L'erreur qu'on commet
tous les matins : celle de s'habiller. Nous avons l'impression une
fois habillé d'être enfin nous-mêmes, prêt à affronter la
journée. Or c'est totalement faux : en nous habillons nous
abandonnons notre identité, devenons « gris », faux.
D'être humain nous nous abaissons au rang de figurant social
autodestructeur de lui-même.
On me rétorquera que si
on s'habille c'est pour se protéger du froid. Quel froid ? Une bonne
partie de l'année il ne fait pas froid à Paris. Et nous sommes très
souvent logés dans des maisons trop chauffées.
Il s'agit de protéger
notre pudeur. Quelle pudeur ? De quoi parle-t-on ? En quoi
devrions-nous avoir honte de nous-mêmes ? Oui, mais on ne peut pas
sortir de chez soi tout nu. C'est vrai, mais il y a un hic.
Nous nous empressons de
nous habiller y compris quand il n'est nullement à l'ordre du jour
d'aller dehors ou recevoir quelqu'un. Nous nous habillons en fait
parce que nous sommes conditionnés pour.
Le résultat est que nous
acceptons un très grave désordre dans la tête qui associe notre
image au « nu », le « nu » au « sexe »
et le « sexe » à la « honte ». Nous avons
honte d'être nous-mêmes. Comment dans ce cas pourrions-nous
réaliser le vieil adage philosophique « deviens toi-même »
? En ayant honte d'être simplement soi, c'est carrément impossible.
Et quand le « nu »
implique automatiquement le « sexe » il s'agit forcément
d'un sexe malade. Car c'est également un sexe dérangé et
obligatoire.
Quand j'ai eu 22 ans j'ai été l'objet d'un véritable complot de ma mère et notre médecin de famille pour que je saute enfin le pas et perde ma « virginité ». Parfaite stupidité : en quoi le fait de ne pas avoir « fait l'amour » est un problème quand on n'en souffre pas ? La chose ne m'intéressait pas, et alors ? Serais-je resté « puceau » jusqu'à aujourd'hui, quarante-et-une années après, en quoi serait-ce un problème ? Et aurais-je perdu « ma virginité » à trente, quarante ou cinquante ans où est le problème ?
Le faux problème ici était de vouloir suivre « la norme » et m'entrainer dedans. Quelle norme ? Vous savez, ces jolies statistiques où on relève l'âge où les jeunes français ont enfin passé à la casserole sexuelle.
Quand j'ai eu 22 ans j'ai été l'objet d'un véritable complot de ma mère et notre médecin de famille pour que je saute enfin le pas et perde ma « virginité ». Parfaite stupidité : en quoi le fait de ne pas avoir « fait l'amour » est un problème quand on n'en souffre pas ? La chose ne m'intéressait pas, et alors ? Serais-je resté « puceau » jusqu'à aujourd'hui, quarante-et-une années après, en quoi serait-ce un problème ? Et aurais-je perdu « ma virginité » à trente, quarante ou cinquante ans où est le problème ?
Le faux problème ici était de vouloir suivre « la norme » et m'entrainer dedans. Quelle norme ? Vous savez, ces jolies statistiques où on relève l'âge où les jeunes français ont enfin passé à la casserole sexuelle.
Alors, comme j'échappais à
la norme, on m'a mis sur le droit chemin. Et avec quel résultat ?
Le résultat est que j'ai
rejoins pour quatre dizaines d'années le troupeau de connards
hallucinés obsédés par l'objectif de mettre leur engin dans un
trou. En fait, l'échange, le partage, la communication, l'écoute de
soi-même et de l'autre ne font pas partie de la sexualité
« officielle ». Celle-ci est vécue comme une addiction,
en tous cas chez les garçons. Addiction conduisant à la recherche
forcenée de sa dose d'endomorphines d'origine sexuelle.
Les endomorphines produites
par la satisfaction d'arriver à bander, d'arriver à pénétrer, les
endomorphines produites par l'éjaculation et la satisfaction du
devoir accompli. L'amour et le respect de l'autre passant à l'as au
profit de cette quête toxicomaniaque.
