L'homme, à la naissance
est un animal comme les autres : pour téter il rampe à toute
vitesse vers le sein de sa mère. Il n'a pas lu « J'élève
mon enfant », le best seller de Régine Pernoud. Il suit
son instinct. Adulte, trois choses le guident : le cœur, l'intellect
et la peur. Peur permanente issue des contrariétés de son instinct.
Peur qui domine le reste et explique les aberrations de son
comportement.
Ainsi, on voit l'homme
obéir à des choses qu'il a créé. L'argent, par exemple, produit
totalement fictif et artificiel, va le commander. Il voudra gagner
beaucoup d'argent, alors que l'argent est un mode de rationnement qui
implique que, justement, la plupart en manquent, cependant qu'une
minorité en a trop. Il est fréquent, dès qu'on parle d'argent,
d'avoir le sentiment de changer d'interlocuteur ou interlocutrice. Ce
n'est plus la même personne à qui on a affaire. L'argent les
hypnotise, dénature, obnubile...
Au nom de l'argent on
voit prendre les décisions les plus absurdes, infâmes,
incompréhensibles et ruineuses, telle celle de supprimer le meilleur
hôpital de Paris, l'hôpital militaire du Val de Grâce. Le motif
invoqué officiellement par le gouvernement pour le fermer en 2017
est qu'il manquerait 250 millions d'euros pour le rénover !!!
Splendidement situé dans Paris, avec un parc, le bâtiment de cet
hôpital est très certainement promis à terme à être vendu et
transformé en palace de luxe. Comme l'ont déjà été le Centre de
conférences internationales de l'avenue Kléber ou les Hôtels Dieu
de Lyon et Marseille.
La peur principale dont
souffre l'homme est produite par son enfance prolongée. A l'origine,
dans la Nature, avant l'invention de toutes industries, l'homme est
adulte vers l'âge de cinq ans au maximum. C'est-à-dire qu'il est
capable de se nourrir tout seul. Les hommes et femmes plus âgés
n'ayant plus qu'à le protéger éventuellement. Mais, dans
l'organisation dénaturée de la société humaine issue des
perturbations causées par les progrès techniques, l'enfance est
artificiellement prolongée. On reste enfant durant plus du double de
l'âge adulte naturel, quasiment le triple. Arrivé à l'âge ou
physiquement on devient apte à la reproduction, la situation
d'enfant prolongé devient insupportable. On appelle ça : « la
crise de l'adolescence ». Et on en attribue la responsabilité
exclusive aux « adolescents » !
Ce moment de la vie
baptisé « adolescence », qu'on ne trouve pas chez les
autres espèces animales, fait qu'on va contradictoirement s'arracher
aux adultes qui vous ont maintenu en une artificielle enfance et
regretter le confort douillet de celle-ci. On risque fort de ne
jamais s'en remettre et rester sa vie entière entre deux chaises.
C'est ce qui arrive à la plupart des humains.
Ils cherchent à
retrouver, compenser par possession leur enfance perdue.
Ou par répétitions de
la peur éprouvée lors de la séparation : les joueurs pour de
l'argent éprouvent un plaisir irrésistible à se ruiner. Car ils
retrouvent artificiellement une proximité avec leur enfance perdue.
J'ai connu un joueur qui se ruinait aux courses. Il adorait sa mère.
Ce n'était pas étonnant.
Les grands fléaux de
l'Humanité sont au nombre de six : l'argent, la propriété privée,
l'héritage, le pouvoir, ce qu'on entend par le « Grand Amour »
(toxicomanie endorphinique) et le sentiment de possession en général.
L'argent, la propriété
privée et l'héritage conduisent à une concentration gigantesque,
absurde et insensée des richesses entre les mains d'individus qui
seraient bien incapable de parvenir à le dépenser. Pendant qu'une
très large partie de l'Humanité vit dans la misère ou dégringole
dedans et a faim. Pour enrichir toujours plus une quantité infime de
personnes qui n'en ont aucun besoin, on fait la guerre, on organise
la spéculation sur la nourriture, le logement, l'offre de soins
médicaux, créant ainsi des drames, des famines et des épidémies.
