jeudi 15 août 2013

138 Les valets de cœur

Comme je l'ai déjà décrit, le processus de « tombage en amour » ou « énamourage » consiste à s'illusionner en une personne comme permettant de remédier complétement ou très largement à la détresse tactile engendrée par le sevrage tactile.

Quand quelqu'un « tombe amoureux » il devient « bête ». Il régresse à un état semi infantile. La confiance et l'admiration submerge le malade psychique d'amour. Il veut alors faire tout pour l'objet de ses illusions. Il se met à son service et devient alors un « valet de cœur ».

Le moindre désir de l'être aimé est à satisfaire.

Et ce dernier, comment réagit-il ?

S'il n'accepte pas d'être le support des illusions de l'autre, ça va l'énerver.

S'il accepte et joue le jeu, il peut tirer beaucoup d'agrément de son valet de cœur.

Ce faisant, est-il de mauvaise foi ? Ça dépend, pas forcément.

Son éducation lui a fait admettre qu'on pouvait tomber amoureux. Il laisse l'autre se mettre en quatre pour lui servir de valet. Et pense y compris agir normalement et bien faire.

Quand il pense à son « couple », il se dit, pensant à son valet : « il est amoureux » ou bien encore : « il est très amoureux ». Il ne se dit pas : « nous sommes amoureux ».

Le valet de cœur gavé par ses endorphines vit comme dans un rêve.

Gare au réveil ! Il peut être pénible.

Quand l'objet de son délire passe à autre chose et se fatigue de son valet.

Et s'éloigne pour s'en trouver un autre.

Le valet délaissé peut alors être amer. Comme on peut se sentir mal après s'être saoulé.

Un valet de cœur peut aussi être de sexe féminin. Ce sera alors une « servante de cœur », qui sera du valet de cœur l'alter égo féminin.

Une grinçante sagesse populaire dit que, dans un couple, il y en a un qui souffre et un qui s'ennuie... Celui ou celle qui souffre est le valet. Celui ou celle qui s'ennuie est son maître.

Un valet de cœur peut vivre dans cette situation plusieurs dizaines d'années. Son maître en fait ce qu'il veut. Ça peut conduire à des drames. Car les décisions du maître ou les conséquences de sa vie peuvent être très désagréables au valet qui veut rester attaché.

Le résultat est que sa vie peut devenir insupportable. Quitter le maître, il n'en est pas question. Et vivre avec est visiblement rigoureusement invivable. Alors le valet devient morose... et son maître commence à ne plus le trouver aussi distrayant qu'avant. C'est pourquoi il va bientôt le jeter dehors sans autre forme de procès. Le valet devra rapprendre à vivre libre ou se trouver un nouveau maître.

Basile, philosophe naïf, Paris le 15 août 2013

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