Il y a bien des années,
j'étais amoureux durant des années d'une demoiselle. Et, obsédé
par l'idée de parvenir un jour à lui mettre mon truc dans son
machin, chose qui n'est jamais arrivée.
J'échafaudais les plans les
plus invraisemblables pour y parvenir. Plans qui restèrent à l'état
de rêveries.
Or, tout en désirant de toutes mes forces parvenir à faire « la chose » je m'interrogeais. Comment se fait-il que je suis tant intéressé pour y arriver tandis que je sais également et pertinemment que la fille en question a une sensualité proche de zéro. Et que si l'acte sexuel arrive avec elle il sera certainement très décevant ?
Or, tout en désirant de toutes mes forces parvenir à faire « la chose » je m'interrogeais. Comment se fait-il que je suis tant intéressé pour y arriver tandis que je sais également et pertinemment que la fille en question a une sensualité proche de zéro. Et que si l'acte sexuel arrive avec elle il sera certainement très décevant ?
Ce n'est que tout
dernièrement que j'ai trouvé la réponse à cette question. Il
s'agit-là d'un classique de l'addiction.
J'ai eu l'occasion de
connaître une jeune fille gravement alcoolique. Celle-ci a expliqué
un jour à une amie commune qui me l'a rapporté, la chose suivante :
La jeune fille alcoolique
avait besoin de boire chaque jour un litre de vodka. Elle ne pouvait
pas s'en empêcher. Elle en ressentais absolument le besoin. Et ne
prenait aucun plaisir à le boire.
Pour l'acte sexuel que je
souhaitais obsessionnellement avec la fille dont j'étais amoureux,
c'était pareil. Il ne s'agissait pas de plaisir, recherche du
plaisir, mais j'en étais venu à un automatisme. Il fallait y
arriver, même si le résultat jouissif envisageable serait nul.
Depuis que j'ai démonté le
mécanisme de base du dérangement sexuel qu'on m'avait mis dans la
tête à partir de mes 22 ans, je vais beaucoup mieux. Pour démonter
ce mécanisme il suffit d'y opposer le fait de ne souhaiter l'acte
sexuel qu'en cas de désir authentique et réciproque. Et pas d'un
raisonnement d'origine culturel qui vous envoie « droit dans le
mur ».
Quand on s'échappe du
conditionnement, on appréhende l'autre différemment. Comme on
n'attend plus de lui des choses absurdes, la relation devient
infiniment plus pleine, satisfaisante, positive.
Il est inutile et superflu
de se fatiguer à chercher à réveiller les autres, qui n'ont rien
compris. Et surtout ne cherchent pas à comprendre la raison de leurs
échecs et déceptions amoureuses à répétitions. Il s'appliquent à
faire leur propre malheur. Leurs efforts sont récompensés !
Contentons-nous de ne pas faire comme eux.
Il faut aussi, le plus
fréquemment possible, refuser l'erreur que la plupart commettent
chaque matin. Rester au naturel est infiniment agréable. Que ce soit
pour lire, éplucher des carottes, ou, par exemple, taper ce texte
sur l'ordinateur.
Quantité de gens sont nus
chez eux, mais bien sûr, ne s'en vantent pas en public. De quoi
auraient-ils l'air s'ils en parlaient ? L'intolérance règne ici,
comme dans bien d'autres domaines. Il faut se taire si on ne fait pas
« comme tout le monde ». Ou, plus exactement, si on ne
fait pas comme sont sensés faire tout le monde.
Devoir se taire, devoir
s'habiller, peut sembler être somme toutes de bien petites choses.
Mais l'accumulation des petites choses qui vont de travers finissent
par former une large part du grand fleuve de l'enfer. Fleuve que
l'homme fabrique pour lui-même, ses frères, ses sœurs et ses
enfants.
Alors, sachons avec
patience, précision et persévérance accumuler des petites choses
qui vont bien pour construire petit à petit notre Paradis et celui
de nos amis.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 2 septembre 2014
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