dimanche 1 juin 2014

257 Amour, sexe, confiture

Qu'est-ce que l'amour ? C'est un sentiment d'accord entre deux êtres. On peut aimer d'amour un homme, une femme, un chat... L'amour est-il « sexuel » ou pas ? Réponse : la question est très mal posée. L'amour n'est pas nécessairement sexuel. Il peut l'être, des fois oui, des fois non, l'être à un moment, cesser de l'être, le redevenir. Et quand la « sexualité » apparaît, il est très difficile de définir où commence et où finit ladite « sexualité ». Et l'amour peut aussi ne pas être sexuel du tout. On peut aimer son chien ou son enfant. C'est de l'amour. Et ça n'est pas du tout sexuel.

A force de croire la sexualité centrale, essentielle, fondamentale, on a souvent oublié tout le reste. Ainsi, j'ai lu, il y a quelques années, que des zoologistes, croyant décrire le comportement d'espèces animales, s'étaient contenté de préciser la période du rut et la durée de gestation des femelles. Et, un jour, des critiques ont fusé : « mais en fait, vous n'avez rien décrit de leur comportement ! »

Les humains, avec cette hyper-sexualisation du regard, ont introduit conséquemment un trouble fondamental dans leur comportement à eux. L'anticipation de la sexualité, la prétention à sexualiser l'amour, qui conduit à sa négation. Par avance ils veulent imaginer un amour qui serait sexuel. Impliquerait l'acte sexuel. Le résultat est qu'ils troublent leur perception. Et bouleversent leurs relations.

Les règles, lois, interdits qu'ils ajoutent n'arrangent pas les choses.

Sexualisant ainsi l'amour, les humains le rendent impossible. Et, quand ils l'effleurent, ils le détruisent. Le vrai amour est rare.

Alors plusieurs comportements surgissent :

Certains croient qu'il existe une chance extraordinaire, un destin qui devrait nous faire rencontrer la bonne personne unique et merveilleuse. La princesse ou le prince charmant, mythes que la littérature et le cinéma nous illustrent à foison. Les chansons à la mode abondent aussi en gémissements implorants la venue de ladite personne tant désirée et en fait imaginaire.

D'autres la recherchent avec des méthodes violentes. On va l'acheter, la créature rêvée ! Ou alors, pire, on va la prendre de force, la violer. Ça pourra se faire par abus de confiance, mensonges, manipulations. Auquel cas la Justice n'y pourra rien. Ou alors on use de la menace et la violence directe. Il y a crime reconnu comme tel par la Justice. La plupart de ces crimes resteront impunis. Les victimes elles-mêmes s'estimant même, bien sûr à tort, coupables.

Certains, qui ne comprendront pas pourquoi ils ne rencontrent pas l'amour rêvé, vont chercher des modes d'agir ésotériques. Ils vont littéralement imaginer des danses de l'amour, équivalentes à des danses de la pluie. Par exemple, ils croiront qu'en comblant de cadeaux une personne qui les fait rêver, celle-ci va subitement commencer à les aimer. Ou bien encore, ils lui écriront des poèmes. Ces méthodes ont toutes en commun de ne pas aboutir au résultat recherché.

La société est remplie de gens qui cherchent cet amour imaginaire qui contredit l'amour vrai. Ils cherchent un amour qui serait nécessairement sexuel. Alors qu'il ne l'est pas nécessairement. Et cette différence est essentielle, fondamentale.

Ceux et celles qui désespéreront de l'amour finiront dans nombre de cas par en vouloir à l'autre. Qui ne répond pas à leur attente stupide et aveugle. Ils deviendront hautains, supérieurs, méprisants, racistes en un mot.

Une femme cherche l'amour pense-t-elle. Et ne rencontre que des hommes qui lui paraissent ne vouloir que son cul. Elle fini par développer la haine des hommes en général. Tout en s'accordant parfois le bénéfice d'aventures sommaires et insatisfaisantes.

Un homme cherche l'amour, croit-il. Et ne rencontre que des femmes qui paraissent incompréhensiblement pour lui, le lui refuser. Car elles voient bien qu'il cherche finalement essentiellement le cul, même s'il croit être plus raffiné que ça. L'homme déçu va développer la haine des femmes en général. Tout en s'accordant parfois le bénéfice d'aventures sommaires et insatisfaisantes.

Ces deux personnes, cette femme et cet homme, sont deux cas précis que j'ai croisé. Ils ont fini par avoir en commun une violence intérieure dirigée contre les humains en général. Souffrant de la solitude, ils finissent par haïr ceux et celles qui leur paraissent indifférents à leur souffrance intérieure.

Pour un oui ou pour un non, hurlements, menaces, insultes, coups pourront subitement jaillir de ces deux êtres frustrés et malades. Ne les dérangez pas. Tel doit être la règle des sages.

Ne les dérangez pas. Ni pour leur faire du bien. Ni pour leur faire du mal. Soyez polis et distants. Ils ne méritent pas votre attention.

Il existe deux principes essentiels en amour : savoir qu'il s'agit d'un accord entre deux êtres; Et qu'il n'est pas nécessairement sexuel. Auquel s'ajoute un troisième principe : ne donnez pas de la confiture aux cochons.

Si vous pouvez, y compris sans grands efforts, rendre un cochon heureux, ne le faites pas. Faire le bien à quelqu'un vous lie à lui. Ne vous liez pas aux cochons. Soyez libre.

L'amour ne mérite pas d'être gaspillé à aimer ceux qui ne le méritent pas, car ils ne font pas d'efforts pour rester humains. N'aimez que ceux qui le méritent. Ils vous reconnaitront. Vous le rendront bien. Et vous serez heureux.

Aimez votre prochain. N'aimez pas votre lointain. N'imaginez pas proches ceux qui sont loin de vous.

Basile, philosophe naïf, Paris le 1er juin 2014

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