mercredi 16 mai 2018

993 Notre antique morale sexuelle agricole

Quand, il y a plus de dix mille ans, les humains inventent l'agriculture et l'élevage, c'est aussi l'occasion pour eux d'établir une réglementation de leur sexualité. Dans l'ignorance de l'existence de l'ovule et de la réalité de l'ovulation, ils imaginent l'homme semeur actif du ventre passif de la femme. La femme est réduite à n'être qu'une espèce de terre, appelée à obéir, être subordonnée, appartenir à celui qui la cultive. L'empreinte de cette démarche agricole transparaît dans toute la morale sexuelle jusqu'à aujourd'hui, quel que soit le discours qui l'accompagne.

Tout ce qui contrevient à la production est réprouvé. La masturbation masculine est sévèrement condamnée. Gaspiller la semence est pour un cultivateur, surtout des temps passés, un acte grave et méritant une très vive réprobation. Que dire alors de la contraception, l'avortement et l'infanticide? Ce sont des actes pires encore.

Que la terre vienne à préférer un autre cultivateur que son seigneur et maître devient un crime insigne. Celui qu'on voit appeler « le bon roi Henri IV » refusa de gracier une gamine de dix-sept ans et son amant au motif qu'elle était mariée. Les deux amants furent décapités à Paris le 2 décembre 1603. Ils s'appelaient Julien et Marguerite de Ravalet. Ils étaient amants et également frère et sœur. Honte au roi Henri IV !

Si la terre prétend à l'égalité avec le cultivateur, elle est très violemment réprimée. Elle n'est ni écoutée, ni respectée. D'abord, la terre, est-ce que ça parle ? Comment pourrait-elle prétendre à prendre la parole ?

Si elle travaille, elle n'est pas payée. Telle était il y a peu encore la règle pour les femmes d'artisans en France. Elles travaillaient avec leur mari et ne recevaient aucune rémunération.

Si à présent « la terre » travaille et est payée, ce n'est pas pour son travail gestationnel, maternel et domestique. Une femme de ménage ou une aide-puéricultrice est payée pour ses efforts. Une mère de famille n'est pas payée et n'a pas droit à la retraite en or massif qu'elle mérite.

Quand « la terre » s'occupe de « la terre », elle n'est guère reconnue par le pouvoir patriarcal. Il est difficile de payer plus mal les sages-femmes ! Elles font un des métiers les plus utiles au monde et sont très mal payées.

La découverte de l'ovule en 1827 par le savant estonien Karl Ernst von Baer et la première description de l'ovulation vers 1840 par deux médecins français : Félix-Archimède Pouchet, de Rouen, et Charles Négrier, d'Angers, en parle-t-on ? Même des spécialistes que j'ai interrogé ignoraient ces immenses découvertes et les noms des découvreurs ! Le mépris des femmes est omniprésent. On paye moins une femme pour le même travail qu'un homme. Soi-disant c'est difficile de remettre cette injustice en question. Si on le voulait, l'affaire serait réglée en trois mois maximum. Il suffirait de le vouloir et de rendre passible de terribles amendes les contrevenants.

Mais payer « la terre » à égalité avec son cultivateur, vous n'y pensez pas ! Ce serait paraît-il même hors de question. Les employées femmes étant moins « performantes » que les hommes du fait de leurs grossesses et des maladies infantiles de leurs gamins. Mais si les femmes ne font plus de gosses, comment fera-t-on fonctionner demain la production ? Avec des robots ? Et ce seront également des robots qui consommeront et achèteront ? Il est grand temps de sortir de notre antique morale sexuelle « agricole » et d'être juste et respectueux avec les femmes. Le patriarcat est un vieux machin totalement injuste et périmé dont il faut au plus vite se débarrasser !

Basile philosophe naïf, Paris le 16 mai 2018

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