Anne Franck écrivit un
jour en marge d'une photographie : « Je crois à la bonté
foncière de l'être humain ». Je cite de mémoire. Son destin
tragique pourrait nous enseigner le contraire. Mais, je pense qu'elle
avait raison. L'homme est foncièrement bon à de rares exceptions
près. Cependant il lui arrive hélas d'être circonstanciellement
méchant. Mais, qu'est-ce qui rend circonstanciellement méchants les
humains, pas tous heureusement ? C'est probablement le sentiment de
solitude intérieure. Confinant au désespoir, il amène les humains
à faire n'importe quoi pour attirer l'attention des autres sur eux.
Dire « regardez-moi j'existe ! » de n'importe quelle
façon. Parfois en étant trop bons et aussi, malheureusement, en
étant méchants.
Je pense à l'exemple
actuel de la Grèce. Suite aux politiques d'austérité des
mémorandums, la mortalité infantile y a augmenté de 40 % depuis
2010. Il y a eu 4000 suicides. Aujourd'hui 44,8 % des retraités
disposent de moins de 300 euros par mois pour survivre. 300 000
foyers se sont vus couper l'alimentation en électricité faute
d'avoir pu régler leurs factures. 500 000 enfants vivent
officiellement sous le seuil de la pauvreté. 27 % de la population,
dont 60 % des jeunes hommes et 72 % des jeunes filles sont au
chômage. Et ce drame ne ferait que s'amplifier avec les exigences de
la troïka et de quelques de ses amis, comme Merkel, Hollande, etc.
Ils veulent toujours plus martyriser la Grèce. Et pour justifier
leurs méfaits ils font des discours. Les hommes de la troïka et
leurs copains veulent, par exemple, réduire plus encore le montant
des retraites grecques. Alors qu'avec la misère régnante, chaque
retraité nourrit mal, mais nourrit quand même trois ou quatre
personnes. Vouloir réduire les retraites, c'est de la méchanceté.
Pourquoi cette méchanceté et quelles en sont les causes ? C'est le
résultat du sentiment très répandu de la solitude intérieure.
Beaucoup d'entre nous ont
eu l'occasion d'éprouver ce sentiment. Par exemple, quand nous
sommes « amoureux » et nous voulons absolument nous
attirer la bienveillance et l'attention de l'objet de notre
« amour ». Il est classique alors d'arriver à faire
n'importe quoi. Y compris exactement l'inverse de ce qu'on considère
habituellement comme raisonnable.
Mais on peut aussi
chercher à attirer l'attention de l'autre à tous prix... en lui
tapant dessus ! C'est hélas une chose des plus courantes. En France, des dizaines de femmes
meurent chaque année sous les coups de leur compagnon.
Le sentiment de manque
d'amour, plus exactement définissable comme le sentiment de solitude
intérieure, conduit à l'émergence du mythe du Nirvana amoureux.
Quelque part existe la personne unique et merveilleuse dont un simple
regard vous plongera dans l'extase. Ce mythe conduit à toutes sortes
de dégâts chez les humains.
Il conduit déjà à
l'insatisfaction du plus grand nombre, qui se dit : « je n'ai
pas eu la chance de connaître cette créature unique et merveilleuse
! » Moi, je l'ai connu. Suis monté sur mon petit nuage... Et
quand celui-ci s'est révélé pour ce qu'il était, j'en suis
dégringolé en me faisant très mal. Car croire qu'on a atteint le
Nirvana amoureux, est un sentiment produit d'illusions et de shoots
endorphiniens à répétitions. Comme toutes les toxicomanies, il ne
dure pas indéfiniment.
Les conséquences
fâcheuses de ce mythe nirvanesque crée des troubles et incidents
relationnels des plus curieux. Un jour, dans les années soixante-dix
j'étais dans une sorte de camp de vacances pour jeunes. Débarque
une grande fille blonde âgée de vingt-deux ans taille mannequin au
visage de poupée. Il fallait voir les garçons, leur affolement !
