mardi 15 mai 2018

989 L'origine des chagrins d'amour et de la plupart des troubles passionnels

Quand un amour, y compris parfois à peine esquissé, est contrarié, déçu, il arrive que l'amoureux ou l'amoureuse sombre dans le désespoir. Pense à se tuer. Voire à tuer l'autre. Ou bien à tuer l'autre et se tuer ensuite. Passe ou tente de passer à l'acte. Ce trouble passionnel pouvant toucher des personnes habituellement plutôt calmes et tranquilles. Pourquoi un tel désordre affectif ? Aucune femme, aucun homme, ne mérite qu'on se tue ou qu'on tue pour elle ou pour lui. Alors pourquoi tant de drames causés par une très banale et sans aucune importance absence de complicité amoureuse ?

Pour répondre à cette question il faut partir du contexte. Depuis plus de dix mille ans notre société vit sous le régime de la violence patriarcale du conflit originel. Cette violence, habituelle et omniprésente est très forte. Mais comme elle s'exerce partout et en permanence, on finit par ne plus sentir sa présence particulière. Elle semble s'attacher à la normalité habituelle du monde.

Quand un amour s'esquisse chez un garçon ou une fille, il tend à lever cette chape de violence pour initier un oasis de paix. Le contraste est telle avec le caractère habituel des relations que l'objet de l'amour prend un caractère fabuleux. L'amoureux ou l'amoureuse est dit « tomber amoureux ». Tomber veut bien dire ce que ça veut dire. L'individu tombé n'est plus le même. Il a perdu sa raison tant est forte l'impression causée par une relation hors conflit. Conflit dont on ne réalise pas le caractère habituel, dévastateur et évitable.

Quand l'espoir de paix via l'amour avec une personne est contrarié, l'amoureux ou l'amoureuse retrouve la guerre. Et d'autant plus durement qu'il vient d'apercevoir l'ombre de la paix. Le désespoir qui en résulte peut être destructeur.

Quand deux « chagrins d'amour » se succèdent à brève échéance, le suicide peut sembler une délivrance. Tant le fait d'avoir entraperçu la paix ainsi deux fois cause une douleur intense. C'est le phénomène de « la double frappe » dont il faut savoir se méfier, tant il est dangereux et peut être inattendu.

Le trouble passionnel causé par l'extinction d'une idylle rêvée, ou qui fut effective, conduit parfois y compris au meurtre. Il faut comprendre que la véritable cause du désespoir n'est jamais le refus ou la dérobade de l'autre, mais la fin de l'esquisse de paix neutralisant l'état de guerre ambiant. Pour éviter le désespoir il faut éviter de focaliser son affection sur une même personne. Il faut aimer quantité de gens, ce qui ne signifie nullement nécessairement partouzer. L'antidote idéal au chagrin d'amour c'est souvent l'amitié.

Croire qu'il existe quelque part un être unique et merveilleux fait pour vous est une croyance naïve, stupide et dangereuse. Il existe quantité de personnes avec lesquelles une entente est possible. Ce sont les conditions réunies pour celle-ci qui manquent le plus souvent, du fait du conflit originel ambiant. Tant que ce conflit durera il sera difficile de trouver une personne avec laquelle s'entendre.

Il ne faut pas confondre l'amour humain avec le triste et stérile fantasme romantique qui nous est souvent proposé sous ce nom. Et qui ne se rencontre en vraie réussite que dans les films ou les romans. Si on cherche « l'amour » il faut se débarrasser de ce fantasme débile, commencer par s'aimer soi-même, s'écouter, observer, se méfier des conseils et chercher à comprendre et épouser la réalité. Combien de personnes ne trouvent rien, parce qu'elles ne cherchent pas à découvrir la vie, mais cherchent la confirmation de l'idée à priori qu'ils se font d'elle ? Une chose est certaine : la vérité n'est jamais semblable au rêve qu'on s'en est fait. Elle est différente et plus belle. C'est à chacun de nous qu'il importe de la trouver pour la vivre ensuite avec bonheur.

Basile philosophe naïf, Paris le 14 mai 2018

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