Quand on évoque les
règles paraissant régir les comportements sexuels dans la société
française et parisienne, on entend souvent les commentaires suivants
:
« C'est l'empreinte
de la civilisation judéo-chrétienne. » « L'église a un
problème avec le sexe. » « L'église est contre le
sexe. » Ces propos critiques ont en commun l'imprécision et le
manque d'objectivité. On trouve un malaise à l'égard de la
sexualité dans toutes les sociétés et pas uniquement la nôtre. Ce
n'est pas l'église simplement, mais toute l'organisation sociale qui
a « un problème avec le sexe ». Et enfin, l'église
n'est pas du tout « contre le sexe ». L'église est très
violemment hostile à la liberté sexuelle... Et très
violemment favorable à la sexualité encadrée. Je donnerais
ici un exemple. Dans « Histoire d'une âme », une
biographie célèbre de Thérèse Martin, connue dans la catholicité
comme Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, est raconté ceci :
Au dix-neuvième siècle
vit à Alençon un bourgeois catholique : Monsieur Martin. Comme tous
les bourgeois alençonnais de son époque, il décide un jour de se
marier pour suivre le mode de vie de sa classe sociale. On lui trouve
une future épouse « comme il faut ». Ils se marient.
Quelques temps plus tard, le curé de la paroisse où vit le couple
s'étonne et s'inquiète de ne pas le voir attendre un enfant. Il
s'enquiert auprès du mari. Qui lui explique que, bon catholique, il
a proposé à sa femme de vivre « comme frère et sœur ».
Et que donc ils ne baisent pas ensemble. Le curé ordonne à Monsieur
Martin de foutre en cloque sa meuf... Il obéit. Et au fur et à
mesure des années, trois filles naissent. Monsieur Martin se
retrouve veuf. Il élève ses filles en bonnes catholiques. Elles
échapperont toutes les trois aux mariages arrangés en devenant
religieuses carmélites. Parmi elles se trouve la future sainte.
Resté seul, privé de ses trois filles, Monsieur Martin sombrera
dans la folie.
On le voit par cet exemple, l'église catholique n'est pas du tout contre le sexe... Bien au contraire : pour elle, le sexe est o-bli-ga-toi-re pour faire des gosses. Qu'on ait envie de foutre sa femme ou non !
On le voit par cet exemple, l'église catholique n'est pas du tout contre le sexe... Bien au contraire : pour elle, le sexe est o-bli-ga-toi-re pour faire des gosses. Qu'on ait envie de foutre sa femme ou non !
Mais pourquoi cette
volonté nataliste ? Elle est politique : avoir plus de petits
catholiques que de petits protestants, musulmans, juifs,
bouddhistes... Elle est aussi militaire. Longtemps et plus ou
moins encore aujourd'hui, dans la guerre « l'infanterie est la
reine des batailles ». Or l'église et le pouvoir sont copains
depuis fort longtemps. Et même quelquefois se confondent. Les états
du pape était jadis une imposante puissance militaire. Cette volonté
nataliste est également économique. Une main d'œuvre
abondante se concurrence intérieurement faisant baisser les
salaires. Et une importante main d'œuvre mal payée ou pas payée du
tout, si elle est enfermée en camps de travail, assure l'écrasement
économique des concurrents. Enfin, cette volonté d'encadrement de
la sexualité est juridique. Elle assure le fonctionnement de
la transmission des richesses par héritages, qui est un des piliers
du fonctionnement de l'économie. Pour toutes ces raisons, la liberté
sexuelle est prohibée ou réservée à ces cadres contrôlés qu'on
appelle les maisons de tolérance. Qui sont ouvertes seulement à une
clientèle masculine et sont de fait des harems collectifs. Pour ceux
qui ne vont pas aux putes, reste l'usage des putains virtuelles. On
s'excite en les regardant sur des sites Internet et on soulage
manuellement l'excitation. Regarder la pornographie, c'est fréquenter
les prostitués. Aujourd'hui, la remise en cause de la censure
religieuse dans le domaine sexuel a conduit à une caricature. Loin
de se poser les indispensables questions : qu'est-ce qui est bien
et me fait plaisir ? De quoi ai-je envie ? De quoi ai-je besoin ?
On a fait du cul une denrée obligatoire ! Un peu comme si après des
siècles de végétarisme officiel imposé, la viande se retrouve
subitement en vente libre. Et alors divers crétins néo-conformistes
nous brament dans les oreilles : « à présent, il faut que
tous mangent trois kilos de viande par jour ! » Sinon nous
serions « ringards », « coincés »,
« traditionalistes », etc. Désolé, je vis et refuse le
néo conformisme abrutissant du gavage sexuel.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 16 mai 2016
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