Le sentiment de posséder
peut prendre des formes multiples. Issu de la peur, il n'a ni sens,
ni limites, ni cohérence. On le voit avec la prétention absurde
qu'ont des humains de « posséder » d'autres humains.
Elle se traduit par des comportements violents et fanatiques dans le
domaine du mariage, de la jalousie, y compris fraternelle,
paternelle, maternelle. On va enfermer les personnes dites
« aimées », leur imposer de se cacher derrière de plus
ou moins amples vêtements, etc.
On verra aussi sévir de
très dévastateurs mythes sexuels. Soi-disant la pénétration
sexuelle ferait qu'on « possède », on « prend »
l'autre... en fait on ne possède rien du tout, on ne prend rien. Dès
qu'on a « fait l'amour » beaucoup ont la prétention à
un « droit » de reprise, parce que dorénavant « on
est ensemble ». Certains cherchent de préférence des
partenaires sexuels vierges, voire mineurs, voire enfants. Comme ça
ne leur suffit pas pour se sentir « propriétaires » de
l'autre, ils rechercheront la pénétration sexuelle contre la
volonté de l'autre, en lui faisant mal, en « l'initiant »,
en le tuant ensuite. Pour dominer, on pourra massacrer, tuer,
terroriser, dominer au travail tout simplement, etc. La somme
d'horreurs commises pour se sentir dominateur est incalculable.
L'étrange paradoxe fait
que ceux qui croient dominer parce qu'ils sont riches ou ont le
pouvoir, se font en fait eux-mêmes dominer par leurs richesses et
leur pouvoir.
Un chef d'état ou un
très grand patron très actif voit la moindre minute de son temps
programmée par une équipe de quinze ou vingt personnes. Il est en
fait infiniment peu libre comparé au citoyen lambda qui décide au
moins un peu ce qu'il fait de son temps libre le dimanche.
Les hommes et femmes de
pouvoir et les ultra riches pensent être dominants. Ils sont dominés
par leurs fétiches. En fait ils passent à côté de leur vie. Comme
leur soif de pouvoir exprime leur peur, il n'est pas surprenant de
retrouver celle-ci chez eux à la source de comportements sexuels
frénétiques, transgressifs, boulimiques, compulsifs, insatisfaits.
Les détenteurs du
pouvoir et les ultra riches nous empêchent de vivre. Mais,
eux-mêmes ne vivent pas. Ils s'entourent de gens qui passent leur
temps à les louanger et leur dire qu'ils ont de la chance. En fait,
ce sont des malheureux qui rendent malheureux les autres. Ils ont
l'impression de courir inlassablement après le pouvoir et l'argent,
qui en réalité les tient en laisse et les commandent.
On a annoncé
dernièrement dans la presse que 85 ultra riches « possèdent »
autant de richesses que la moitié de l'Humanité. Mais personne n'a
préconisé la solution à cette situation absurde : la confiscation
de ces fortunes avec une indemnité permettant à ces 85 de vivre
confortablement sans pour autant affamer la planète.
La « dette
souveraine » de la France serait détenue pour un tiers par des
Français, un autre tiers par des Européens et le dernier par des
gens venus d'ailleurs. Quand enfin publiera-t-on leurs noms ?
On parle beaucoup
d'économie. Pourquoi fait-on un tel silence sur la chrématistique ?
Aristote a dénoncé cette pratique consistant à accumuler l'argent
pour l'argent. De ce fléau on devrait parler. Et ajouter que ceux
qui en souffrent n'ont pas lieu de s'enrichir toujours plus. La crise
de l'Humanité peut être réglée, à condition de le vouloir. Les
grands de ce monde sont victimes de leur fortune. Il est nécessaire
de les en délivrer en leur ôtant celle-ci. En leur rendant ainsi la
possibilité de profiter de la vie et cesser d'être les esclaves de
leurs coffres. Effrayé par ses peurs, l'homme a fait du pouvoir, de
l'argent, de la propriété privée et de l'héritage des dieux.
Alors que ce sont des diables.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 3 janvier 2015
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