Quand ce livre est paru,
il en a fait du bruit ! A écouter et lire quantité de gens, il ne
fallait absolument pas, surtout pas le lire. Pire, l'acheter était
un crime. C'était « un torchon », un ouvrage mal écrit,
un ouvrage « obscène », une vengeance aigrie de femme
venimeuse, etc. Et certains posaient même la question : « comment
Hollande a-t-il pu laisser écrire et éditer ça !? » Question
qui amène à se demander à propos de ceux qui la posent : quelle
est leur conception de la liberté d'expression en démocratie et de
la liberté des femmes ?
Les critiques de ce livre
étaient rares. Il s'agissait plutôt de déclarations d'amour
passionnel pour François Hollande. A commencer par le propos mille
fois répétés : « non, je ne le lirais pas ».
Sous-entendu, si vous le lisez, vous aurez tort. Une sorte de censure
psychologique.
On fit de la publicité
pour des libraires qui « refusaient » de vendre ce livre.
Et in fine les
derniers propos lus : « qui a lu ce livre dont tout le monde
parle ? » comme si les 442 000 acheteurs de ce livre ne
l'avaient pas ouvert ! Le Figaro peut recevoir la palme avec
son article récent, où le livre, essai politique, autobiographique,
est systématiquement appelé à plusieurs reprises « roman ». Sous-entendu qu'il ne renferme que des mensonges et de la
fantaisie.
Et puis les attaques contre l'auteur à défaut d'avoir empêché le livre d'être lu : 7 Français sur 10 n'aiment pas Valérie, Valérie ne retrouvera jamais sa popularité auprès des Français, 3 Français sur 4 désapprouvent la parution de son livre...
Et puis les attaques contre l'auteur à défaut d'avoir empêché le livre d'être lu : 7 Français sur 10 n'aiment pas Valérie, Valérie ne retrouvera jamais sa popularité auprès des Français, 3 Français sur 4 désapprouvent la parution de son livre...
Au début de cette
symphonie, j'ai été d'emblée tenté d'aller acheter l'ouvrage
apparemment sulfureux en question. Puis, je me suis ravisé. Ce n'est
pas parce qu'on parle d'un livre que je cours l'acheter.
Le temps passe un peu. La
tempête anti-Trierweiler continue. Je m'interroge : « bon, si
je me limite aux extraits parcimonieusement distribués dans la
presse et sur Internet et aux commentaires, je ne saurais jamais ce
qu'il y a vraiment d'intéressant pour moi dans ce livre ».
Pourrais-je éviter de
dépenser vingt euros ? Attendre de pouvoir l'emprunter à la
bibliothèque municipale ? Il y a peu de chances de l'y trouver avant
longtemps, vu la réputation qui lui est faite. Les politiques
proches de Hollande qui dirigent notre belle capitale pourront faire
en sorte que ce livre attendent quelques années avant qu'il vienne
garnir les rayons de la bibliothèque de mon quartier et des autres
quartiers parisiens.
Alors, l'acheter paraît
la seule solution. Mais en vaut-il la peine ?
Excellente question !
Pour y répondre, un jour que je passais devant une librairie,
j'avise le bouquin en question. Vais le feuilleter sérieusement pour
juger de son intérêt. Et après avoir procédé de la sorte, me
décide et l'achète.
Je l'ai lu en entier le
jour-même et ne regrette pas du tout mon achat. Je trouve ce livre
très intéressant, très bien écrit et très agréable à lire.
Agréable non pas pour les malheurs décrits et les critiques qu'il
contient, mais agréable à lire comme un très bon bouquin.
On peut l'apprécier de
plusieurs façons :
C'est d'abord le récit
très bien fait de la naissance, la vie et la fin d'une très belle
passion amoureuse. Phénomène que seuls pourront comprendre ceux qui
ont eu l'occasion d'en vivre une eux-mêmes.
Certains malheureux ont
écrits : « Valérie critique Hollande, mais comment a-t-elle
fait alors pour vivre avec cet homme qu'elle trouve à présent si
critiquable ? »
Sous-entendu : c'est une
menteuse calomniatrice qui se venge par dépit. Ses critiques
relèvent de la fiction.
Pour penser ainsi, il
faut ne jamais avoir été vraiment amoureux. Quand on l'est, l'être
aimé paraît le plus beau du monde, y compris ses défauts. Ils sont
pardonnés d'avance.
On a dit qu'elle avait
fréquenté Hollande par ambition. Le fait est que leur histoire
d'amour a commencé à une époque où il n'était pas une vedette.
Ce livre est aussi un
ouvrage sur le parti du gouvernement, le gouvernement, son
fonctionnement, le président, son fonctionnement.
Le fait remarquable est
que cette plongée dans les arcanes internes de la politique n'est
pas ici opérée à postériori.
Car c'est quand un homme
politique, un parti, une époque politique n'intéressent plus
personne, - exceptés quelques sorbonnards chauves et rats de
bibliothèques, ou quelques professeurs francophiles d'une lointaine
et prestigieuse université américaine, - qu'on déballe tout.
Un livre démonte alors
l'époque, ses hommes de l'ombre, ses chefs.... et ce livre va
passionner un petit nombre d'amateurs d'Histoire, de revues
intellectuelles spécialisées et d'étudiants en Histoire.
En gros, ce genre de
livres paraît quand tout le monde s'en fout, ou presque.
Et là, il paraît au
moment-même où le parti en question et les hommes en question et le
président en question sont aux postes de commande. D'où panique à
bord et déluge de propos condamnant un ouvrage qui commet un crime
de lèse-majesté... en ouvrant la porte de la chambre à coucher du
président en exercice !
En résumé : écrivez
sur les amours de Louis XIV ou de Catherine II de Russie, qui
appartiennent à une époque passée. Mais, n'écrivez pas, surtout
pas, sur l'époque actuelle. Et pourquoi donc ?
442 000 lecteurs ont
répondu à la question en achetant le livre « interdit »,
que paraît-il personne ne lit et ne doit lire. Et dont les premiers
lecteurs sont très certainement ceux qui ont appelé à ne pas le
lire et déclaré qu'ils ne le liraient pas.
Un point à souligner
pour finir est que ce livre est un remarquable témoignage sur le
machisme régnant en France.
On y voit une femme
d'origine modeste, arrivée à une très belle situation matérielle
et familiale : un mari, trois enfants, un métier passionnant et bien
payé, qui est refusée par « l'élite ». Et, pour quelle
raison ? Parce qu'elle est une femme. Ce n'est pas à Valérie que le
président ment. Et Valérie que ses conseillers méprisent. C'est
l'ensemble des machos, et ils sont des millions, dont ceux-là, qui
mentent aux femmes en général et les méprisent. Des millions
d'hommes en France pensent que le devoir envers eux des femmes
belles, talentueuses et intelligentes se résume à : « donne
ton cul et ferme ta gueule ! » Et ça, personne parmi les
femmes n'a le droit de le dénoncer sous peine d'être dénoncée
comme méchante et hystérique. Valérie l'a dénoncé dans son
livre. Elle a très bien fait.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 29 septembre 2014
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