lundi 23 juin 2014

265 Petit dialogue philosophique entre deux Parisiens

Je n'aime pas Paris.

Pourquoi donc ?

Parce que je n'ai à pas à Paris le droit de sortir dehors. Aller à ma fenêtre ou à ma porte. Ou recevoir des gens !

Pas possible ! Mais, si tu le fais, que vas-t-il t'arriver ?

On va m'attraper pour outrage public à la pudeur.

Mais, pour quelle raison ?

On va me reprocher d'être nu.

Mais, pourquoi tu veux aller dehors ou recevoir les autres nu ?

Je ne veux pas aller dehors ou recevoir les autres « nu » comme tu dis. C'est, simplement, mon état naturel.

Tu n'as qu'à t'habiller.

Et pourquoi donc ? Dois-je avoir honte d'être comme je suis ? Et où est ma liberté ?

Si tu ne t'habille pas, c'est une provocation sexuelle.

Quelle drôle d'idée ! Je n'ai aucune intention sexuelle, je veux seulement aller dehors, me promener, faire les courses, vaquer à mes occupations.

Oui, mais, pour les autres, il s'agit d'une provocation sexuelle.

Rien que me voir, c'est déjà pour eux une provocation sexuelle ? Ce sont des obsédés !

Et puis, que tu le veuilles ou non, ça provoquera des désordres.

On n'a qu'à appeler la police pour arrêter les désordres !

Elle va venir pour t'appréhender.

Alors, là, la police se joint aux fauteurs de troubles et pourchasse les honnêtes citoyens innocents. C'est le monde à l'envers !

Oui, mais, réfléchis. Tu es un homme. Si tu vois passer une très jolie fille, tu risque de bander.

Et alors, c'est naturel, où est le problème ?

Si tu es nu, ça se verra.

Bon, et alors ? On peut aussi dans ce cas interdire aux gens d'éternuer en public. Ça dérange. Et ça propage les maladies contagieuses !

Mais, bander, c'est sexuel... On parlait justement de provocation sexuelle.

D'abord, ça peut plaire à certaines femmes de me voir bander. Ensuite, je sais me tenir. Ce n'est pas parce que je vais bander que je sauterais sur tout ce qui bouge ! Et je ne vais pas non plus me masturber devant tout le monde !

Soit, mais, de toutes façons, la société a ses règles.

Et alors ?

Il faut les suivre.

Même si elles sont injustes et stupides ?

Elles aident la société à fonctionner.

Eh bien, bonjour ! La misère, l'hypocrisie généralisée, l'injustice, la corruption, l'intolérance, les guerres, la violence, le chômage de masse... il est plutôt chouette, le résultat de l'application de tes « règles » !

Tu critiques tout !

Et toi, tu t'inclines. Tu ne critiques rien. Tu es un mouton !

Je préfère être un mouton tranquille qu'un révolté tourmenté comme toi.

Je pose de vraies questions.

Ça ne me dérange pas d'être habillé quand je sors dehors ou quand je reçois des gens !

Béééééh ! Béééééh !

C'est ça, moques-toi, persifles. C'est moi qui ai raison.

On n'a jamais raison de ne pas poser les vraies questions.

Basile, philosophe naïf, Paris le 23 juin 2014



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