La culture est une drôle
de chose. Si nous sommes nus le matin et nous habillons, en règle
générale, une fois que nous avons fini de nous habiller, nous avons
le sentiment d'être enfin pleinement nous-mêmes. Alors que c'est
exactement l'inverse. Tant que nous sommes nus, nous sommes
nous-mêmes. Une fois habillé, ça n'est plus pareil. Mais, pourquoi
cette impression d'être enfin nous-mêmes une fois habillés ? Parce
que nous sommes enfin « présentables ». Il n'est guère
possible de se présenter nu devant les autres : ses voisins, sa
boulangère, ses collègues de bureau. Pour faire partie de notre
société, il faut être habillé... mais est-ce bien notre société
? Il n'y a pas que les habits physiques, il y a également les
vêtements idéologiques. Par exemple, il est très mal vu à Paris
de déclarer : « j'aime ne rien foutre », ou encore :
« aujourd'hui, je me suis branlé ». Tout un tas de gens
aiment ne rien foutre ou se branle... mais, chut ! Personne ne doit
le dire. « Ça ne se fait pas ». Être accepté, ça
consiste à ne pas être nous-mêmes, mais prendre le rôle qu'on est
sensé assumer. Ou qu'on pense devoir assumer. Un jour, j'ai parlé
avec un très haut fonctionnaire français. Il était membre du
Conseil d'État et, à l'heure du repas de midi, en semaine, il était
en jogging en train de faire de la gymnastique dans un stade. Je lui
ai demandé : « mais, si tu voudrais, tu pourrais aller au
bureau en jogging ? » Il m'a répondu : « oui, mais on me
prendrait pour un fou ».
La philosophie ne doit
pas nous donner des réponses aux questions, elle doit nous aider à
réfléchir et trouver nous-mêmes nos réponses. Sinon, ce serait
trop facile. Il suffirait d'écrire « soyez bon » sur un
morceau de papier. Le multiplier à six milliards d'exemplaires, le
distribuer, et le tour serait joué.
L'autre jour, j'étais en compagnie de trois dames. Elles commencent à parler de leurs croyances. Une sorte d'animisme, où se rencontre des esprits, des anges, etc. Elles parlent aussi du « polyamour ». Un truc soi-disant nouveau, où on a de manière avouée plusieurs partenaires sexuels dans sa vie au même moment. J'ai abrégé ma rencontre. Pourquoi ? Parce que je ne partage pas du tout ces croyances. Et n'accorde pas mon attention à cette version revisitée du « ménage à trois » : le mari, la femme, l'amant ou la maitresse. Mais, ces dames ont le droit d'y croire. Je n'ai pas à les contrarier.
L'autre jour, j'étais en compagnie de trois dames. Elles commencent à parler de leurs croyances. Une sorte d'animisme, où se rencontre des esprits, des anges, etc. Elles parlent aussi du « polyamour ». Un truc soi-disant nouveau, où on a de manière avouée plusieurs partenaires sexuels dans sa vie au même moment. J'ai abrégé ma rencontre. Pourquoi ? Parce que je ne partage pas du tout ces croyances. Et n'accorde pas mon attention à cette version revisitée du « ménage à trois » : le mari, la femme, l'amant ou la maitresse. Mais, ces dames ont le droit d'y croire. Je n'ai pas à les contrarier.
Certains disent ne pas
être violents et sont d'une violence inouï. Mais, comme il s'agit
« seulement » de violence morale, ils s'imaginent qu'elle
est inoffensive. Pourtant, d'après une statistique réalisée
j'ignore comment, il serait établi que les suicides causent plus de
victimes que les guerres.
Inversement, il y a des
personnes très violentes en paroles, qui sont d'une douceur
extraordinaire dans leurs actes.
Les humains ont inventé
un concept bizarre et piégeant qu'ils ont baptisé : « la
sexualité ». Avant, on disait : « la chair ». « La
sexualité » ça fait plus propre, moderne, sérieux, objectif,
« scientifique », neutre... mais, c'est exactement
pareil. Soi-disant, à un moment donné, il y a obligation de foutre.
Cette énormité est admise par la plupart des gens. Ils sont
moralement abimés.
L'autre jour, je revoyais
une très jolie fille pas vue depuis des années. Soudain, à un
moment, elle me lâche : « j'ai rencontré quelqu'un ».
Puis, parle d'autre chose. Le message, en fait, est ultra-violent :
il signifie, « ne me touche pas. J'ai un foutreur attitré.
Seul lui a le droit de me foutre. Et je suis très heureuse d'être
foutu par mon foutreur ». Mais, à cette femme, je n'ai rien
demandé. Qu'elle dissimule son impuissance affective et son
incapacité à faire des câlins désintéressés derrière ce
discours-là, c'est son problème, pas le mien. Moi, c'est l'amour
qui m'intéresse, les câlins, et faire l'amour, peut-être, à
l'occasion, ou même pas du tout.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 19 janvier 2015
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