En temps « normal »,
c'est-à-dire quand notre vie se déroule de façon habituelle pour
notre société, nos relations sont tributaires de l'état de conflit
permanent résultant du conflit originel. Celui-ci dure depuis au
moins dix mille ans, quand les humains ont inventé l'agriculture et
l'élevage. Ignorant l'ovule et l'ovulation les hommes se sont crus
alors les seuls agents actifs de la reproduction. Ensemençant la
femme, réduite à une sorte de terre passive devant être
subordonnée, dominée par l'homme. Devant lui « appartenir ».
L'ovule et l'ovulation n'ayant été découvertes qu'au dix-neuvième
siècle. L'ovule a été découverte en 1827 par le savant estonien
Karl Ernst von Baër. L'ovulation a été décrite pour la première
fois vers 1840 par deux médecins français : Félix-Archimède
Pouchet, de Rouen, et Charles Nègre, d'Angers.
Le besoin de paix entre
les humains a cohabité depuis toujours avec le conflit originel qui
trouble toutes les relations humaines. Qu'est-ce que c'est « être
amoureux » ? C'est parvenir à être en paix ou
entrapercevoir la paix avec un humain avec lequel nous sommes
habituellement en état de défiance et conflit comme avec tous les
autres humains, y compris nous-mêmes. Mais ce sentiment de paix est
fragile et menacé, essentiellement par deux choses : la
formalisation et la peur.
La formalisation est
d'origine culturelle. Elle nous fait croire que l'état amoureux
implique nécessairement toute une série de choses, par exemple la
recherche du coït, la vie à deux, l'officialisation d'une relation
dite « exclusive », la fondation d'une famille. Toutes
choses qui ne sont pas négatives en soi, mais le sont quand on les
ramène systématiquement et par formalisation. Le délire sexuel
consistant à vouloir absolument ajouter à l'amour l'acte sexuel est
un des comportements les plus immédiatement destructeurs de l'amour.
De nos jours c'est un comportement très courant chez beaucoup
d'humains qui croient de bonne foi à une sorte d'amour type, de
modèle incontournable à suivre. Alors que chaque individu est
différent. Chaque relation est différente. Et tout n'arrête pas
d'évoluer en suivant son cours et se modifiant en permanence. Le
programme de conformisation détruit très efficacement quantité de
relations amoureuses et empêche la naissance de la plupart des
autres.
Le sexe à la mode
aujourd'hui est patriarcal et consumériste. La femme dans la culture
régnante sous nos latitudes aujourd'hui est perçue comme une
prostituée exclusive, gratuite et sur abonnement. Alors que l'acte
sexuel n'est en aucun cas un produit de consommation ou un label de
qualité. Tout une mythologie sexuelle imprègne notre société, où
le bonheur obligatoire est assimilé à une gesticulation qui n'est
rien d'autre qu'une masturbation dans un vagin, pas de l'amour.
L'amour est très efficacement anéanti par cette gesticulation.
Souvent au bout de quelques années de magnifiques histoires d'amour
font incompréhensiblement naufrage. Et alors de doctes imbéciles
surgissent avec une explication simple et fallacieuse :
« l'amour ça dure deux ans », ou bien : « l'amour
ça dure quatre ans », etc. Ou bien : « ça ne
pouvait pas marcher, il y avait un trop grand décalage d'âge »,
« de culture », « de niveau de vie ». Il n'y
avait pas ou plus « d'accord sexuel », etc. La paix entre
deux individus, pour perdurer doit être respectée. Tout le fatras
de la conformisation doit être porté là où il a sa place :
dans la poubelle. On peut très bien aimer, par exemple, sans qu'il y
ait coït, ou sans qu'il y ait exclusivité. L'essentiel est de se
respecter et respecter l'autre. Ce qui n'est pas forcément d'emblée
facile. La patience a aussi ici un rôle à jouer.
Le second ennemi
principal de l'amour, c'est la peur. À
partir du moment où on subit en amour une série de cuisants ét
incompréhensibles échecs, on développe la peur de l'autre, la peur
de la relation avec l'autre. On s'enferme dans une solitude qui peut
y compris être « une solitude à deux ». On évite
d'être vraiment amoureux. On goûte cette situation du bout des
lèvres. On est prêt à fuir à chaque instant. Combien de
« couples » qui en fait n'en sont pas ?
Basile philosophe naïf,
Paris le 16 mai 2018
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