Les voilà en meutes qui chasse la fille en question. Chacun espérant
foutre sa queue dans le vagin de la nenette ! Ah ! Les odieux cons
!!! Tout ça pourquoi ? Parce que la belle blonde, jeune, très jolie
et surtout taille mannequin était à leurs yeux la créature amenant
au Nirvana amoureux et sexuel ! La pauvre fille, je l'ai revu une
fois à Paris. Elle était d'une tristesse infinie. Je ne l'ai pas
revu ensuite. Mais, comment aurait-elle put être gaie en étant
maltraitée de la sorte par des troupeaux de crétins ?
Autre exemple, bien plus
récent celui-là : il s'agit d'un couple. Elle et lui très beaux,
jeunes, artistes. La fille est un rêve ambulant : gentille,
amoureuse, serviable, hyper-féminine... et désespérée, par quoi ?
Par l'inconduite de son amoureux qui la maltraite en ne la respectant
pas.
Et pourquoi cet imbécile
se conduit de la sorte ? Parce que loin d'apprécier sa compagne à
sa juste et très grande valeur, il se dit : « oui, mais ça
n'est pas le Nirvana amoureux avec elle ». Il gâche la belle
relation avec ses illusions. Illusions confortées par quelques
souvenirs de shoots juvéniles endorphiniens et le discours sociétal
sur l'amour Nirvana. Moralité : il fait souffrir sa compagne, qui
prendra un jour la tangente. Et il restera seul. Comme il est beau
jeune et talentueux il cherchera une nouvelle compagne. Sera déçu
et la décevra de même et pour les mêmes raisons. Recommencera un
certain nombre de fois. Et finira un jour par rester seul, vieux et
moche physiquement et moralement. On ne fait pas souffrir impunément
les autres sans en subir des conséquences.
La vie est très dure et
difficile pour une femme intelligente quand elle est également aux
yeux de la majorité des hommes considérée comme infiniment belle.
Je connais le cas d'une
femme qui étant jeune, belle, cultivée, spirituelle, intelligente,
a cru qu'elle était chanceuse de se voir adulée et recherchée par
les hommes. Elle a choisi ses amants dans le troupeau. Quand un amant
n'était plus à son goût ou ne faisait plus l'affaire pour une
raison ou une autre, hop ! Elle en prenait un autre et se
débarrassait du précédent. Ça a duré durant bien des années.
Jusqu'au jour où, ayant vieillie elle s'est retrouvé jetée par son
amant au bénéfice d'une plus jeune. Les beaux jours étaient finis.
Et la descente commençait. Elle a pu se rattraper aux branches et
trouver un compagnon qui lui assure une vieillesse accompagnée. Mais
au fond d'elle-même, n'ayant jamais rejeté le mythe du Nirvana
amoureux, elle reste insatisfaite. En se disant qu'elle est passée
« à côté de quelque chose ».
Le désordre amoureux
chez les humains est aussi causé par un problème masculin. Les
humains mâles sont obsédés par leur queue. Cherchent
frénétiquement le coït et dérangent leur vie et celle de leurs
compagnes éventuelles. Quelle est l'origine de ce dérangement chez
les hommes ?
Il y a la mauvaise
éducation. Ainsi, il y a une trentaine d'années de ça, j'entendais
un homme intelligent, sympathique et cultivé proférait une ânerie.
Il déclarait que si on avait affaire à une jolie femme, même si on
n'en avait pas envie, il fallait faire comme si on voulait la
draguer. Sinon, elle se sentirait vexé.
Depuis un an que je vis
nu à chaque fois que c'est possible, j'ai identifié deux phénomènes
universellement répandu ou presque, qui troublent la conscience
masculine.
L'un, c'est la
masturbation passive permanente. A quelles occasions dans la Nature
le pénis de l'homme est frotté, comprimé ? Durant le coït. Or,
dès les premières heures de la vie jusqu'à la mort, les hommes
sont systématiquement habillés, pratiquement en permanence. Et leur
pénis est comprimé, frotté par les vêtements. Ce contact n'est
pas anodin. Il contribue à leur obsession sexuelle. Elle est
tellement généralisée qu'elle paraît inhérente naturellement à
l'homme lui-même.
