Il existe dans notre
société française et parisienne, et certainement au delà, le
mythe de l'amour immédiat et de l'extrême jouissance. Ce mythe
consiste en l'affirmation de ceci : « quand l'homme a une
érection, ça exprime le fait qu'il a envie et besoin de pénétrer
sexuellement la femme, qu'il y a urgence de le faire et que l'ayant
fait il va remuer en elle et parvenir ainsi à l'extrême
jouissance. »
Tout ce discours est un
ramassis de mensonges et balivernes orientées.
Premièrement, les humains
mâles qui peuvent connaître des érections tout le long de leur
vie, et dès la très petite enfance, n'ont absolument pas pour
autant à chaque fois envie et besoin de réaliser une activité
« sexuelle », soit le coït, soit à défaut la
masturbation.
L'affirmation de cette
pseudo-actualité de l'acte sexuel est la source d'une multitude de
soucis et problèmes. Si le garçon concerné s'interroge
tranquillement, il constate que la plupart du temps son érection est
un phénomène qui n'appelle rien de particulier. Cela est très
souvent vrai pour celle-ci comme pour d'autres manifestations
génitales chez l'homme comme chez la femme.
Prétendre chercher
néanmoins la pénétration et ainsi « obéir » à son
érection est d'une effarante stupidité et conduit à terme ou
d'emblée à de très grandes déceptions.
Pour que la pénétration
sexuelle ait une qualité, il faut qu’elle corresponde non
seulement à la possibilité « technique » de la
réaliser, mais également à un désir effectif et réciproque et de
bonnes conditions. Ce désir effectif et réciproque est plutôt
rare. En son absence la pénétration, même si elle est
« techniquement » possible, est à éviter.
La croyance dans ce que
l'érection appelle l'acte sexuel se retrouve dans la phobie de
l'érection publique chez les naturistes. Ceux-ci en ont une peur
panique. Les naturistes hommes se baladent toujours avec une
serviette sensée servir uniquement à s'asseoir. En fait elle est là
aussi pour dissimuler rapidement les « accidents ». Ayant
séjourné dans un camp naturiste il y a une quarantaine d'années,
je me souviens avoir assisté à une scène cocasse : un jeune
homme naturiste que sa charmante petite fiancée naturiste commençait
à embrasser et câliner d'une manière très soft, s'exclamait
excédé : « arrêtes ! » Une autre fois j'ai
vu la scène se reproduire. Cette fois-ci le jeune homme n'a pas
protesté. Il n'était pas debout, mais allongé sur le ventre, et
les réactions de son zizi n'étaient pas publiques.
Le mythe de l'amour
immédiat et de l'extrême jouissance comprend la prétention à
cette dernière. Soi-disant l'éjaculation serait l'occasion d'une
« extrême jouissance » chez l'homme. Il n'y a pas plus
gros mensonge colporté tranquillement par une nuée de sites
Internets et écrits divers. En fait, l'extrême jouissance peut
arriver. La plupart du temps ce n'est pas le cas. L'orgasme
automatique n'existe pas. Assimiler toujours l'éjaculation à
l'extrême jouissance est la plus parfaite des fumisteries.
L’accélération de la respiration masculine, certaines expressions
du visage ne doivent pas leurrer la personne partenaire du garçon
éjaculateur. La plupart des fois il est très loin de cette extrême
jouissance soi-disant automatique. Il peut ne pas ressentir grand
chose, voire même avoir mal en éjaculant. Mais le reconnaître
serait contribuer à rejeter la position dominante de l'homme sur la
femme. Ça, on ne le veut pas. On préfère continuer à proclamer
l'homme conquérant, actif et triomphateur de la femme conquise,
passive et vaincue. Souvent, quand la mécanique de la « victoire »
sexuelle régulière de l'homme se sera établie dans un « couple »,
progressivement il cessera de bander et désirer continuer cette
caricature de relation dite « sexuelle ». Alors on
accusera la « routine » qui rendrait bizarrement insipide la
plus délicieuse de toutes les activités.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 6 février 2017
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