Le phénomène de la peur
ou des peurs en héritage explique toute une série de comportements
humains apparemment dépourvus de sens. J'en ai vu divers exemples :
Une personne est
convaincu de quelque chose. Vous lui démontrez le contraire. Elle
approuve... et tout de suite après fait machine arrière et
retourne sur ses positions d'origine. J'ai, un jour, démontré à
une amie qu'elle agissait bêtement avec son amant, qui ne la
respectait pas. Elle m'a approuvé. Et a ensuite continué à faire
comme d'habitude avec lui. Jusqu'à ce qu'elle le quitte pour un
autre homme, pire que lui et ayant exactement les mêmes défauts, le
même profil : égoïste, égocentrique et macho.
Un homme défend un
projet politique. Vous lui démontrez qu'il est horrible ou insensé.
En paroles, il approuve... et ne change pas d'avis.
Une dame est attachée à
tout un tas de mythes à la mode. Vous lui faites comprendre que vous
ne partagez pas ses rêves. Elle s'exclame alors que « vous ne
croyez en rien », « vous ne vivez rien d'intéressant »...
Parce que le seul fait qu'on puisse ne pas partager ses croyances lui
fait peur au point de vous classer parmi les insensés.
Les exemples sont
innombrables et quotidiens. Si ces comportements absurdes existent,
c'est parce que les peurs en héritages bloquent la pensée.
Reconnaître la vérité représente un effort trop dur, est trop
effrayant.
Les peurs en héritages
sont également un aliment de choix pour nourrir les comportements
subitement violents, les fanatismes les plus divers.
Une jeune fille annonce à
son amant qu'elle le quitte. Celui-ci la tue et puis déclare
regretter son geste. C'est une situation hélas classique. Quand une
amante m'a quitté, j'ai été très étonné et surpris de ressentir
en moi un jour quelques temps après l'envie d'être très violent
avec elle. Je me suis raisonné et n'ai rien fait de tel. L'envie de
violence s'est alors tout de suite dissipée. Mais, si j'avais été
quelqu'un de moins raisonnable, de violent en général,
d'alcoolique, qu'aurais-je fait ?
Je me suis demandé d'où
m'était venu ce sentiment inattendu. C'est seulement quand j'ai
compris l'existence des peurs en héritage, que j'ai trouvé une
explication satisfaisante. La confrontation avec le changement
exacerbe souvent celles-ci. Et la fuite prend un caractère absurde.
Être violent avec mon amie n'aurait rigoureusement rien arrangé
pour personne, ni pour elle, ni pour moi, ni en général. Par la
suite, j'ai été durant un an poursuivi par une envie suicidaire, à
laquelle j'ai résisté. Envie qui s'est également totalement
dissipée ensuite. Cette tentation auto-destructrice à mon avis a eu
pour origine l'envie d'être violent avec mon amie, envie que j'ai
contrarié en restant pacifique. Elle s'est alors transformé en
envie de violence contre moi-même. Toute chose produite par des
peurs en héritage et non par une « colère » ou un
« désespoir » qui serait le produit de la situation.
S'il s'agissait de « colère » pourquoi éclatait-elle
des semaines après notre séparation ? Puis s'évaporait-elle ?
Pareil pour ce « désespoir » à retardement, finissant
lui aussi par s'évaporer.
En fait nous sommes
guidés par trois choses en nous : le cœur, c'est-à-dire les
sentiments, la raison, c'est-à-dire les pensées, et enfin, les
peurs en héritages qui viennent parasiter notre vie. L'explication
paraît extrêmement simple, trop peut-être... Mais, combien
d'années m'a-t-il fallu pour y parvenir ! Être conscient de
l'existence de ces freins, accélérateur et égareur des peurs en
héritage rend plus lucide pour comprendre ses motivations, celles
des autres. Et améliorer notre authenticité.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 2 janvier 2015
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