Renforçant ce désordre
intervient la castration visuelle masculine qui dérobe à sa vue son
organe sexuel. Celui-ci n'apparaît à sa vue qu'en de rares moments.
Ce qui contribue à développer chez l'homme l'exagération de
l'importance de sa queue.
Enfin, s'ajoutent ses
fausses interprétation de l'érection et ses phénomènes annexes
comme les sécrétions des glandes de Cowper baptisées abusivement
liquide « précoïtal ». Comme si elle devait
obligatoirement être le prélude au coït. Alors que c'est une
« salive d'amour » que n'accompagne pas le plus souvent
le désir de coït. Le membre chez l'homme est un organe réflexif,
qui réagit, s'excite et s'érectionne pour toutes sortes de motifs.
Le plus fréquemment pas par envie de « faire l'amour ».
Mais la plupart du temps, hommes et femmes croient à tort que toutes
érections expriment l'urgence d'un coït. C'est une ânerie
monumentale, dévastatrice des relations humaines et des plus
répandues. La confusion est étendue aux réactions génitales
féminines et aux réactions au niveau des mamelons qui soi-disant
exprimeraient un désir de coït en fait le plus souvent inexistant.
Une jeune fille que violait son père le voyait dire en lui montrant
ses réactions réflexes génitales à elle - son sexe se mettait
« en fleur », - tu vois, tu en as envie ! Âneries que
tout cela ! J'ai connu une jeune fille que troublait le fait
d'éprouver du plaisir quand elle s'était fait violer. Mais en quoi
ce plaisir ôtait le fait qu'elle ne désirait pas cet acte ? On nage
dans un marais glauque où certains prétendent savoir mieux que vous
ce que vous voulez. Au point d'en faire des théories. La chose est
pourtant archi-simple : si on n'a pas envie de quelque chose, on n'en
a pas envie. Que le sexe se « mette en fleur » ou non. Ou
que le viol occasionne du plaisir à la victime ou non.
Face aux hommes qui
cherchent à baiser tout le temps, la femme est bien souvent
désemparée. Si elle exprime son non désir, on lui niera sa
capacité de sensation et d'expression. Des ânes diplômés viennent
même de lancer sur le marché une pilule sensée remédier au
« manque de désir féminin » ! La bêtise humaine est
sans limites !
Si la femme rejette les
exigences masculines incessantes et excessives elle risque de se
retrouver seule. Si elle accepte, c'est comme accepter de manger sans
avoir du tout faim. A la longue ça devient absolument écœurant.
Pour refuser, la femme
peut prétexter des motifs divers. Jadis, la religion permettait de
justifier les refus. Plus récemment, la crainte du SIDA a servi
souvent pour justifier le refus de « céder ».
C'est-à-dire servir de trou à branlette masculine.
La société manifeste
une ignorance crasse de la réalité du désir sexuel féminin. Une
dame me disait un jour : « pour une femme, l'amour, c'est
facile, elle n'a qu'à écarter les jambes... »
Visiblement - comme
beaucoup de femmes et la quasi totalité des hommes, - elle ignorait
qu'au moment de l'acte sexuel une femme qui a vraiment envie et fait
vraiment l'amour développe une série automatique de contractions
réflexes de son vagin. Curieusement, on peut retrouver cette série
de contractions réflexes avec le sphincter anal chez l'homme au
moment de son éjaculation. A croire que la Nature offrirait une
similitude entre l'accouplement heterosexuel et homosexuel chez les
hommes.
La question qui va
déstabiliser la femme dans son refus de satisfaire la revendication
sexuelle frénétique de l'homme pourra être celle des enfants. Elle
ne voudra pas baiser aussi fréquemment que l'homme, mais, souhaitant
des enfants se sentira obligée « d'en passer par là ».
