Quand, il y a plus de dix
mille ans, les humains inventent l'agriculture et l'élevage, c'est
aussi l'occasion pour eux d'établir une réglementation de leur
sexualité. Dans l'ignorance de l'existence de l'ovule et de la
réalité de l'ovulation, ils imaginent l'homme semeur actif du
ventre passif de la femme. La femme est réduite à n'être qu'une
espèce de terre, appelée à obéir, être subordonnée, appartenir
à celui qui la cultive. L'empreinte de cette démarche agricole
transparaît dans toute la morale sexuelle jusqu'à aujourd'hui, quel
que soit le discours qui l'accompagne.
Tout ce qui contrevient à
la production est réprouvé. La masturbation masculine est
sévèrement condamnée. Gaspiller la semence est pour un
cultivateur, surtout des temps passés, un acte grave et méritant
une très vive réprobation. Que dire alors de la contraception,
l'avortement et l'infanticide? Ce sont des actes pires encore.
Que la terre vienne à
préférer un autre cultivateur que son seigneur et maître devient
un crime insigne. Celui qu'on voit appeler « le bon roi Henri
IV » refusa de gracier une gamine de dix-sept ans et son amant
au motif qu'elle était mariée. Les deux amants furent décapités à
Paris le 2 décembre 1603. Ils s'appelaient Julien et Marguerite de
Ravalet. Ils étaient amants et également frère et sœur. Honte au
roi Henri IV !
Si la terre prétend à
l'égalité avec le cultivateur, elle est très violemment réprimée.
Elle n'est ni écoutée, ni respectée. D'abord, la terre, est-ce que
ça parle ? Comment pourrait-elle prétendre à prendre la
parole ?
Si elle travaille, elle
n'est pas payée. Telle était il y a peu encore la règle pour les
femmes d'artisans en France. Elles travaillaient avec leur mari et ne
recevaient aucune rémunération.
Si à présent « la
terre » travaille et est payée, ce n'est pas pour son travail
gestationnel, maternel et domestique. Une femme de ménage ou une
aide-puéricultrice est payée pour ses efforts. Une mère de famille
n'est pas payée et n'a pas droit à la retraite en or massif qu'elle
mérite.
Quand « la terre »
s'occupe de « la terre », elle n'est guère reconnue par
le pouvoir patriarcal. Il est difficile de payer plus mal les
sages-femmes ! Elles font un des métiers les plus utiles au
monde et sont très mal payées.
La découverte de l'ovule
en 1827 par le savant estonien Karl Ernst von Baer et la première
description de l'ovulation vers 1840 par deux médecins français :
Félix-Archimède Pouchet, de Rouen, et Charles Négrier, d'Angers,
en parle-t-on ? Même des spécialistes que j'ai interrogé
ignoraient ces immenses découvertes et les noms des découvreurs !
Le mépris des femmes est omniprésent. On paye moins une femme pour
le même travail qu'un homme. Soi-disant c'est difficile de remettre
cette injustice en question. Si on le voulait, l'affaire serait
réglée en trois mois maximum. Il suffirait de le vouloir et de
rendre passible de terribles amendes les contrevenants.
Mais payer « la
terre » à égalité avec son cultivateur, vous n'y pensez
pas ! Ce serait paraît-il même hors de question. Les employées
femmes étant moins « performantes » que les hommes du fait de
leurs grossesses et des maladies infantiles de leurs gamins. Mais si
les femmes ne font plus de gosses, comment fera-t-on fonctionner
demain la production ? Avec des robots ? Et ce seront
également des robots qui consommeront et achèteront ? Il est
grand temps de sortir de notre antique morale sexuelle « agricole »
et d'être juste et respectueux avec les femmes. Le patriarcat est un
vieux machin totalement injuste et périmé dont il faut au plus vite
se débarrasser !
Basile philosophe naïf,
Paris le 16 mai 2018
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