Le vêtement obligatoire
est la source d'un conditionnement extrêmement fort chez les
humains. Il entraîne d'un côté qu'on ne voit pas les autres; De
l'autre : qu'on n'est pas vu par eux
Qui a vu nu le pape ou le
président de la République française ? A leur âge adulte, très
peu de monde. La plupart des catholiques n'ont pas vu le pape nu. La
plupart des Français n'ont pas vu le président de la République
française nu. Pourtant, dans leurs vêtements, ils sont nus. Leur
image nue existe en théorie.
Au delà de cette
cachoterie des apparences, intervient un autre phénomène :
La plupart des parties de
notre personne sont redoublées. Nous avons deux bras, deux yeux,
deux narines, deux jambes, deux oreilles, deux testicules ou deux
ovaires, deux poumons, deux mains, deux hémisphères du cerveau,
etc.
Or, les vêtements vont
nous dissocier. Ils vont nous empêcher de nous sentir uni,
équilibré. Ainsi, nos bras, la plupart du temps, ne toucheront pas
directement nos flancs. Nos cuisses, nos jambes, ne se toucheront pas
directement l'une l'autre. Nos pieds ne se toucheront pas
directement. Si nous mettons une main entre nos cuisses, nous ne
sentiront directement ni nos deux cuisses avec notre main. Ni,
réciproquement, nos cuisses ne sentiront directement notre main.
Notre sexe emprisonné et comprimé dans des sous-vêtements ne
touchera pas nos cuisses. S'il en est libéré, ce sera en des
moments ponctuels : aller aux toilettes, consulter chez un médecin,
faire l'amour. Mais nous ne le sentirons pas simplement parce qu'il
est là et sans plus d'autres raisons.
Le sexe est isolé,
compressé, caché et nié par nos sous-vêtements. Il en est de même
avec les seins féminins, emprisonnés dans une malsaine cage de
tissu très hypocritement baptisée : « soutien-gorge ».
Et dont le but est de dérober les seins à la vue, pas de les
soutenir.
Emprisonnés les uns, les
autres, dans nos vêtements, nous éviterons de nous toucher les uns
les autres.
Conditionnés de la
sorte, nous en viendrons plus facilement à écouter et suivre
d'aberrantes théories qui prétendent distinguer chair et
esprit. Et vouent le « corps » ainsi isolé,
inventé, au sexe, à la honte et à la reproduction.
Le vêtement, qui prétend
nous protéger, est bien souvent l'ennemi de notre santé et de notre
équilibre mental.
Être nu le plus
longtemps et le plus souvent possible est un exercice très sain. Il
nous aide à éliminer les fallacieuses interprétations du « corps »
inventé, mystifié, légendifié.
Le vêtement nous divise
intérieurement nous-mêmes et extérieurement d'avec les autres.
Nus, nous sommes un intérieurement et proches des autres.
Ce que la Culture
régnante, la « pensée unique » dominante choisit
d'interdire. Elle trouve par contre bien souvent tout à fait juste
d'encourager, entretenir, admirer et glorifier la division,
l'irrespect, l'intolérance et la guerre. Aux heures de grande écoute,
à la télévision, on verra facilement des soldats morts, des villes
bombardées... mais surtout pas des naturistes jouant à la pétanque dans
leur tenue préférée !
Basile, philosophe
naïf, Paris le 30 juin 2014
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