J'ai
souffert énormément en amour et pourtant je reste résolument
optimiste. Certes, la constante dans mes amours était mon
implication. Donc j'ai ma part de responsabilité dans mes malheurs.
Mais dans une relation à deux, les responsabilités ne sont pas que
d'un seul côté.
J'ai
commis deux erreurs essentielles : l'une, je l'ai identifié très
récemment. Ayant de l'amour à donner, j'ai cru possible d'aimer les
humains en général. Parmi ces humains se sont trouvées des femmes
qui ont été mes amours. Or, je n'avais pas réalisé qu'il existe
un très grand nombre de femmes et jeunes filles qui méprisent les
hommes. Je croyais, quand je rencontrais des femmes qui avaient un
discours très critique à propos des hommes, que c'était des
féministes. C'était en fait des racistes anti-hommes. Je me suis
fait du mal en les croyant proches de moi et sympathiques. Et j'ai eu
le tort immense de chercher l'amour avec elles. A présent, je me
tiendrais à distance de ces personnes qui me méprisent parce que je
suis un homme. Elles ne sauraient que causer mon malheur si je
commets l'erreur de les approcher et croire pouvoir les aimer.
L'amour n'est pas possible quand le respect est absent.
L'autre
erreur essentielle que j'ai faite a été de croire que l'amour entre
un homme et une femme est forcément sexuel. Implique tôt ou tard de
faire l'amour et recommencer à faire l'amour. En vérité, l'amour
comme sentiment est une chose. Le faire l'amour est autre chose. Ces
deux choses ne s'opposent pas forcément, mais ne sont en aucun cas
impérativement associées. Et on ne doit faire l'amour qu'à la
condition impérative qu'il y ait désir authentique, réciproque et
véritable. La plupart du temps, ça n'est pas le cas quand des
humains font l'amour. Ils croient bien faire et ruinent leur relation
par manque d'authenticité.
Si
on ne fait pas l'amour, il reste les câlins, les caresses, les
bisous, qui ne sont pas obligatoirement sexuels. C'est-à-dire qui ne
conduisent pas forcément à faire l'amour. Simplement, nous sommes
des chats. Aimons caresser et être caressés. Dormir enlacés avec l'autre. Ce qui pour beaucoup n'arrive pas
souvent. Et quantité de femmes et d'hommes manquent cruellement de
caresses et de la chaleur du contact physique de l'autre.
Pourquoi
? Parce que les humains raisonnent trop, mettent des conditions
qu'ils croient justes à l'expression de leur tendresse,
l'acceptation de la tendresse de l'autre. Croient aussi que certaines
réactions physiologiques au niveau génital sont forcément la
preuve qu'il existe un désir sexuel à impérativement satisfaire.
C'est complètement faux. Le plaisir, par exemple des caresses,
provoque éventuellement de telles réactions. Mais elles ne
signifient pas forcément qu'il y ait un désir authentique de faire
l'amour. Ce désir est un sentiment très particulier. Je ne l'ai
éprouvé que deux fois dans ma vie. Ces deux fois il ne s'est rien
passé. Et pourtant j'ai fait l'amour quelques
dizaines de fois dans ma vie. Ça m'est arrivé avec huit femmes en tout, au
cours des années. Je dis à présent que c'était une erreur. Je me
suis trompé. Et celles avec lesquelles j'ai fait l'amour se sont
aussi trompé. On ne doit faire l'amour que s'il y a un vrai désir
de le faire. Et non parce qu'on pense intellectuellement que c'est
bien de le faire. Quand on fait l'amour sans vrai désir et parce
qu'on pense que c'est bien, on se ruine la vie et on détruit la
relation.
Oui, on détruit la relation avec ce genre de confusion. Résultat, la tendresse bafouille. L'amour n'arrive pas à s'affirmer. Un peu comme une ampoule électrique allumée qui souffre d'un faux contact. Elle clignote inexplicablement, s'éteint, vous plonge dans une triste obscurité non désirée.
Basile, philosophe naïf, Paris le 13 juin 2014
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