lundi 6 février 2017

723 Le mythe de l'amour immédiat et de l'extrême jouissance

Il existe dans notre société française et parisienne, et certainement au delà, le mythe de l'amour immédiat et de l'extrême jouissance. Ce mythe consiste en l'affirmation de ceci : « quand l'homme a une érection, ça exprime le fait qu'il a envie et besoin de pénétrer sexuellement la femme, qu'il y a urgence de le faire et que l'ayant fait il va remuer en elle et parvenir ainsi à l'extrême jouissance. »

Tout ce discours est un ramassis de mensonges et balivernes orientées.

Premièrement, les humains mâles qui peuvent connaître des érections tout le long de leur vie, et dès la très petite enfance, n'ont absolument pas pour autant à chaque fois envie et besoin de réaliser une activité « sexuelle », soit le coït, soit à défaut la masturbation.

L'affirmation de cette pseudo-actualité de l'acte sexuel est la source d'une multitude de soucis et problèmes. Si le garçon concerné s'interroge tranquillement, il constate que la plupart du temps son érection est un phénomène qui n'appelle rien de particulier. Cela est très souvent vrai pour celle-ci comme pour d'autres manifestations génitales chez l'homme comme chez la femme.

Prétendre chercher néanmoins la pénétration et ainsi « obéir » à son érection est d'une effarante stupidité et conduit à terme ou d'emblée à de très grandes déceptions.

Pour que la pénétration sexuelle ait une qualité, il faut qu’elle corresponde non seulement à la possibilité « technique » de la réaliser, mais également à un désir effectif et réciproque et de bonnes conditions. Ce désir effectif et réciproque est plutôt rare. En son absence la pénétration, même si elle est « techniquement » possible, est à éviter.

La croyance dans ce que l'érection appelle l'acte sexuel se retrouve dans la phobie de l'érection publique chez les naturistes. Ceux-ci en ont une peur panique. Les naturistes hommes se baladent toujours avec une serviette sensée servir uniquement à s'asseoir. En fait elle est là aussi pour dissimuler rapidement les « accidents ». Ayant séjourné dans un camp naturiste il y a une quarantaine d'années, je me souviens avoir assisté à une scène cocasse : un jeune homme naturiste que sa charmante petite fiancée naturiste commençait à embrasser et câliner d'une manière très soft, s'exclamait excédé : « arrêtes ! » Une autre fois j'ai vu la scène se reproduire. Cette fois-ci le jeune homme n'a pas protesté. Il n'était pas debout, mais allongé sur le ventre, et les réactions de son zizi n'étaient pas publiques.

Le mythe de l'amour immédiat et de l'extrême jouissance comprend la prétention à cette dernière. Soi-disant l'éjaculation serait l'occasion d'une « extrême jouissance » chez l'homme. Il n'y a pas plus gros mensonge colporté tranquillement par une nuée de sites Internets et écrits divers. En fait, l'extrême jouissance peut arriver. La plupart du temps ce n'est pas le cas. L'orgasme automatique n'existe pas. Assimiler toujours l'éjaculation à l'extrême jouissance est la plus parfaite des fumisteries. L’accélération de la respiration masculine, certaines expressions du visage ne doivent pas leurrer la personne partenaire du garçon éjaculateur. La plupart des fois il est très loin de cette extrême jouissance soi-disant automatique. Il peut ne pas ressentir grand chose, voire même avoir mal en éjaculant. Mais le reconnaître serait contribuer à rejeter la position dominante de l'homme sur la femme. Ça, on ne le veut pas. On préfère continuer à proclamer l'homme conquérant, actif et triomphateur de la femme conquise, passive et vaincue. Souvent, quand la mécanique de la « victoire » sexuelle régulière de l'homme se sera établie dans un « couple », progressivement il cessera de bander et désirer continuer cette caricature de relation dite « sexuelle ». Alors on accusera la « routine » qui rendrait bizarrement insipide la plus délicieuse de toutes les activités.

Basile, philosophe naïf, Paris le 6 février 2017

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