Et si, au lieu de répéter bêtement aux enfants :
« c'est pas beau de mentir », « il ne faut pas
mentir ». Et si, au lieu de donner au mot « menteur »
un sens honteux, nous choisissions plutôt d'enseigner aux enfants
l'art de bien mentir ?
Ne mentir qu'en cas de nécessité.
Quand on est décidé à mentir, le faire
franchement, avec conviction, sans insister sauf si cela paraît
crédible.
Préférer le mensonge par omission au mensonge
direct.
Essayer de mentir le moins souvent possible,
sinon on perd sa crédibilité. Et sans crédibilité, les mensonges
importants éventuels risquent moins d'être crus.
Ne pas hésiter à mentir à ceux qui ne vous
respectent pas. Ils ne méritent pas qu'on fasse des efforts pour
leur dire la vérité.
Mentir est un art utile. Pratiqué intelligemment,
il permet de se défendre, éviter des ennuis, brouilles,
énervements.
Seuls les idiots ne mentent jamais.
L'art de bien mentir consiste aussi et pour beaucoup
en l'art de se taire.
Un idiot, une idiote vous agresse verbalement. Des
fois il faut répondre. Des fois, dans sa tête il est préférable
de se dire : « qu'est-ce que cette personne est stupide ! »
Se taire et la laisser aboyer. Sans riposte en face, souvent elle se
fatiguera. Voire croira avoir gagné une sorte de match où elle a en
fait seulement démontré sa stupidité.
Dire à un enfant qu'il ne faut pas qu'il mente est
un aveu de faiblesse. On a peur qu'il réussisse à vous tromper.
Non, il faut lui dire : « Mens seulement en cas de nécessité.
Mais, à moi, tu n'as pas de raison valable de mentir, car je suis
avec toi. » Et aussi dédramatiser les petits drames : « tu
as chipé le pot de confiture ? Ce n'est pas bien. » et non pas
: « tu as volé le pot de confiture ? Tu es un voleur ! »
Ainsi, on n'encouragera pas les mensonges de
l'enfant. Et on lui enseignera un des points importants de l'art de
bien mentir : ne pas mentir pour un rien.
Basile, philosophe naïf, Paris le 6 juin 2014
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