samedi 26 mai 2018

1006 Mythe et réalité du patriarcat

À écouter certains propos ou lire certains écrits, le patriarcat se résumerait exclusivement ou essentiellement à l'inconduite de certains hommes agressant les femmes. La solution au problème étant d'accentuer la sévérité des lois et améliorer l'éducation des générations d'hommes futurs. Toutes choses pouvant être argumentées, mais passant à côté du fondement même du patriarcat, qui est social, et qu'il importe de faire disparaître.

Quand fut inventé l'agriculture et l'élevage, l'ignorance de l'ovulation a conduit les hommes à établir le patriarcat. Croyant à tort que l'homme était le seul agent actif de la reproduction, ensemençant la terre passive du ventre des femmes, les hommes ont nié aux femmes la simple qualité d'être humain. Octroie-t-on une telle dignité à de la terre ? Bien sûr que non, elle est alors logiquement subordonnée et propriété de son « cultivateur » dominateur, l'homme.

Cette manière de voir n'a été contredite par la science que depuis un peu moins de deux siècles, quand l'ovule fut découverte et l'ovulation fut décrite. Une immense conséquence de cette ignorance qui a duré plus de dix mille ans fut de refuser aux femmes la reconnaissance pleine et entière de leur labeur gestationnel, maternel et domestique. Une femme de ménage ou une aide-puéricultrice est payée pour son travail. Une mère qui fait la même chose dans son foyer, avec ses enfants, ne reçoit rien. Elle est réputée « sans profession », « femme au foyer ». Tel a été le statut de ma mère qui a eu six enfants dont quatre parvenus à l'âge adulte. Arrivée à l'âge de la retraite elle n'a pas eu droit à la retraite en or massif que justifiait son travail de mère. Elle était dépendante de son mari.

Tant que cette injustice majeure persistera comment pourra-t-on prétendre à l'égalité des femmes avec les hommes ? Là se trouve une part niée du patriarcat, et quelle part ! S'ajoute à cette injustice le traitement de cette revendication. Certains auteurs, notamment des femmes, disent ou écrivent que payer le labeur féminin gestationnel, maternel et domestique serait une idée à rejeter. Parce qu'elle encouragerait les femmes à rester à la maison.

Il est étrange de voir prôner le maintien d'une injustice au nom du progrès et quel progrès ? Les adversaires de la reconnaissance du travail féminin gestationnel, maternel et domestique opposent celle-ci à l'acceptation d'un travail rémunéré hors de la maison. Mais si une femme fait des doubles journées de travail, chez elle et puis hors de sa maison, la réponse est claire et évidente : si elle a deux emplois, elle doit recevoir deux salaires.

J'entends alors susurrer : « mais où trouvera-t-on l'argent ? » Sous-entendu que ça coûterait trop cher de reconnaître le labeur gestationnel, maternel et domestique des femmes ! Cet argument me rappelle le propos des esclavagistes qui disaient que « le sucre serait trop cher s'il n'était pas produit par des esclaves ». Là il ne s'agit pas du sucre mais des enfants.

On ne saurait exiger des femmes de renoncer à avoir et vouloir des enfants. Comme alors le travail de mère revient à un travail imposé par la Nature et non reconnu par les hommes, il s'agit d'un travail d'esclave. La fin du patriarcat exige l'abolition de l'esclavage féminin et l'établissement de l'égalité homme femme autrement qu'en paroles et en discours ! Devant cette situation, le travail féminin hors de la maison est souvent encensé comme émancipateur. Il est assez comique de voir parfois des femmes faisant un travail qu'elles ont choisit, passionnant et très bien payé, vanter le caractère inestimable et libérateur pour les femmes du travail de femme de ménage ou caissière de supermarché ! Il faudrait aussi demander aux femmes ce qu'elles choisissent si on leur donne le choix. Et leur donner la possibilité d'occuper des emplois intéressants et bien payés. Ce qui n'est souvent pas le cas, et cela bien plus fréquemment que pour les hommes.

Basile philosophe naïf, Paris le 26 mai 2018

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