dimanche 27 mai 2018

1007 La patriarcalisation de la sexualité

Il y a plus de dix mille ans l'Humanité a inventé l'agriculture et l'élevage. Mais les humains connaissaient seulement en partie le mécanisme de la reproduction. Ils ignoraient l'existence de l'ovule et le déroulement de l’ovulation. Ce qui a fait qu'ils ont cru que l'homme était l'agent actif reproducteur, ensemençant le ventre passif de la femme. Ce qui a conduit l'Humanité à sombrer dans le patriarcat. L'homme s'est cru supérieur à la femme, ayant vocation de la dominer, la posséder. Cette erreur a duré plus de dix mille ans. La science n'est venue révéler l'existence de l'ovule qu'en 1827. Ce fut la découverte de Karl Ernst von Baer. La première description de l'ovulation a été faite dans les années 1840. Elle est l’œuvre de deux médecins et chercheurs français : Félix-Archimède Pouchet, de Rouen, et Charles Nègre, d'Angers. Mais en dépit de ces progrès majeurs de la science, le patriarcat a perduré et imprègne toujours le fonctionnement de la société humaine. Et le langage est patriarcalisé. Ce qui perturbe voire empêche la communication.

Si un domaine est bien marqué par la vision patriarcale de la reproduction, c'est bien celui qu'on a pris l'habitude de baptiser « chair » ou « sexualité ». Le sexe patriarcale est anthropocentrique, phallocentrique, érectolâtre et éjaculocentrique. Toute l'activité sexuelle, toute la vie sexuelle tend à être subordonnée à une sorte de logique de fer, de conduite forcée, de sexe automatique. Les hommes patriarcalisés sont obnubilés par leur pénis et obsédés par l'idée de parvenir à l'érection et l'éjaculation. Cette dernière étant abusivement assimilée à la jouissance, alors que les hommes sont très fréquemment frigides. Ce qui fait qu'ils ne jouissent pas quand ils éjaculent. De plus, ils croient « faire l'amour » s'ils pénètrent un orifice naturel d'un ou une partenaire et qu'ils éjaculent dedans. Alors que la plupart du temps il s'agit d'autre chose. Une masturbation dans un orifice naturel et pas un acte relationnel sexuel qui ferait qu'on pourrait dire légitimement que les deux partenaires impliqués ont « fait l'amour ». La culture patriarcale encourage systématiquement la masturbation intravaginale. Et prétend abusivement qu'il s'agit là de personnes faisant l'amour.

Les hommes sont les maîtres d’œuvre du patriarcat. Ils mènent la danse. On a tendance à prétendre que leurs obsessions sexuelles relèvent de la Nature. C'est faux. C'est un abus d'origine culturel que le harcèlement sexuel des femmes et des jeunes filles par la plupart des hommes. Comment réagissent les femmes ? Pour des raisons très certainement morales et physiologiques, les femmes sont révoltées par l'agression patriarcale. Ne s'adaptant pas aux obsessions des hommes patriarcalisés, elles se retrouvent en permanence partagées entre la fuite, la défensive et l'art de manipuler leur adversaire masculin. Mais comment pourraient-elles agir différemment ?

Si une femme veut exprimer à un homme le désir suivant : « j'aimerais que tu me vois nue, mais je n'ai pas présentement l'envie de faire l'amour avec toi. » Existe-t-il un moyen d'exprimer ce désir, de se faire comprendre ? Non. Si une femme veut exprimer à un homme le désir suivant : « j'ai envie de t'embrasser sur la bouche en y mettant la langue, mais je n'ai pas présentement envie de faire l'amour avec toi. » Existe-t-il un moyen d'exprimer ce désir, de se faire comprendre ? Pas plus. Si une femme veut exprimer à un homme le désir suivant : « j'ai envie que tu me caresse le ventre, mais je n'ai pas envie présentement de faire l'amour avec toi » ou « j'ai envie que tu me caresse de partout, mais je n'ai pas présentement l'envie de faire l'amour avec toi » existe-t-il un moyen d'exprimer ce désir ? Pas plus. Il en sera de même si une femme veut exprimer le désir de dormir avec un homme sans avoir présentement l'envie de faire l'amour. Et aussi si une femme désire être doigtée mais pas faire l'amour, ce sera pareil. L'homme ne veut rien entendre aux millions de désirs féminins. Ils se résument toujours pour lui à faire passer la femme à la casserole. Alors que fait-elle ? Elle passe le temps ou bien à se résigner à passer sous les fourches caudines du patriarcat. Ou bien à rester sur la défensive. Repousser les hommes patriarcalisés . Les fuir. Le patriarcat tue l'amour, la tendresse, la douceur, la vraie sensualité et même aussi la vraie sexualité.

Basile philosophe naïf, Paris le 27 mai 2018

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