À
écouter certains propos ou lire certains écrits, le patriarcat se
résumerait exclusivement ou essentiellement à l'inconduite de
certains hommes agressant les femmes. La solution au problème étant
d'accentuer la sévérité des lois et améliorer l'éducation des
générations d'hommes futurs. Toutes choses pouvant être
argumentées, mais passant à côté du fondement même du
patriarcat, qui est social, et qu'il importe de faire disparaître.
Quand fut inventé
l'agriculture et l'élevage, l'ignorance de l'ovulation a
conduit les hommes à établir le patriarcat. Croyant à tort que
l'homme était le seul agent actif de la reproduction, ensemençant
la terre passive du ventre des femmes, les hommes ont nié aux femmes
la simple qualité d'être humain. Octroie-t-on une telle dignité à
de la terre ? Bien sûr que non, elle est alors logiquement
subordonnée et propriété de son « cultivateur »
dominateur, l'homme.
Cette manière de voir
n'a été contredite par la science que depuis un peu moins de deux
siècles, quand l'ovule fut découverte et l'ovulation fut décrite.
Une immense conséquence de cette ignorance qui a duré plus de dix
mille ans fut de refuser aux femmes la reconnaissance pleine et
entière de leur labeur gestationnel, maternel et domestique. Une
femme de ménage ou une aide-puéricultrice est payée pour son
travail. Une mère qui fait la même chose dans son foyer, avec ses
enfants, ne reçoit rien. Elle est réputée « sans
profession », « femme au foyer ». Tel a été le
statut de ma mère qui a eu six enfants dont quatre parvenus à l'âge
adulte. Arrivée à l'âge de la retraite elle n'a pas eu droit à la
retraite en or massif que justifiait son travail de mère. Elle était
dépendante de son mari.
Tant que cette injustice
majeure persistera comment pourra-t-on prétendre à l'égalité des
femmes avec les hommes ? Là se trouve une part niée du
patriarcat, et quelle part ! S'ajoute à cette injustice le
traitement de cette revendication. Certains auteurs, notamment des
femmes, disent ou écrivent que payer le labeur féminin
gestationnel, maternel et domestique serait une idée à rejeter.
Parce qu'elle encouragerait les femmes à rester à la maison.
Il est étrange de voir
prôner le maintien d'une injustice au nom du progrès et quel
progrès ? Les adversaires de la reconnaissance du travail
féminin gestationnel, maternel et domestique opposent celle-ci à
l'acceptation d'un travail rémunéré hors de la maison. Mais si une
femme fait des doubles journées de travail, chez elle et puis hors
de sa maison, la réponse est claire et évidente : si elle a
deux emplois, elle doit recevoir deux salaires.
J'entends alors
susurrer : « mais où trouvera-t-on l'argent ? »
Sous-entendu que ça coûterait trop cher de reconnaître le labeur
gestationnel, maternel et domestique des femmes ! Cet argument
me rappelle le propos des esclavagistes qui disaient que « le
sucre serait trop cher s'il n'était pas produit par des esclaves ».
Là il ne s'agit pas du sucre mais des enfants.
On ne saurait exiger des
femmes de renoncer à avoir et vouloir des enfants. Comme alors le
travail de mère revient à un travail imposé par la Nature et non
reconnu par les hommes, il s'agit d'un travail d'esclave. La fin du
patriarcat exige l'abolition de l'esclavage féminin et
l'établissement de l'égalité homme femme autrement qu'en paroles
et en discours ! Devant cette situation, le travail féminin
hors de la maison est souvent encensé comme émancipateur. Il est
assez comique de voir parfois des femmes faisant un travail qu'elles
ont choisit, passionnant et très bien payé, vanter le caractère
inestimable et libérateur pour les femmes du travail de femme de
ménage ou caissière de supermarché ! Il faudrait aussi
demander aux femmes ce qu'elles choisissent si on leur donne le
choix. Et leur donner la possibilité d'occuper des emplois
intéressants et bien payés. Ce qui n'est souvent pas le cas, et cela
bien plus fréquemment que pour les hommes.
Basile philosophe naïf,
Paris le 26 mai 2018
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