La personne avec laquelle
je partageais à l'époque ma vie, et moi, il y a quelques années
avons passé nos vacances dans un camping naturiste. Il faisait très
beau. Et, au bout de ces quinze ou vingt jours de vie en tenue
naturelle, nous revoilà à la gare. Tout le monde, nous y compris,
habillés sous une chaleur accablante, suant à grosses gouttes. Et
notre impression étant instantanément : « ce monde est
totalement fou. A quoi servent tous ces vêtements qu'on nous oblige
à porter ? »
Fruit d'une longue
réflexion, je décide cet été d'être sans vêtements le plus
souvent possible. Phénomène étrange et nouveau : alors que je me
sentais comme il faut habillé, mon sentiment s'inverse. Voilà que
je suis à l'aise sans vêtements et ennuyé avec.
De plus, j'ai le
sentiment d'être enfermé ! Habitant Paris, il m'est interdit de
sortir. Je ne peux le faire qu'à condition de m'embarrasser avec ces
inutiles déguisements que sont les « vêtements d'été »,
aussi inutiles, aberrants, énervants, stupides et imposés que le
sont les « vêtements de bains ».
Et, avec ça, interdit
d'ouvrir sa fenêtre, d'aller à celle-ci sans un minimum de rideau,
de sortir sur le palier ou dans l'escalier. Et, le soir, quand la
nuit n'est pas encore complètement tombée, impossible de ne laisser
que les rideaux de tulle tout en allumant la lumière électrique. Je
ne peux pas profiter des dernières lueurs du jour. Il me faut tirer
les rideaux opaques avant d'allumer la lumière.
En résumé, j'ai le
sentiment de me retrouver dans la clandestinité.
Les semaines passent. Je
m'accoutume à ce confinement. A présent mon regard sur les
vêtements usuels change.
Nous trouvons les triple
jupons, les crinolines d'antan malcommodes et ridicules... Mais nos
vêtements actuels le sont aussi. Simplement, nous ne le réalisons
généralement pas du tout.
Il fait chaud, et dans la
rue à Paris évoluent des gens portant plusieurs épaisseurs de
vêtements. Et des chaussures bien fermées renfermant des pieds qui
puent.
Et tout ça au nom de
quoi ? De la décence et des bonnes manières ! Quelle « décence »,
quelles « bonnes manières » ? La folie oui, et
collective, s'il vous plaît. Qui n'empêche nullement, bien au
contraire, les mauvaises manières et les agressions.
Certains crétins disent
qu'un vêtement très léger est un « appel au viol ».
Quel appel ? Si je vois une fille, y compris nue, je ne l'agresse
pas. Ma sensibilité et mon éducation s'opposent à un tel
comportement. Ce ne sont pas les vêtements légers qui incitent à
l'agression, mais la bêtise et la brutalité des agresseurs
éventuels. Incriminer les vêtements de la victime. Et donc sa
manière de s'habiller, revient à lui nier sa liberté et exempter
de leur culpabilité les agresseurs.
C'est la énième version
du boniment machiste : « si une femme se fait violer c'est
qu'elle le veut bien ». Comment peut-on « vouloir être
violé », Ce propos est absurde. Et conservateur, car il
prétend subordonner les femmes aux idées tordues de
certains hommes. Quand bien-même une femme me paraîtrait la plus
séduisante du monde, je n'y mettrais jamais les mains sans
son autorisation. Je sais que tous les hommes ne pensent pas ainsi. Il
y a quelques semaines dans un pique-nique j'en observais qui se
gênaient si peu, qu'ils ont fait fuir les deux jeunes femmes
auxquelles ils parlaient. Tout le monde devrait avoir le droit de
s'habiller comme il l'entend ou de rester tout nu en public et
partout. On est très loin de cette situation.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 27 septembre 2014
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