Une information très
récente, fondamentale, essentielle, pour comprendre ce qui se passe
avec la dette grecque : elle montre qu'il ne s'agit pas
d'argent. Les créanciers organisés dans la troïka ne cherchent pas
d'abord l'argent, mais tout à fait autre chose, qui est politique.
L'exigence de la troïka
est entre autres de frapper les retraités grecs en faisant baisser
un peu plus encore le montant de leurs retraites. Pour trouver
l'argent correspondant à cette baisse que Tsipras refuse, il a été
proposé de prendre l'équivalent sur le très important budget
militaire grec.
Le FMI a refusé, car
il ne s'agit pas de « réformes
structurelles ».
Ce qui signifie que le
FMI et ses potes : Banque centrale européenne et Commission
européenne ne cherchent pas l'argent, mais d'abord et avant toutes
choses déstabiliser le gouvernement grec. En lui imposant de prendre
des mesures impopulaires en faveur d'une austérité aggravée.
Mesures qui ne pourront
que profiter en Grèce à Aube dorée, dont un slogan actuel
est : après Syriza, ce sera nous.
Le ministre des finances
grecques Yanis Varoufakis l'a lui-même dit il y a déjà quelque
temps, si Syriza échoue, Aube dorée arrivera au
pouvoir.
La troïka et ses
supporters de 27 pays européens - dont les chefs d'états et
gouvernements français et allemand, - souhaitent la chute de Tsipras
et l'arrivée au pouvoir d'Aube dorée en Grèce.
Cette situation me
rappelle ce que me disait ma mère. Dans les années 1930, elle
entendait souvent en France ce propos chez les gens riches : « plutôt
Hitler que le Front populaire ».
Tsipras vient de déclarer au journal Ephimerida ton Syntakton : « On ne peut que voir un dessein politique
dans l'insistance des créanciers sur de nouvelles baisses des
retraites après cinq années de pillage sous les plans d'aide ». Les austéritaires ont
bâti une légende à l'intention des 28 peuples de l'Union
européenne : « vous ne pouvez pas ne pas être Européens. Et
Européens vous ne pouvez pas échapper à l'inévitable austérité. »
S'ils acceptent que la Grèce reste dans l'Union européenne sans
l'austérité, les austéritaires ont perdu. S'ils chassent la Grèce
de l'Union européenne parce qu'elle refuse l'austérité, ils ont
perdu aussi. Reste que la Grèce accepte et l'Union européenne
et l'austérité... mais, elle ne veut pas de l'austérité.
Alors, les austéritaires insistent désespérément. Mais ils sont
les plus faibles. Un milliardaire américain a parait-il dit un jour
: « si vous devez dix mille dollars à votre banquier, il vous
tient. Si vous devez un million de dollars à votre banquier, vous le
tenez. » Depuis les élections de janvier, la Grèce a su jouer
à fond cet aspect des choses. Tout en faisant mine de céder.
C'était très drôle de voir la Grèce utiliser la langue de bois à
l'envers. D'ordinaire, elle sert à tromper les petits. Là, les
promesses bidons servaient à tromper les puissants. Et comme la
troïka aime la monnaie plus que tout au monde, la Grèce s'est
appliqué à rembourser toutes ses factures durant plusieurs mois. Ce
qui a complètement endormi ceux qui recevaient les pepettes. Ils
passaient le temps à se polariser sur l'or qui rentrait dans leurs
coffres. Sans réaliser que, pendant ce temps-là, la Grèce leur
échappait. Maintenant, la majorité écrasante des Grecs soutient
Syriza. Ce qui n'était pas le cas en janvier, où Syriza
devait composer avec les Grecs indépendants pour former un
gouvernement et prendre le pouvoir. Depuis hier dimanche 14 juin, où
les Grecs ont quitté la table de négociations, la troïka réalise
qu'elle s'est fait mener depuis le début. Et éclate contre Tsipras
un concert de clameurs de rage dans la presse. Mais, il est déjà
trop tard pour la troïka. Elle a perdu.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 15 juin 2015
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