jeudi 10 mai 2018

983 À propos de l'histoire des femmes et de l'amour chez les humains

Le dimanche 6 mai 2018 j'ai été me promener au jardin de Bagatelle à Paris avec une amie femme médecin, brillante et consciencieuse, et à présent retraitée depuis peu. Elle a été chargée de cours en faculté de médecine à Paris. Et a aussi fait de la recherche fondamentale en biologie. Il s'agit donc d'une personne compétente et avertie. Je lui ai parlé de la découverte de l'ovule en 1827 par Karl Ernst von Baër et de l'ovulation chez les mammifères vers 1840 par Félix-Archimède Pouchet et Charles Négrier, ainsi que de la théorie de l'imprégnation. Elle ne connaissait aucun des noms que je lui ai cité. Pouchet, Négrier, von Baër, ne lui disaient rien. Elle n'avait jamais entendu parler de la théorie de l'imprégnation. Et cette femme est une personne très cultivée au cursus universitaire impressionnant ! C'est dire à quel point on parvient à cacher aux femmes l'histoire de découvertes qui les concernent ! Ainsi que celle des fausses théories comme celle de l'imprégnation, qui a été très longtemps reconnue comme une vérité par nombre de scientifiques. Cette théorie prétendait qu'une vierge s'imprégnait de son premier partenaire sexuel. Et que tous les enfants qu'elle aurait ensuite au cours de sa vie serait « à l'image » de celui-ci. D'où l'importance pour les jeunes filles de parvenir vierges au mariage.

Pour savoir où on va, il faut savoir d'où on vient. L'histoire des découvertes scientifiques comme des théories aberrantes concernant les femmes fait partie de l'histoire des femmes et de leur complète émancipation future y compris en France. Comment prétendre connaître l'histoire des femmes si on ignore l'histoire des découvertes qui ont notamment servit à se débarrasser de croyances ignobles et misogynes, comme celle des règles faisant tourner le lait à distance ? La découverte du mécanisme de l'ovulation a remis en question la base-même du patriarcat : la prétention à faire de l'homme le seul agent actif de la reproduction humaine face à une femme qui serait une espèce de terre passive où il déposerait sa semence. Terre devant lui appartenir. C'est la raison pour laquelle on cache l'histoire de cette grande découverte en évitant simplement d'en parler.

Parmi d'autres ignobles théories pseudo-scientifiques défendues par des patriarcaux français au moins encore au début des années 1940 était celle du sperme « qui nourrit la femme ». Le sperme reçu par la femme dans son vagin la nourrirait. Si elle n'en reçoit pas, elle dépérit. Donc, l'homme qui va chercher à parvenir à ses fins avec une dame le ferait presque par grandeur d'âme, car sinon elle s'affaiblirait. Et la femme, pour sa santé à elle, serait tenue d'accepter ce que l'homme veut. On voit à quel but concourt cette théorie parfaitement débile.

Elle me rappelle le propos d'un dragueur qui sévissait à Turin dans les années 1980.. Il expliquait à ses proies que s'il ne faisait pas l'amour il ressentait d'épouvantables douleurs au sexe. Une de ses proies assez naïve pour croire ces âneries lui avait cédé pour lui épargner ces souffrances. Elle m'avait des années après demandé si cet homme avait été sincère avec elle. Je lui ai bien sûr répondu que non. L'excitation sexuelle non suivie d'éjaculation peut conduire un homme à l'occasion à de vagues douleurs testiculaires, qui passent toutes seules. Et pour parvenir à l'éjaculation point n'est nécessairement besoin de partenaire. On peut aussi y arriver tout seul.

L'histoire de l'Humanité c'est aussi l'histoire des femmes. Je ne me souviens pas avoir vu dans les livres d'histoire de France traiter du sort des femmes, excepté la revendication électorale. Mais ces livres parlent-ils de la condition actuelle des femmes ? À écouter certains, tous les problèmes seraient réglés. Pour preuve que non nous disposons du chiffrage des dépressions, conduites à risques, crimes et suicides causés par des motifs définis comme « sentimentaux » ou « passionnels ». Alors qu'ils ne sont rien moins que la partie émergé de l'iceberg des relations défectueuses entre l'homme et la femme. Relations qui se portent mal suite à la maltraitance institutionnalisée des femmes, y compris sous nos latitudes. Nier le problème interdit sa solution. 

Basile philosophe naïf, Paris le 10 mai 2018

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