriza échoue, Aube dorée arrivera au pouvoir.

La troïka et ses supporters de 27 pays européens - dont les chefs d'états et gouvernements français et allemand, - souhaitent la chute de Tsipras et l'arrivée au pouvoir d'Aube dorée en Grèce.

Cette situation me rappelle ce que me disait ma mère. Dans les années 1930, elle entendait souvent en France ce propos chez les gens riches : « plutôt Hitler que le Front populaire ».

Tsipras vient de déclarer au journal Ephimerida ton Syntakton : « On ne peut que voir un dessein politique dans l'insistance des créanciers sur de nouvelles baisses des retraites après cinq années de pillage sous les plans d'aide ». Les austéritaires ont bâti une légende à l'intention des 28 peuples de l'Union européenne : « vous ne pouvez pas ne pas être Européens. Et Européens vous ne pouvez pas échapper à l'inévitable austérité. » S'ils acceptent que la Grèce reste dans l'Union européenne sans l'austérité, les austéritaires ont perdu. S'ils chassent la Grèce de l'Union européenne parce qu'elle refuse l'austérité, ils ont perdu aussi. Reste que la Grèce accepte et l'Union européenne et l'austérité... mais, elle ne veut pas de l'austérité. Alors, les austéritaires insistent désespérément. Mais ils sont les plus faibles. Un milliardaire américain a parait-il dit un jour : « si vous devez dix mille dollars à votre banquier, il vous tient. Si vous devez un million de dollars à votre banquier, vous le tenez. » Depuis les élections de janvier, la Grèce a su jouer à fond cet aspect des choses. Tout en faisant mine de céder. C'était très drôle de voir la Grèce utiliser la langue de bois à l'envers. D'ordinaire, elle sert à tromper les petits. Là, les promesses bidons servaient à tromper les puissants. Et comme la troïka aime la monnaie plus que tout au monde, la Grèce s'est appliqué à rembourser toutes ses factures durant plusieurs mois. Ce qui a complètement endormi ceux qui recevaient les pepettes. Ils passaient le temps à se polariser sur l'or qui rentrait dans leurs coffres. Sans réaliser que, pendant ce temps-là, la Grèce leur échappait. Maintenant, la majorité écrasante des Grecs soutient Syriza. Ce qui n'était pas le cas en janvier, où Syriza devait composer avec les Grecs indépendants pour former un gouvernement et prendre le pouvoir. Depuis hier dimanche 14 juin, où les Grecs ont quitté la table de négociations, la troïka réalise qu'elle s'est fait mener depuis le début. Et éclate contre Tsipras un concert de clameurs de rage dans la presse. Mais, il est déjà trop tard pour la troïka. Elle a perdu.

Basile, philosophe naïf, Paris le 15 juin 2015

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