Dès que la question des
enfants ne se pose plus. Soit qu'ils sont là, soit qu'elle a renoncé
à en faire avec l'homme en question, elle pourra arrêter les frais.
C'est ainsi qu'une quantité de couples entrent en crise et explosent
une fois le dernier enfant souhaité né.
Il existe trois types de
viols. Le grand viol : c'est le viol « classique »,
imposé par la violence physique, la menace ou la drogue. Le viol
par abus de confiance : on obtient des faveurs sexuelles grâce aux
mensonges. Et, enfin, le petit viol : on convainque sa victime
d'accepter des rapports sexuels même si au fond elle n'en a pas
envie. Ce dernier type de viol est extrêmement courant. Il n'est pas
considéré comme un délit. On peut y compris le pratiquer sur
soi-même.
Il se pratique couramment
dans l'industrie pornographique où les « actrices » et
« acteurs » font des galipettes pour de l'argent. Et
s'ennuient profondément à ce genre de travail. Il suffit d'étudier
leur physionomie en pleine action. Et le large sourire détendu de
bien des demoiselles à la fin de la séance de tournage. On sent
bien leurs pensées : « ouf ! La journée de boulot est
terminée. Je vais pouvoir me laver, rhabiller, toucher mon chèque
et m'occuper de mes affaires. »
Quand on débat de la
« sexualité » la tendance courante est d'ouvrir un faux
débat : « pour ou contre la sexualité ». Ce genre de
questionnement est aussi bête et déconnecté de la réalité que
si, observant quelqu'un qui s'alimente trop ou trop peu ou mal, on
prétendait que la question soulevée est : « pour ou contre le
fait de manger ».
Certains auteurs, voulant
se situer par rapport à la sexualité ont proféré des âneries.
Une des plus belles consiste à présenter le coït comme une chose
fantastique, la quintessence du bonheur, du plaisir, de la
communication, une chose magique et merveilleuse. Le coït est en
fait une chose naturelle et normale qui n'est pas toujours bien ou
mal venue. Et si c'était vraiment la réalisation du bonheur, ça se
saurait.
Il existe des personnes
obsédées par la recherche de l'acte sexuel. D'autres qui sont
obsédées par son refus. Certaines qui attachent une importance
fantastique au fait de montrer ou laisser voir leur cul. D'autres qui
attachent une importance fantastique au fait d'éviter de le montrer
ou le laisser voir. Rien ne ressemble plus à un cul qu'un autre cul.
Il n'y a vraiment pas de quoi être fier de le montrer ou laisser
voir, éviter de le montrer ou de le laisser voir.
Au nombre des
comportements bizarres que j'ai rencontré : une dame née en 1939
acceptait, nue et avec un bon éclairage, de faire l'amour avec son
amant. Mais, pour rien au monde elle ne voulait qu'il la voit en
train de se déshabiller. Cette perspective soulevait visiblement
l'horreur pour elle.
Derrière les
comportements sexuels humains on trouve le problème de la non
reconnaissance du travail domestique et parental. Nombre de femmes
travaillent à présent aussi à l'extérieur de chez elles. Sont
devenues indépendantes matériellement. Alors, elles divorcent en
masses.
Parler des relations
hommes-femmes sans évoquer l'aspect économique est une parfaite
ânerie. Les deux bases de la solitude intérieure chez les humains
sont le délire sexolâtre masculin et la dépendance économique
féminine.
Plus que des discours,
l'établissement d'un revenu de base universel et suffisant pour
vivre pour tous, tout le long de la vie, qu'on travaille ou non,
résoudra le problème de l'existence de la solitude intérieure.
Quand la femme dépend
économiquement de l'homme, elle n'est pas libre. Et l'homme aussi
n'est pas libre. Et l'amour ne peut vivre sans la liberté. Au mieux,
il survit, s'étiole et, le plus souvent, disparaît.
Vouloir retenir l'amour
avec la jalousie ou des contrats : autant prétendre capturer le vent
dans une cage.
La jalousie est une forme
de haine subtile. Un jour, l'amour triomphera.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 10 juin 2015
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