Un phénomène aux
conséquences psychologiques fondamentales est si simple que personne
à ma connaissance n'en a parlé jusqu'à présent. Imaginons que
sans explications depuis pratiquement notre naissance il nous soit imposé de cacher à nous-mêmes notre bras droit. Que
le laisser voir soit formellement interdit et condamné. Que le
laisser voir s'apparente à un crime ou l'acte d'un fou. Ne
serions-nous pas très gravement traumatisés par cette situation ?
Imaginons à présent
autre chose : à chaque fois que nous nous mettons torse nu nous
pousse un bras supplémentaire. Celui-ci nous occuperait bien. Mais
si de plus ce bras aurait une réputation sulfureuse. Qu'il serait
connu mais qu'il serait interdit de le laisser voir par d'autres. Que
le laisser voir à l'occasion impliquerait toutes sortes de choses
très importantes, n'en serions-nous pas dérangés, troublés ?
Ces phénomènes de bras
droit à cacher ou de bras supplémentaire, c'est d'une certaine
façon ce qui arrive aux humains de sexe masculin. A la différence
des femmes qui ont quatre membres : deux bras et deux jambes, les
hommes en ont cinq. Aux quatre membres précités s'ajoute le membre
tout court. Or, celui-ci est systématiquement caché. La première
chose qu'on fait d'un nouveau-né lavé, on l'habille ! La première
chose que nous faisons le matin au lever : nous nous habillons !
Le résultat revient à
une castration visuelle masculine. Le membre sexuel masculin est
systématiquement dérobé à la vue. On me dira qu'il n'est pas
possible de se promener nu, à cause du froid et des règles
sociales, interdits, traditions et lois prohibant la nudité en
public. Ce propos évite de répondre à la question : « existe-t-il
des conséquences à cette castration visuelle ? » Et aussi :
sommes-nous vraiment toujours habillés à cause du « froid »
et de la « pudeur » ?
La castration visuelle
est une des raisons, voire la première, qui expliquerait l'obsession
de leur queue chez la plupart des humains de sexe masculin. Avec les
incorrections concomitantes de leur conduite envers le sexe féminin
qu'ils harcèlent sexuellement sans arrêts.
Quant à la nécessité
proclamée de s'habiller à cause du froid et à la nécessité
proclamée de s'habiller pour éviter le scandale, elle est très
souvent un argument à caractère démagogique. Si on évite le froid
et la nudité publique - ce qu'on fait si on est raisonnable et qu'on
veut éviter rhumes et ennuis, - restent de larges plages horaires où
nous pouvons rester nus.
Je fais depuis à présent
plusieurs mois cette expérience de la nudité domestique à chaque
fois que c'est possible. Hors de la vue de voisins ou visiteurs, chez
moi, seul, bien protégé du froid. C'est dans cette tenue que je
tape ce texte sur le clavier de mon ordinateur.
Cette expérience de
nudité, jointe à la réflexion, change la vision de bien des
choses. Elle amène - en tous cas elle m'a amené, - une tranquillité
d'esprit et une large indifférence aux choses dites « du
sexe ». Et me fait prendre conscience de ce phénomène de
castration visuelle qui dérange les humains de sexe masculin. En
1968 ou vers ce moment-là, je me souviens d'une phrase alors plus ou
moins à la mode : « oui, je ne pense qu'à ça ! »
C'est-à-dire à l'acte sexuel. Moi, je crois qu'on m'a encouragé à
y penser. Et que, à présent que j'y pense moins et le rejette en
tant que soi-disant besoin permanent, je me sens bien mieux et
tranquille que bien d'autres. Soit qu'ils sont de sexe masculin et y
pensent beaucoup trop. Soit qu'ils sont de sexe féminin et sont
dérangées et agacées par l'inconduite obsessionnelle des garçons
« qui ne pensent qu'à ça ». Je ne rejette pas la
sexualité, mais pense qu'il ne faut lui laisser que sa juste place.
Elle n'est pas si grande que ça. Et s'occuper de bien d'autres
choses par ailleurs : par exemple l'art, la fête, la tendresse, la
fraternité et l'amitié.
Basile, philosophe
naïf, Paris le 30 mai 2015
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