Imaginons que durant des
millénaires les autorités régnantes et la morale dominante
auraient systématiquement condamnés les plaisirs de la table.
Auraient interdit de manger de bons plats savoureux, de boire des
boissons délicieuses. Auraient culpabilisés ceux qui les
apprécient. Pire, les auraient déclaré suspects, les auraient persécutés...
Et qu'au bout de ces millénaires, l'évolution de la société
aidant, les plaisirs de la table seraient devenus déculpabilisés,
libres, à la portée de tous et sans problèmes ou presque. Quels
discours entendrions-nous ? Que nous inviterait-on à manger et
en quelle quantité et périodicité ?
Naturellement certains
diraient : « mangez tout ce que vous voulez et peu importe
la quantité ! » D'autres diraient : « c'est
personnel et ça dépend de chacun. »
Cette situation est celle
que nous connaissons fréquemment aujourd'hui en France à propos des
« plaisirs du lit ». Quand faire l'amour ? Aussi
souvent que possible ! Quelles « pratiques sexuelles »
avoir ? Toutes ! Ou bien alors la réponse est :
« c'est personnel, ça dépend de chacun. »
Et si, de même que pour
la nourriture il existait une éthique à suivre pour être
bien ? Et faire bien, harmonieux, équilibré ?
Pour approcher cette
éthique, il faut analyser l'état fréquent actuel de ces « plaisirs
du lit » chez nous, en France et à Paris. État qui se
retrouve également ailleurs.
À
la base de bien des choses, bien des comportements, on trouve un
phénomène masculin précis : l'extension du shoot
endorphinien. Il s'agit de l'extension de l'émotion ressentie par l'humain mâle usant de la masturbation manuelle masculine adulte.
Cette émotion, il la
découvre vers l'âge de douze, treize ou quatorze ans. Il va en faire une pratique
régulière. Le shoot endorphinien de l'éjaculation rappelant le
shoot éprouvé par la consommation de drogues par injection, par
exemple. Le garçon va devenir une sorte de toxicomane endorphinien.
Ce qui va influencer tout son comportement.
Celui-ci sera marqué par
l'extension du shoot endorphinien. Le garçon va connaître des
délires amoureux au niveau sentimental. La présence, l'écoute, le
contact d'une tierce personne, qui pourra être de sexe féminin ou
pas, suscitant des états abêtis, ahuris et momentanément
jouissifs. Le garçon auto-drogué par ses fantasmes sentimentaux
verra dans une autre personne un être de lumière. Soi-disant avec
cet être il devrait trouver le bonheur et la sécurité, et
également bien sûr, l'extase sexuelle au lit.
A propos de cette
dernière, entrant dans la recherche de la pratique, le garçon
ambitionnera de parvenir à se masturber dans le corps de l'autre.
Croyant et de bonne foi ainsi « faire l'amour ».
Cette démarche formera
l'assise de tous ses fantasmes « amoureux ».
Les partenaires éventuels
tendront à se dérober. Le manque de shoots endorphiniens conduira
le garçon à des démarches compensatoires. Celles-ci pourront
éventuellement prendre étrangement la forme de gestes de folie et
comportements suicidaires. En effet, dans l'émotion entraînée par
le shoot éjaculatoire endorphinien subsiste une sorte de sentiment
d'abandon, « lâcher prise »... Quand on ignore tout
l'aspect proprement jouissif du shoot, peut rester seul ce sentiment
d'abandon, de « lâcher prise », prenant des formes y
compris surprenantes et ultra-violentes.
Par exemple, au milieu
d'une paisible et agréable réunion d'amis, un garçon tenant son
verre ou sa tasse à la main éprouvera subitement l'envie de jeter
ce récipient sur un des convives. Ou bien, il pourra y compris avoir
une subite et surprenante envie de meurtre, de violence. Ce « lâcher
prise » pourra aussi prendre la forme de la recherche de
situations dangereuses.
Pour éviter tout ce
genre de perturbations, le garçon devra renoncer à certaines
pratiques, formant ainsi le début de l'énoncé d'une éthique
sexuelle.
Rompre avec les fantasmes
amoureux. Ce n'est pas forcément évident. Renoncer au projet et à
la réalisation de la masturbation dans un orifice naturel de
quelqu'un d'autre.
A ces renoncements
pourront s'ajouter le renoncement à la masturbation manuelle et
aussi à la pornographie. La pornographie dégrade la perception des
autres. Passer des heures à visionner des vidéos où des hommes se
masturbent dans le ventre de femmes qui font semblant de jouir n'est
pas sans risque de déformer la vision de la réalité.
La femme ne se résume pas à son
sexe. Et la pénétrer sexuellement ne signifie pas forcément
« faire l'amour ». Pour « faire l'amour » il
faut que ça corresponde à un désir effectif et véritable, partagé
et dans de bonnes conditions. Ce genre de phénomène n'est pas
courant. Et bien sûr ne correspond nullement à la seule possibilité
« technique » d'apparente union sexuelle qui n'est alors,
au mieux, qu'une double masturbation simultanée.
Une fois que le garçon
se sera débarrassé du poids de certains comportements, il se
heurtera nécessairement à un phénomène des plus répandus dans
notre société : les comportements prostitutionnels féminins
ou masculins. Combien de fois des hommes ou des femmes acceptent-ils
l'apparence d'une union sexuelle en échange d'un gain quelconque ?
Par exemple, il existe des femmes qui n'aiment pas « écarter
les jambes », mais le font pour avoir des enfants. Ceux-ci une
fois nés, elles rejettent leur compagnon, tout au moins pour ce qui
concerne la « gymnastique en chambre ». Il existe aussi
des hommes qui acceptent de s'adonner à ladite gymnastique sans en
avoir envie, mais uniquement pour avoir la paix. On peut multiplier
les exemples.
Un des plus courants est
celui de la femme, ou de l'homme, qui reste « en couple »
pour conserver la possibilité financière de vivre dans un bel
appartement.
Cette prostitution
discrète explique l'hostilité fréquente de nombre de femmes contre
les femmes pratiquant ouvertement les amours tarifées. Ces femmes
aux amours tarifées font ouvertement ce que d'autres font
discrètement. Et dénoncent ainsi de facto les comportements
« discrets ».
Il y a là tout un
chapitre très peu poétique des relations entre l'homme et la femme
dans notre société.
Ce texte de réflexion
part du comportement masculin. S'agissant du comportement féminin,
il appartient à des femmes de l'analyser précisément.
Présentement le grand
perdant dans le cadre des relations dites « sexuelles »
est la tendresse. Elle est très souvent sacrifiée au bénéfice de
fantasmes et comportements boiteux. Il serait grand temps d'ouvrir un
débat réel et allant jusqu'au bout à propos de la tendresse et du
toucher, parties aujourd'hui sinistrées des rapports humains. Il
existe un « contrat amoureux », et aussi un « contrat
sexuel », pourquoi n'existerait-il pas par ailleurs un
« contrat de tendresse » ? Pourquoi le plus souvent seuls dans notre société les
chiens, les chats, les mourants et les enfants ont droit aux
caresses ? Il faut clarifier et changer la situation !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 4 février 2017
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