vendredi 4 mai 2018

971 Félix-Archimède Pouchet à propos de sa découverte de l'ovulation

Je suis tombé à l'occasion sur des écrits affirmant que Félix-Archimède Pouchet n'avait rien découvert s’agissant de l'ovulation féminine. Il aurait exprimé seulement des idées dans l'air de son temps. Ç’aurait même été « un faux savant ». Pour preuve, au cours de sa vie il s'est opposé à Pasteur et a professé diverses idées erronées dans le domaine scientifique. Curieux s’agissant de sa découverte de l'ovulation, j'ai été consulter Théorie positive de l'ovulation spontanée et de la fécondation des mammifères et de l'espèce humaine. Un ouvrage qui a obtenu le prix de physiologie expérimentale de l'Académie royale des Sciences de Paris au concours de 1845. Pouchet écrit ici, faisant l'historique de sa découverte, pages VIII, IX et X :

Je réclame avec insistance mes modestes droits parce que ma conviction intime dit qu'ils sont équitables. Je les réclame, parce que si la découverte est aussi positive que j'en ai l'assurance, mu par une louable et noble émulation, mon désir est qu'elle concoure au trophée de notre science nationale.

Loin de moi l'idée d'avoir le premier annoncé la possibilité de l'ovulation spontanée. Non, j'ai fréquemment cité des physiologistes qui, entraînés par le besoin de soustraire leurs théories à d'accablantes objections fondées sur la présence décevante des corps jaunes chez des animaux vierges, avaient eux-mêmes admis la possibilité exceptionnelle de la chute spontanée des œufs. Mais ce n'étaient pour ces savants que des aveux forcés, arrachés par l'évidence des révélations accusatrices, tandis que le premier nous posions les éléments d'une théorie rationnelle et stable.

Lorsqu'en 1842 je publiai pour la première fois ma découverte, j'étais loin d'espérer qu'elle aurait une aussi rapide et heureuse destinée, car voici comment je m'exprimais à cet égard dans l'une des premières pages de mon livre (Pouchet. Théorie positive de la fécondation. Paris, 1842, p. 3.) :

« J'ai accompli avec probité une œuvre utile, et je me présente avec franchise au tribunal de l'avenir. Pour le moment, je ne suppose pas que mon travail réunisse aucun élément de succès, je professe des doctrines qui s'éloignent trop du sentier de la routine pour ne pas éprouver le sort de tous les novateurs. Il est dans ma destinée de subir toutes les phases de la critique : d'abord on niera l'évidence en tranchant audacieusement la question, et en anéantissant légèrement, par une simple négation, plusieurs années de recherches et de travaux ; puis, quand les hommes probes et consciencieux reconnaîtront dans mon écrit quelques vérités fondamentales, la critique, pour ne pas rester désarmée, découvrira dans les auteurs anciens et modernes des passages obscures, des phrases indécises, dans lesquels elle prétendra reconnaître ma théorie. »

Avec un flair judicieux, Pouchet paraît ici avoir dénoncé par avance ses détracteurs, en donnant même le fil de leur argumentation future.

L'essentiel reste en tous cas que la description scientifique de l'ovulation féminine date bien des années 1840. Faisant manifestement allusion notamment à cela, Jules Michelet écrit en 1870 page 8 de son ouvrage monumental intitulé L'Amour : « L'objet de l'amour, la femme en son mystère essentiel, longtemps ignoré, méconnu, a été révélé par une suite de découvertes, de 1827 à 1847. »

Le patriarcat, dont la description scientifique de l'ovulation détruisait les fondations, s'est bien gardé de souligner l'importance de ce progrès majeur de l'Humanité.

Basile philosophe naïf, Paris le 4 mai 2018

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