Il y a au moins quelques
dizaines d'années je relevais que la chasse au poil était ouverte.
Jeunes filles et jeunes femmes se devaient d'avoir les jambes lisses.
Puis, les maillots de bains devenant de plus en plus réduits, il
fallut y ajouter « l'épilation au maillot » pour
empêcher la sortie de poils disgracieux le long des culottes de
bains. Je ne sais quand furent condamnés les poils sous les
aisselles. Les femmes et filles se devaient dorénavant d'avoir les
aisselles lisses et glabres.
On se mit à parler de la
chirurgie esthétique pour gommer des défauts, des effets du
vieillissement. Ôter des rides, des poches sous les yeux... et puis
également, pourquoi pas ? Corriger un nez, « améliorer »
une bouche...
La graisse étant
criminalisée presque partout, régimes et liposuccions entrèrent en
campagne pour éradiquer ce fléau. L'obsession de la maigreur, du
ventre plat jusqu'à l'anorexie se répandit.
Seul endroit où la
graisse était vantée : les seins des femmes. La mammoplastie
se banalisa. Une fois tous les dix ans quantité de femmes se firent
et se font encore poser des implants mammaires. Autrement dit :
se font fourrer les seins avec du plastique.
Et comme le poil avait
reculé partout, voilà qu'on, qui ? persuada la plupart des
femmes de se faire raser ou épiler le minou. Celui-ci devenant
apparent sans ses poils, une énième folie esthétique arriva :
la nympho-plastie. Entendez par là la « correction » des
petites lèvres qui, selon un dogme nouveau, sont sensées ne pas
dépasser des grosses lèvres... Tout doit être lisse...
Et tout ça pourquoi ?
Pour plaire aux mecs. Jouer à la perfection le rôle de poupées
gonflables vivantes. Quelle dérision ! En arriver au point de
se faire retailler la zezette ! Et la Nature dans tout ça ?
Dans les pharmacies
abondent les produits « anti-âge », comme si on pouvait
éviter de vieillir grâce à la science... Les magazines féminins
affichent très souvent un machisme affligeant. Toutes les publicités
montrent clairement que la femme s'arrête de vivre et exister peu
avant l'âge de trente-cinq ans. Et les mannequins comme les vedettes
diverses ont d'excellents dentistes. Les dents d'une blancheur
éblouissante, régulières et bien alignées sont la règle. Quitte
à se faire refaire les dents quand elles ne sont pas conformes. Même
les femmes politiques se plient à cette dictature dentaire.
Et si on faisait pour une
fois confiance à la Nature ? Et si on réhabilitait le poil et
la graisse ? Depuis quand les poils sous les aisselles ont-ils
été décrétés anathèmes ? Depuis quand un ventre un peu
arrondi a été déclaré moche, condamnable et condamné ? Et
si, pour une fois on considérait beau les humains réels et pas les
chimères siliconées des magazines ?
Quand enfin tiendra-t-on
compte du fait que la vie des femmes ne s'arrête pas à trente-cinq
ans ? Qu'une grand-mère peut être belle elle aussi ? Les
règles esthétiques régnantes chez les femmes ont été élaborées
par les hommes et pour les hommes. Quand enfin les femmes élaboreront-elles
elles-même les règles esthétiques de leur beauté ? Qui a dit
qu'un poil c'était forcément laid ?
J'ai grandi en des temps
et à une époque où le poil était un des signes de la maturité
sexuelle. C'était, notamment avec les seins, ce qui différenciait
la femme de la petite fille. Les femmes d'aujourd'hui
voudraient-elles ressembler à des petites filles... pour plaire aux
mecs ? Quelle étrange démarche esthétique ! Et puis,
pour être bien dans sa peau, ne doit-on pas justement assumer l'âge
qu'on a ? Et pourquoi un ventre plat serait-il nécessairement
plus beau qu'un ventre qui ne l'est pas ?
Basile, philosophe
naïf, Paris le 13 février 2017
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