vendredi 26 septembre 2014

280 Nu chez soi : essai sur la nudité domestique

Quelles sont nos premières agréables impressions ? Antérieures à notre naissance, nous baignons dans le liquide amniotique, bien au chaud, nu, lové dans ce muscle creux qui a nom utérus.

Puis, ça se gâte. On est brutalement extrait de ce lieu protégé. Exposé à la lumière, obligé de respirer, affamé, assoiffé, secoué, lavé, manipulé, heurté, assourdi, habillé, etc. La vie, quoi !

Il y a un aspect de notre premier état dont nous sommes artificiellement privé : la nudité.

Nous sommes systématiquement habillés, y compris quand il n'y en a aucun besoin. Une auxiliaire de puériculture parisienne m'expliquait en 2012, qu'elle et ses collègues, avaient pour instruction d'habiller systématiquement les très petits enfants. Même quand c'était la canicule. En particulier, leur mettre systématiquement entre autres un tee-shirt. Ne jamais, jamais... les laisser torse nu !

On nous habille systématiquement. De plus, on nous égare en particularisant notre état naturel, qui devient un état spécial : « la nudité ». L'habillé habituel devenant pratiquement « le naturel ». La « nudité » dans notre culture française et parisienne est rationnée, car associée impérativement à certaines situations ou états bien particuliers :

La naissance, la petite enfance, le soin médical, la maladie, la blessure, le mal-être, la souffrance.

La toilette que l'on doit faire obligatoirement seul.

Le bronzage intégral en vacances. C'est-à-dire seulement une période particulière de l'année où, loin de chez soi, on s'adonne à la corvée de bronzage cancérigène sur la plage pour se faire « beau ».

L'exhibitionnisme, l'indécence, la débauche, l'érotisme, la pornographie, l'orgie, la folie.

Notre sexe et nos activités sexuelles, sales, coupables et éventuellement délectables, régies par des règles particulières et de nombreux interdits, en particulier la dissimulation au regard d'autrui.

Les églises, beaucoup de psy et la police condamnent ensemble la nudité publique, en particulier adulte. Les naturistes aussi condamnent la nudité à travers la prohibition de l'érection publique et la désapprobation de l'écartement public des cuisses des femmes, jeunes filles et même fillettes. Règles implicites qui ne sont écrites apparemment nulle part, dans aucun règlements officiels. A l'entrée d'un camp naturiste, en Ardèche en 1976, on m'a engueulé littéralement pour me mettre en garde car j'arrivais seul. Renseignement pris par la suite, un vacancier au camping m'a dit qu'on voulait ainsi sous-entendre sans me le dire qu'il m'était interdit d'entrer en érection publique en voyant des filles nues... C'était d'ailleurs fort curieux et amusant de voir dans le même camping un beau jeune homme engueuler à l'occasion sa jolie petite fiancée quand elle s'avisait de l'embrasser un peu trop... Énervé, il protestait en lui signifiant de cesser ses câlins de peur de bander en public !

Comme la nudité publique est prohibée, nous nous habituons à être trop souvent et sans raisons valables habillés. Si, systématiquement et dès que c'est possible et n'est pas interdit par la loi nous ôtons tous nos vêtements. Restons nus y compris pour écrire, lire, téléphoner, faire la cuisine, manger, ranger, bref, faire toutes les activités possible, nous nous déconditionnons. Retrouvons un peu de notre état naturel originel. Et au bout de plusieurs semaines de cette nudité « sauvage », découvrons alors une joie intérieure et un bien-être inexprimables. Essayez, vous verrez. Ça en vaut vraiment la peine. Et c'est gratuit.

Basile, philosophe naïf, Paris le 26 septembre 2014

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