Ma prise de conscience
concernant le patriarcat m'a conduit ces temps derniers à dire :
« tous les grands problèmes de l'Humanité – famines,
guerres, misère, violence, fanatismes, – ne pourront pas être
réglés sans que au préalable soit résolu le problème de la
condition féminine. C'est à dire de la maltraitance de plus de la
moitié de la population, les femmes, par une très large partie du
reste de la population, les hommes, avec y compris hélas la
complicité d'une partie des femmes. »
Mais il ne s'agit pas
simplement d'un ordre de résolution des problèmes. Tous les grands
problèmes sociétaux humains ont pour point de départ le patriarcat. Ce
point de départ remonte à plus de dix mille ans en arrière. On
peut dire que tous les grands problèmes sociétaux humains procèdent d'une
diversification et complexification du patriarcat.
À
l'origine les humains sont dépourvus de techniques et d'industries.
Ils suivent leur instinct originel. Ils n'ont pas de prédateurs, car
les grands prédateurs ne vont pas se frotter à des groupes
d'humains solidaires et mordeurs. Les petits humains isolés seraient
des proies faciles, mais ils courent très vite pour pouvoir
retourner s'abriter au sein du groupe des adultes. Il n'y a pas de
« lutte pour la vie » à l'origine des techniques et
industries humaines, mais le jeu.
Les
humains prennent conscience que pour des motifs inconnus et
mystérieux les femmes attendent et donnent naissances aux petits.
Elles seront encensées pour ce rôle inestimable et merveilleux. Des
traces subsistent de cette admiration sous la forme de statuettes
féminines figurant des personnages aux seins énormes, au ventre
proéminent et au sexe hypertrophié. Ces figurines ont été
sculptées il y a vingt-cinq mille ans. Puis, il y a plus de dix
mille ans les humains inventent l'agriculture et l'élevage. Ce qui
signifie qu'au moins dès cette époque ils reconnaissent le pouvoir
fécondant du sperme et de l'acte sexuel.
Mais
les humains ignorent le fonctionnement de l'ovulation et l'existence
de l'ovule. La femme est prise alors par eux pour une espèce de
terre passive recevant la semence active de l'homme. Les
incompréhensibles menstrues restant l'objet de superstitions
diverses. Tous les problèmes sociétaux sont issus du patriarcat né
lui-même de l'ignorance de l'ovulation. Ignorance qui se poursuivra
jusqu'aux années 1840.
Car
si la femme n'est qu'une espèce de terre passive, elle doit
logiquement appartenir à celui qui « la travaille » :
l'homme. Prétention absurde, injuste et irréalisable : un être
humain ne saurait appartenir à un autre être humain. L'homme ne
parviendra jamais à « posséder » la femme. Au cours de
plus de dix mille années il va alors chercher à compenser sa
frustration. Par la violence contre les femmes, entre les hommes, la
propriété, le pouvoir, la conquête, l'alcool, les drogues
chimiques, le tabac, le fanatisme, les excès de nourriture, et toutes choses qui font
le malheur des humains.
Au
nombre des compensations de leur frustration patriarcale les hommes
ont inventé le pouvoir et la politique qui sert à y parvenir. Il
est de ce fait des plus improbables que la liquidation du patriarcat
soit un jour issue du pouvoir et de la politique. Ce que le
traitement patriarcale habituel des femmes par le pouvoir et les
politiques tend bien à confirmer.
Karl
Ernst von Baer a découvert l'ovule en 1827, Félix-Archimède
Pouchet et Charles Négrier ont décrit l'ovulation dans les années
1840, mais le patriarcat n'a pas pour autant disparu. Il faut encore
s'en débarrasser pour pouvoir régler tous les grands problèmes de
l'Humanité. Qui sont eux-mêmes issus du patriarcat. Qui se chargera
et comment de cette tâche salvatrice ? Sans doute les femmes,
aidées et soutenues par les hommes conscients du problème et
sensibles à sa solution.
Basile
philosophe naïf, Paris le 21 mai 2018
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